Erwan Redon sera-t-il licencié ?

lundi 22 juin 2009
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Erwan Redon, professeur des écoles à l’école des Convalescents (Marseille 1er) fait partie des désobéisseurs. Ceux-ci ont depuis plusieurs mois déjà, entamé un mouvement de résistance contre la casse organisée du service public d’éducation. Ils refusent de participer à la mise en œuvre des nouveaux programmes inspirés par la vision d’une école rétrograde et utilitariste. Cette nouvelle école impose « l’aide personnalisée » mais condamne les RASED, supprime les cours du samedi matin mais organise des stages de remise à niveau qui induisent du travail pendant les vacances, payé en heures supplémentaires défiscalisées. Elle permet en outre d’obtenir des primes à la tâche qui mettent les personnels en concurrence.
Les désobéisseurs accompagnent leur acte d’une intense réflexion pédagogique, de dialogues avec les parents d’élèves et de nombreuses propositions pour une école meilleure, tout en assurant la totalité de leur service.
Alors que ce mouvement de désobéissance civile s’amplifie nationalement, la répression qui s’ensuit est à géométrie variable selon les académies. Dans les Bouches du Rhône, la hiérarchie a décidé de mater ces fonctionnaires frondeurs.

Des menaces dans l’hiver, des sanctions au printemps.

Alors qu’ils assuraient leur temps de service devant les élèves (remplaçant la coquille vide de l’aide personnalisée par différents projets et ateliers), certains désobéisseurs se sont vus délester de plusieurs dizaines de journées de salaires sur leur bulletin de paye. L’arbitraire semble de mise puisque d’autres sont épargnés mais c’est pourtant la politique de l’exemple qui est orchestrée. Dans la lettre adressée aux inspecteurs de l’éducation nationale (IEN) datée du 2 février 2009, Gérard Trève, Inspecteur d’Académie des Bouches du Rhône, écrit : « Je précise que je suivrai strictement l’avis que chacun d’entre vous me donnera sur l’opportunité de restituer ou non le salaire des quelques enseignants que j’ai sanctionnés. Il vous appartient de déterminer si les enseignants concernés ont agi de façon délibérée ou s’ils ont été mal conseillés »
Pour Gérard Trève, Erwan Redon appartient à la première catégorie puisqu’il lui signifiera plus tard une ponction de 32 jours de salaire, tout comme sa collègue, également désobéisseuse.

Erwan, une déjà longue histoire de désobéissance...

Mais pour notre inspecteur d’académie, dont l’heure de la retraite approche, il est urgent de solder le dossier « Erwan Redon ». L’étranglement financier de ce jeune père de famille ne sera pas le point d’orgue de la punition infligée par son chef. Erwan est convoqué pour une commission disciplinaire le 7 juillet 2009 (L’administration, elle, n’est pas en vacances).

Que lui reproche-t-on ? Officiellement une “insuffisance professionnelle”. L’expression est suffisamment vague pour permettre l’arbitraire le plus inventif lors de l’instruction du dossier.
Mais il se trouve qu’Erwan Redon refuse aussi l’inspection depuis 2005 et qu’il est bien connu des services académiques. A la fin de l’année 2006, il lui fut d’ailleurs refusé l’organisation d’une classe de neige. Les parents de l’école La Paix qui avaient protesté contre la privation de sortie de leurs enfants finirent d’abord en garde à vue puis au tribunal après que l’inspecteur d’académie adjoint eut déposé plainte contre eux pour être entrés dans l’école. Erwan, quant à lui, fut immédiatement suspendu.
Tandis que publiquement la hiérarchie stigmatisait sa soi-disant insuffisance professionnelle, les négociations avec les syndicats dans les coulisses de l’Inspection Académique, portaient sur les expérimentations pédagogiques d’Erwan et son refus d’être inspecté. Celui-ci fut sommé d’y renoncer alors que le refus d’inspection est reconnu par la note de service en date du 13 décembre 1983, publiée au BO du 20 décembre de la même année.

Erwan Redon n’est pas le seul à condamner la politique gouvernementale et ses nombreuses déclinaisons : hiérarchie omnipotente, programmes scolaires rétrogrades, fichage généralisé des élèves, « politique migratoire » qui enferme puis expulse des familles dont les enfants devraient être dans nos classes… Les actes qu’il a posés en participant aux recherches pédagogiques des « CREPSC » (proche de l’ICEM-Freinet), en militant syndicalement à SUD et à l’UDAS, ainsi que dans les collectifs « anti hiérarchie », « stop fichage » (CNRBE) ou à RESF, dans lesquels nous nous reconnaissons, risquent de lui coûter très cher. Les licenciements ne sont pas un mythe dans l’Education Nationale et moins encore dans les Bouches du Rhône où deux collègues ont pu le vérifier cette année dans le secondaire.

Pour ne pas avoir à écrire une nouvelle strophe au poème de Martin Niemöller :
Quand ils viendront chercher les désobéisseurs, nous ferons plus que protester !

Le comité de soutien à Erwan


Appel à la grève le 23 juin (Sud Education, UDAS, CNT, CGT Éducation) contre le licenciement d’Erwan Redon pour son action syndicale et pédagogique et la répression dans l’Éducation Nationale et rassemblement à 10 h devant la Mairie du 1/7.

Sud Éducation, UDAS, CNT, Snuipp, CGT Éducaction, SGEN-CFDT appellent aussi à un rassemblement devant l’Inspection Académique à 11 h 30

Lire les communiqués, le calendrier des actions, signer et faire signer la pétition de soutien à Erwan :

http://www.soutienerwanredon.org



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