Benoist Apparu : Le refait du logis.

lundi 17 août 2009
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Le député de Châlons, qui se voyait à l’Education, a le melon et ne passe plus les portes depuis qu’il a atterri au sous-ministère du Logement.

ENFIN ! sous-ministre !.

Elu seulement depuis juin 2007, le député de la Marne, qui n’a que 39 ans mais « assume ses ambitions », trouvait l’attente insupportable.

Et il ne se tient plus depuis qu’il a été nommé, le 23 juin, secrétaire d’Etat au Logement et à l’Urbanisme.

« Il est sur un petit nuage », témoigne un fonctionnaire de l’Assemblée.

« Il a fait des pieds et des mains pour entrer au gouvernement, résume un ancien de l’Elysée, du genre à téléphoner partout : »Comment on fait pour devenir ministre ?."

Benoist Apparu est un pur politique, cent pour cent apparatchik, qui depuis son jeune âge ne pense qu’à ça et ne vit que pour ça.

Et il se targue de son parcours de militant local, qu’il compare à celui de Sarko.

Permanent du RPR dès 1993, il est bombardé par Juppé en 1996 président national des jeunes du parti et proclame sa volonté de faire des « jeunes RPR une véritable force sociale »...

Las, Séguin le vire un an plus tard, dès qu’il prend les rênes du parti !.

Mais tout n’est pas perdu : il a obtenu entre-temps d’être logé dans un 45m2 loué à tarif préférentiel par la Régie immobilière de la Ville de Paris, en plein Village Saint-Paul.

Un appartement qu’il ne s’est décidé à quitter qu’en février 2008 (il payait alors 572 euros), seulement après l’affaire Bolufer, ce dircab’ de Boutin (au ministère du Logement, justement !) dont « Le Canard » avait révélé le fort modeste loyer...

"Qu’un député reste logé dans ces conditions, c’était vraiment moyen.

Cela prouve qu’Apparu n’est pas très finaud et a encore des choses à apprendre !, juge un ex-ministre UMP.

Un sous-ministre au Logement qui a bénéficié pendant quinze ans d’un logement de faveur, voilà qui fait un peu désordre.

Après avoir pesé pour son entrée au gouvernement, Fillon lui a confié une première mission qui a déjà fait date.

Apparu avait charge de représenter le gouvernement à Castres le 5 juillet pour la béatification de soeur Jeanne Emilie de Villeneuve, fondatrice de la congrégation de l’Immaculée Conception.

« Envoyer un Apparu à une béatification, on a pensé que c’était dû à l’humour de Fillon ! », se marre Bernard Carayon, député UMP duTarn et local de l’étape.

Un autre avance en souriant que la petite taille d’Apparu a pu jouer dans sa nomination :

« C’est un avantage dans le régime actuel : Chirac avait tendance à nommer des types grands, mais pas Sarkosy... »

Apparu fut l’assistant parlementaire de Bruno Bourg-Broc, le député-maire de Châlons-en Champagne de 1994 à 2000, et depuis 2001 est son maire adjoint.

Il partage avec son mentor en politique, devenu son suppléant, un même goût pour la danse classique.

Un centre d’intérêt qu’il fait même figurer dans sa notice du « Whos’ who » en citant ses trois chorégraphes et ses trois danseurs préférés.

Cette passion date sans doute des années où Apparu était « pion de nuit » à l’école de danse de l’Opéra de Paris.

Même s’il était prêt à danser la gigue pour devenir ministre, Apparu ne s’attendait sûrement pas à être nommé au Logement, après Boutin, qui considère du coup que ce ministère, désormais rattaché à Borloo, est « devenu la 25e roue du carrosse » !.

Car il visait ouvertement le ministère de l’Education, mais « plutôt à l’horizon 2012 ».

Après un bref passage dans la com’ chez Euro RSCG, où il s’est formé au marketing politique.

Apparu a été justement de 2002 à 2005, le chef de cabinet de Xavier Darcos, ministre délégué à l’Enseignement scolaire, avant de devenir dircab’ adjoint de Catherine Vautrin, à la Cohésion sociale.

Deux ministres dont il est resté proche.

Surtout, aussitôt élu député, il réussit, grâce aux bons liens qu’il entretient avec Copé, le patron du groupe UMP, à se faire bombarder rapporteur du projet de loi sur l’autonomie des universités, présenté à l’été 2007 par Valérie Pécresse.

"Il connaissait le sujet mieux que d’autres et se débrouillait bien, témoigne Bruno Julliard, ex-président du syndicat étudiant Unef, qui a régulièrement ferraillé avec lui.

Mais hors des plateaux il ne se privait pas pour critiquer Pécresse, qu’il ne trouvait pas à la hauteur, et pour pointer les erreurs politiques de son cabinet...

Comme pour montrer qu’il méritait de lui succéder ! ".

En janvier 2009, grâce à Copé de nouveau, Apparu prend la tête d’une mission d’information parlementaire sur la réforme des lycées que Darcos à dû enterrer un mois plus tôt.

Et il tente de doubler le directeur de Sciences-Po Paris, Richard Descoings, à qui l’Elysée a confié un rapport similaire, en sortant ses conclusions dix jours plus tôt !.

Mais les socialistes ont claqué la porte de sa mission, et certains trouvent que les propositions d’Apparu ressemblent étrangement à celles de Darcos, qui viennent d’être répudiées ! ou même à celles de Fillon en 2005...

« Sur le fond, il parle souvent plus vite que sa réflexion ne l’y autorise », lâche un conseiller de Sarkozy.

Et il a déjà collectionné quelques belles gaffes.

Notamment en voulant aligner la retraite des députés sur le régime général, ce qui lui a valu un veto de ses collègues UMP.

Ainsi, la veille de sa nomination, le 22 juin, après avoir vanté sur La Chaîne parlementaire le discours de Sarkozy devant le Congrès à Versaille, il se lâche, quelques minutes plus tard, au démaquillage :

« Je n’arrive plus à défendre Sarko. Le congrès était nul, son discours c’était du grand n’importe quoi ! ».

Cela explique peut-être le conseil que lui a récemment donné le même Sarko en personne :

« Coupe ton portable, ne réponds pas aux journalistes ».

Car si Benoist Lagaffe continue ses frasques, cela risque de se terminer ainsi : aussitôt Apparu, aussitôt disparu !.

Par David Fontaine dans Le Canard enchaîné du 29/07/2009

Transmis par Linsay



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