Moi, Jean S., enfant sans Défense.

lundi 26 octobre 2009
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Il est des combats qu’on aurait préféré ne pas avoir à mener. Des combats au bout desquels on se réveillerait en sursaut, trempé de sueur, en poussant un ouf de soulagement. Des combats qui se termineraient par un regard circulaire autour de la chambre, à faire l’inventaire des choses qui comptent dans la vie ; à reprendre contact avec la réalité en posant sa main sur l’épaule qui somnole à ses côtés ; à sentir le lent reflux du cauchemar laisser place à une forme de soulagement. Seulement voilà, dans la vraie vie, ce n’est pas comme ça se passe. Dans cette vie-là, c’est-à-dire celle-ci, il n’y a que des combats qu’on a décidé de ne pas abandonner. En voici un.

Cher Jean S.

Je voudrais exprimer par la présente toute ma solidarité. Je vous ai observé, tel un bébé phoque échoué sur la banquise de la vie publique recevoir les coups de gourdins de la populace déchainée. Je vois encore vos yeux m’interpeller d’un « m... mais, pourquoi ? » innocent et déchirant. Alors me voici.

Si la classe médiatico-politique a su se mobiliser pour défendre quelques pédophiles bien introduits dans le milieu, j’aimerais être celui qui - pour une fois - défendra l’enfant que vous êtes, virgule, demeuré.

Et quoi de plus tendre, de plus émouvant qu’un enfant sans Défense ?

Oui, je sais. On dit que vous êtes « bien né » et on vous reprocherait presque que le hasard de la vie vous ait donné comme père un homme qui a été élu P. de la Ré. Mais sachez-le, Jean S., moi je vous aime bien, tout fils de P. que vous êtes.

Et il faut être vraiment aveugle pour ne pas reconnaître les qualités qui font de vous un être d’une autre trempe. Une trempe que j’aurais été fier de vous filer moi-même, n’en déplaise aux envieux, car je sais combien vous la méritez, cette trempe.

23 ans… ah le bel âge. Et dire qu’il y a cinq ans à peine, vous n’aviez même pas le droit de voter. Mais que de choses apprises, en si peu de temps ! Qu’ils raillent ! Qu’ils gloussent : car que connaissent-ils, tous ces montreurs du doigt, des affres ressentis lorsqu’il faut passer pour la énième fois par la case départ d’une année d’études ? Eh oui, tellement de choses apprises aux côtés de son papa.

- Jean …
- Oui, p’pa ?
- je veux que tu prennes la direction de la Défense.
- Ok. Je tourne au feu et on y est dans 10 minutes.
- (Soupir... Eh ben c’est pas gagné... Sa mère avait raison au moins sur un point...)

Des causes perdues, Jean S., j’en ai connues. Mais vous êtes probablement une des plus grandes causes perdues que la France d’en haut ait jamais pondue dans ses poulaillers d’acajou. (et dire que je ne sais toujours pas s’il faut faire concorder "pondue" ou pas)

Cela dit, je regrette amèrement que vous ayez renoncé à briguer la tête du quartier d’affaires de la Défense. En effet, je ne vois pas au nom de quoi certains vous reprocheraient votre candidature. Dans notre belle et vivante démocratie, n’importe quel clampin de passage peut se « déclarer » candidat à quelque chose. Et alors ? OU est le problème ? Le problème n’est pas dans la candidature, Jean S. Le problème est dans le résultat de l’élection.

On a un peu trop facilement oublié que si vous (Jean S.) étiez candidat, c’est que ces messieurs (les membres du conseil d’administration de l’EPAD) allaient voter pour vous. Vous entendez ? Ils allaient le faire !

En retirant votre candidature, Jean S. vous avez privé la France du spectacle grandiose, grandiloquent, grotesque et Omar Bongoesque d’un conseil d’administration composé de « responsables » de haut niveau baisser leurs pantalons jusqu’aux chevilles, caleçons avec, pour élire le fils légèrement post-pubère du Boss à la tête d’un des plus gros centres d’affaires en Europe.

J’aurais aimé voir capter sur vidéo - et pour la postérité, avec la liste des noms et tout - cette tribu de singes en costumes trois pièces en train de vous élire avec moins d’états d’âme que de préliminaires en pleine saison de rut.

Car le scandale, le véritable scandale, n’est pas votre candidature, Jean S… Le véritable scandale, c’est que votre candidature n’a pas été accueillie au sein du C.A. par quelques sourires amusés - avant de passer à des choses plus sérieuses...

Le véritable scandale, donc, c’est que ces types aient pu prendre votre candidature au sérieux.

Le véritable scandale, c’est qu’ils allaient vous élire, ces cons.
Et l’autre véritable scandale, celui qui me donne le vertige, c’est qu’ils sont toujours en place.

Et vous me demandez encore, Jean S., d’où vient cet étrange sentiment que plus rien n’a de sens dans la France d’aujourd’hui ?

Viktor Dedaj
"y’a de quoi monter dans les tours"




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