Enfin une manif qui ne sert à rien !

vendredi 14 août 2009
par  Charles Hoareau
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La famille Santos, originaire des Philippines, vit et travaille à Cannes depuis près de 10 ans. Leur petite fille, Véa (5 ans) née en France, est scolarisée. Comme l’écrit RESF, malheureusement pour eux ils sont sans papiers et « le 28 juillet 2009, leur vie bascule dans le cauchemar. A 7h du matin, ils sont arrêtés par la police à domicile sur ordre du préfet des Alpes Maritimes, M. Lamy (qui s’était déjà illustré en 2006 en expulsant la famille Raba [1], puis placés en garde à vue et transférés au centre de rétention de Marseille.

Seule difficulté du point de vue des chasseurs d’enfants : M. Santos n’a pas de passeport et ne peut pas être expulsé sans laissez-passer délivré par le consulat des Philippines. Or, toute la famille doit être présentée au Juge de Libertés vendredi, avec le « risque » que le JLD fasse libérer tout le monde. Pour MM. Besson et Sarkozy, c’est un risque qu’on ne peut pas courir, d’autant que la famille Paladar (dont un enfant de 3 ans) arrêtée à Nice deux jours après et dans les mêmes conditions que la famille Santos a elle été libérée sur décision de justice) ! Ils ont donc décidé de précipiter l’expulsion de Véa et de sa mère tandis que M. Santos sera présenté au juge et peut-être libéré au moment où sa femme et sa fille seront mises dans l’avion pour les Philippines ».

Évidemment pour RESF 13 (la famille est au centre de rétention de Marseille) qui a alerté les habitués des rassemblements et actions au centre de rétention, devant la préfecture ou à l’aéroport, il n’est pas question de laisser faire.
Les téléphones et les claviers d’ordinateurs chauffent. D’autant que les juges n’ont pas estimé, (comme cela a été le cas ailleurs), que l’enfermement d’un enfant était un traitement inhumain s’appuyant pour cela sur l’article 3 de la Cour européenne des Droits de l’Homme. Fax et mails sont envoyés sans relâche aux préfectures, au ministère…

La période estivale ne change rien à l’affaire deux rassemblements sont prévus
-  Un le jeudi 13 août à 17h place Estrangin devant la préfecture des BDR.
-  Un à l’aéroport de Marseille Marignane le vendredi jour prévu pour l’expulsion.

L’émotion grandit si on juge par le nombre et la diversité des messages et l’écho national sur Internet que commence à avoir cette affaire (voir Bella Ciao).

Premier coup de théâtre ! On apprend dans la matinée de jeudi que la mère et la fille ne seront pas expulsées le vendredi mais qu’à la demande du préfet des Alpes maritimes (qui du coup demande aussi la prolongation de leur détention) elles passeront ce même vendredi, en même temps que le père, devant le juge des libertés. Du coup, nouvelle série de mails : le rassemblement prévu à Marignane est déplacé au tribunal.

Deuxième coup de théâtre ! A 15h, deux avant le rassemblement, on apprend que la famille Santos après 15 jours de rétention est libérée et repart pour Cannes !

Comme le remords est un sentiment inconnu dans les préfectures, l’explication est ailleurs !
Marche arrière du seul préfet devant les vagues soulevées par cette affaire et la réprobation exprimée jusque dans les rangs des fonctionnaires chargés d’appliquer la politique de casse des familles ?
Intervention du ministère ?
D’Estrosi peu habitué à de telles protestations niçoises sur ce sujet ?

Quoiqu’il en soit quand on arrive (nombreuses et nombreux pour la période) devant la préfecture la famille Santos est déjà dans le train. Comme les terrasses des cafés qui bordent la place Estrangin sont ombragées la manif se transforme, après la prise de parole explicatrice et réjouie, en un grand pot savouré de tables en tables. Si chaque fois la seule annonce d’une manif pouvait produire cet effet…

Une manif pour rien ? (En dehors du plaisir à se retrouver tous ensemble)
Sauf qu’avant il y a eu tout le reste et qui a pesé dans le résultat !
Un rien à renouveler donc !

Dernier détail, la famille Santos est « assignée à résidence », donc à habiter… là où elle veut résider ! Tout ça pour ça !


[1revenue quelques mois plus tard, le ridiculisant, lui et ses maitres



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