Palestine : un signal d’alarme.

lundi 13 février 2006
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Aux élections législatives du 25 janvier, le mouvement islamiste Hamas a remporté la majorité absolue des sièges mais sans avoir la majorité des voix (434.817 voix contre 523.900 à l’ensemble des autres listes). S’il a profité du système électoral qui favorise la bipolarisation au détriment des petites listes, le Hamas a surtout bénéficié de l’affaiblissement de l’Autorité Nationale Palestinienne et de l’échec de sa stratégie de négociation fondée sur les Accords d’Oslo. Après avoir dressé un concert de louanges à Ariel Sharon, les principaux médias se sont largement étendus sur la corruption des dirigeants du Fatah. L’arbre de la corruption (réelle et qui a été insuffisamment combattue) vise surtout à cacher la forêt des responsabilités d’Israël, des Etats-Unis et de l’Union européenne.

L’intensification de la colonisation, la poursuite de la construction du mur en violation de l’arrêt de la Cour internationale de Justice, la répression, la misère due à l’étouffement économique et les humiliations quotidiennes ont conduit les Palestiniens à l’exaspération et à une volonté de changement en faveur de ceux qui avaient réussi à passer pour les plus intransigeants face à Israël. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont laissé les mains libres à l’occupant israélien en refusant les moyens de pression pour qu’il respecte le droit international. La demande de suspension de l’accord de coopération UE-Israël votée par le Parlement européen n’a jamais été reprise par le Conseil et les gouvernements des Etats membres. Israël a ainsi bénéficié d’une véritable impunité alors qu’on demandait toujours plus de concessions aux Palestiniens.

Dans cette situation nouvelle, il ne faut surtout pas suivre les sirènes européennes et étasuniennes qui veulent supprimer l’aide à la Palestine ou la conditionner par des exigences qui sont de véritables ingérences pour ne pas dire du chantage. Une telle attitude reviendrait à punir collectivement le peuple palestinien d’avoir choisi librement et démocratiquement ses représentants. Au contraire, cette aide doit être maintenue et renforcée pour empêcher l’aggravation de la situation économique et sociale. Mais cela ne suffit pas ; ce vote du 25 janvier doit être reçu comme un signal d’alarme. Il faut de toute urgence mettre un terme à l’occupation, démanteler les colonies et faire pression sur Israël pour qu’il respecte enfin le droit international et les résolutions des Nations - Unies en s’engageant sur la voie d’une solution politique qui permette au peuple palestinien de vivre enfin libre dans un Etat souverain et indépendant.

Comme dans d’autres pays arabes, la montée en puissance du mouvement islamiste est, pour une part, le résultat des politiques impérialistes qui ont liquidé les mouvements progressistes, soutenu les régimes dictatoriaux et corrompus et appauvri les peuples en les humiliant. La victoire du Hamas est la rançon du désespoir et des frustrations du peuple palestinien ; c’est aussi l’expression de sa colère face à l’aggravation continue de sa situation et à l’absence de résultats dans la mise en oeuvre du processus de paix par la négociation. Comme l’ont noté de nombreux observateurs et responsables palestiniens, les Palestiniens qui ont voté pour le Hamas n’ont pas dans leur majorité fait le choix d’une république islamique. Mais ils sont quand même un certain nombre. C’est pourquoi nous comprenons l’inquiétude des militants laïcs, notamment communistes, qui craignent, à l’exemple de l’Iran, la remise en cause des droits et des libertés, notamment des droits des femmes qui sont toujours les premières visées au nom d’une interprétation fondamentaliste des préceptes du Coran.
Tout en contribuant à aider le peuple palestinien et à favoriser une solution politique fondée sur le droit international, nous devons rester vigilants pour le respect de la démocratie, des libertés et des droits humains.



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