Olivier Ferrand : Le frime tank.

dimanche 11 octobre 2009
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Promoteur des primaires ouvertes au PS et membre de la commission Sarko sur l’emprunt, le président de la fondation Terra Nova a tendance à en rajouter, y compris sur son CV.

« QUI connaît M. Ferrand ? »

C’était il y a quelques jours.

Plagiant Ségolène Royal et son célèbre « Qui connaît M. Besson ? », alors que celui-ci venait de trahir son camp pour Sarko, Martine Aubry répondait de la même manière à un de ses proches.

Lequel insistait pour que le président de la fondation Terra Nova, « think tank » de gauche, devienne l’organisateur en chef des primaires destinées à désigner le candidat socialiste à la présidentielle de 2012.

La première secrétaire du PS connaît évidemment M. Ferrand.

La lecture du « Monde », de « Libé » et de quelques autres gazettes ne lui a pas échappé.

Il y est dépeint comme « l’homme qui monte au PS ».

L’énarque à qui les militants socialistes doivent ces « primaires ouvertes ».

Car Ferrand, Olivier de son prénom, quadra ambitieux au physique avenant, socialiste depuis 1990, a brillamment réussi à leur faire croire qu’il était le seul inventeur-promoteur de ces joutes électorales préprésidentielles.

Avant lui, pourtant, Olivier Duhamel, alors député européen, s’était fait le chantre de ces primaires.

Lui-même avouant s’être largement inspiré du procédé transalpin…

Mais Ferrand n’a pas son pareil pour s’approprier une idée.

Surtout lorsqu’elle lui permet de briller.

Les brillantes idées, c’est d’ailleurs son métier.

En tout cas le but de « sa fondation ».

Baptisée « Terra Nova » en mai 2008, elle a pour objectif de « favoriser la rénovation intellectuelle de la social-démocratie ».

Mais aussi, accessoirement, en contestant le leadership à gauche de la vieille Fondation Jean-Jaurès, affiliée au PS, d’assurer la promo de son président.

Grâce à un carnet d’adresses important et à un culot monstre.

« J’ai découvert que je faisais partie du conseil d’orientation de la fondation au moment de son lancement, raconte un intello de gauche réputé.

Ferrand m’en avait vaguement parlé lors d’une soirée. Mais je n’avais pas donné mon accord… »

Ce qu’on peut être sourcilleux parfois…

Ferrand, lui, ne perd pas de temps avec les détails.

Présenté à longueur de colonnes, par ses biographes, comme inspecteur général des Finances, il est, en fait, plus modestement administrateur civil hors classe.

Il laisse dire qu’il dépend de la Direction du Trésor et de la Prospective économique, la plus prestigieuse de Bercy.

Or il émarge, comme formateur, du côté de Vincennes, à l’obscur Institut de gestion publique et du développement économique…

Lequel lui assure tout de même des revenus confortables. Et du temps pour se consacrer à Terra Nova.

La fondation compte trois salariés.
Et une dizaine de stagiaires –étudiants ou jeunes sortis des grandes écoles assurent le boulot au quotidien.

Évidemment sans être rémunérés bien qu’en fonctions durant de nombreux mois.

Au printemps dernier, Ferrand a eu à faire face à une fronde de ces jeunes présomptueux.

« Vous n’allez quand même pas faire grève !? », s’est étranglé le président avant de rappeler à ses ouailles qu’elles avaient la chance, l’honneur et l’avantage de bénéficier d’ une « rémunération symbolique » .

Celle de faire partie de la grande famille de Terra Nova et d’être à son auguste service. Le différend social s’est soldé par l’octroi à certains contestataires d’un ticket-restaurant quotidien, d’un montant de près de 6 euros tout de même.

On ne confond pas « think tank » et garde-manger.

Terra Nova a élu domicile du côté des Champs-Elysées, dans des locaux mis à sa disposition par Michel Rocard, lui-même hébergé par un ami sponsor.

L’ancien et le moderne social-démocrate ont en commun d’avoir fait de Dominique Strauss-Kahn leur champion pour 2012.

Ferrand aime d’ailleurs à rappeler qu’il a déjà dirigé le cabinet de DSK simple ministre.
En fait, il en a été un modeste conseiller.
Mais, là encore, on ne va chipoter sur les détails.

Cette tendance à améliorer un peu la réalité lui a valu chez les strauss-kahniens le doux surnom de « Zelig », cet homme ordinaire (créé par Woody Allen) soucieux d’être toujours sur la photo.
Au premier plan.

Homme de cabinet(s), Ferrand a eu l’opportunité d’apparaître en pleine lumière en trouvant, lors des législatives de 2007, un débouché électoral.
Parachuté dans les Pyrénées-Orientales, il s’est ramassé un gadin… Puis a vu ses comptes de campagne rejetés, ce qui n’a que moyennement attristé ses collègues (de gauche) au ministère des Finances…

Cruels, les mêmes ont ricané lorsque Ferrand a dit « oui » à Sarko pour faire partie de la commission Rocard-Juppé chargée de plancher sur le « grand emprunt ».

A ses camarades socialistes qui s’inquiétaient de sa « trahison », Ferrand fait savoir que, haut fonctionnaire, « il ne pouvait pas dire non » à une demande du chef de l’Etat.

Comme Besson n’a pas pu dire non à Sarko ?.

Par Didier Hassoux dans Le Canard enchaîné du 30/09/2009

Transmis par Linsay



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