Cécile Duflot : Au bio fixe.

mercredi 9 septembre 2009
popularité : 4%

Après le succès électoral de juin, la jeune secrétaire nationale des Verts se sent pousser du zèle. Un petit peu vite, peut-être.

SECRETAIRE nationale des Verts, Cécile Duflot, 34 ans – qui n’a pas redouté, le week-end dernier, de jouer les fières donneuses de leçons à l’université de La Rochelle -, a une méthode imparable pour faire des économies de lessive, et elle l’a exposée en mai dernier au magazine « Elle » :

« Je mets la moitié de dose recommandée (de lessive Ecover) et ça marche très bien, même sur les bavettes pleines de carottes ! »

Avouez que ce ne sont ni Hortefeux ni Mélenchon ni même Ségo qui donneraient ce genre de tuyau aux électeurs !

Mais Cécile maîtrise le sujet.

Sa petite dernière, Térébentine – notre amie a également mis au monde une Anémone -, n’a pas 2 ans.

Pour l’anecdote et le côté « pipole », le seul de l’histoire, le bébé blanchi au demi-Ecover est aussi la fille du photographe Xavier Cantat, frère du chanteur Bertrand.

Si elle se rationne en lessive, Cécile paraît davantage portée à doubler les doses en politique.

Aujourd’hui simple maire adjointe de Villeneuve-Saint- Georges, commune ferroviaire du « 9-4 » dont le regretté René Fallet fut citoyen d’honneur, elle a annoncé l’autre jour qu’elle mènerait une liste autonome Verte aux régionales de l’an prochain.

Les temps changent : c’est sur une liste à majorité socialo qu’elle a été élue dans sa commune.

En réalité, la tête de liste « naturelle », comme on dit, semblait plutôt être son bras droit Jean-Vincent Placé, président du groupe écolo au conseil régional, mais Cécile se sent à ce point pousser des bio-z’ailes qu’il lui arrive de glisser des allusions insistantes à la résidentielle de 2012.

Cette fringale et cette ardeur ont, bien sûr, un simple ressort, le succès des Verts aux européennes de juin : jeu égal avec le PS dans huit Régions.

Mesquin de n’attribuer cette victoire qu’à la pugnacité du seul « Dany ».

Ce succès, Cécile l’a préparé minutieusement, et d’abord, souligne-t-on chez les Verts, en lançant, voilà un an, à l’université d’été du mouvement, le thème du « rassemblement », de Cohn-Bendit donc à Bové en passant par quelques potes de Nicolas Hulot.

La secrétaire nationale, elle, s’est plutôt chargée du ralliement du moustachu du Causse.

Bien contrainte, avant le référendum de 2005, de défendre le « oui » par discipline de parti, elle penchait, en son fort intérieur et même au-delà, pour le « non ».

« Cécile est entrée chez les Verts en 2001, et elle a été élue secrétaire nationale en 2006, d’abord parce qu’elle était femme et jeune, râle un élu Vert pas vraiment duflotiste.

D’ailleurs ses amis en ont beaucoup rajouté sur le thème : les jeunes à fond contre les vieux ».

« Parlons plutôt de nouvelle génération », tempère-t-on dans l’entourage de Cécile.

Enfant de la classe moyenne, de gauche dès le premier cerceau, nourrie ensuite au lait de la Jeunesse ouvrière chrétienne puis à la becquée de la Ligue de protection des oiseaux, la Guide suprême Verte, cadre dans le logement social, le serine depuis sa première élection :

« J’ai le charisme d’une huître ».

Franchise qu’on attendra longtemps de quelques marquis roses.

Son héros est Jean Rochefort, « parce qu’il sait donner de la légèreté à la vie », et dans un parti pas trop lyrique, elle aime à citer une boutade de Prévert :

« Les centrales nucléaires, ça donnera de drôles de ruines ».

« Les Verts sont sans doute le seul parti d’Europe où la base siffle ses dirigeants (dans les congrès du mouvement) », ironisait naguère l’ex- élue écolo aujourd’hui passée au PS Aurélie Filippetti.

Quand Cécile décroche en 2008 sa réélection, personne ne siffle.

Une grande nouveauté en effet.

Entre-temps, il est vrai, elle a fait modifier les invraisemblables statuts maison et deux des six courants officiels ont du CO2 dans l’aile.

Regrettant de céder à la modernité consumériste par usage intensif du portable, Cécile (« 70%
à 80% de bio » dans son frigo personnel) peut avoir la solution sommaire de l’écolo de base :

« Régler les difficultés du secteur automobile ? »

Enfantin : « Il suffit de développer le transport en commun en favorisant la mobilité. »

Et pour ce faire : « C’est peut-être supprimer 5 millions d’emplois dans l’automobile mais en créer 8,5 millions ».

L’affaire de trois mois.

Simple foucade sûrement, tant, dans sa volonté de jouer les Voynet réussies et de tenir la dragée haute au PS, Cécile insiste sur la nécessité d’un « programme » et d »une réponse politique à cette crise globale », loin des « questions de stratégie et de technique ».

Et des « nouveaux Meccano électoraux. »

On en reparlera.

Et on en rigolera.

D’abord, parce que traditionnellement les régionales ne sont pas très favorables aux Verts, ensuite parce que, dans ce parti toujours composite, une première petite faille vient de se faire jour entre Dany et Cécile à propos d’une alliance avec le MoDem.

Le premier est pour, la seconde en est à ce jour révulsée…

Chassez le naturel des amis de la nature…

Par Patrice Lestrohan dans Le Canard enchaîné du 02/09/2009

Transmis par Linsay



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur