La tête et les jambes

mercredi 18 novembre 2009
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Permettez par cette lettre ouverte que je vous manifeste mon écoeurement et mon indignation après avoir assisté à l’émission durant laquelle vous vous êtes livrés tous deux, chacun dans votre rôle à un procès en règle contre votre invité, Olivier Besancenot.
Avant tout une précaution : Je n’ai jamais eu la moindre sympathie pour le leader du NPA et j’ai toujours été hostile au gauchisme sous toutes ses formes. Pour une raison essentielle ; son allergie congénitale à la démocratie dans le mouvement social qui le conduit à constamment tenter d’en usurper, d’en confisquer sa direction, toujours accusée de réformisme.

J’ai raconté dans mon livre [1] la conversation qu’eut en 68 un militant du piquet de grève de Renault avec une jeune étudiante gauchiste qui voulait entrer dans l’usine « pour aider le mouvement. Tu te rends compte, camarade, quelle force ce serait ? Vous les jambes avec nous la tête… »

Bien sûr, c’était une métaphore inspirée par la célèbre émission de télé « la Tête et les jambes ». Bien sûr, c’était pétri de bonnes intentions, tout comme l’enfer si on en croit le dicton. Moi je trouve que cette image est une parfaite illustration du gauchisme.
Cela étant dit, je ne peux pas rester sans réagir à votre émission qui tous les dimanches sert la soupe souvent avec déférence à des ministres ou anciens ministres d’avenir. Car c’est en effet à un vrai procès contre Besancenot qu’on a assisté avec en procureur, Nicolas Demorand et en témoin à charge, Renaud Dély, auteur de « Besancenot, l’idiot utile du sarkozysme ».

Certes Renaud Dély vous aviez l’air vexé du galopin surpris par les conséquences de ce qu’il croyait avoir fait une bonne blague. Et vous vous êtes réfugié derrière un texte de… Lénine. Pourquoi ne pas remonter à Marx qui dans une correspondance avec deux dirigeants ouvriers de la Commune jugeait très sévèrement un journaliste et écrivain communard ?

Quant à Nicolas Demorand ! Quelle furie. Vous posiez bruyamment des questions auxquelles vous répondiez vous-même, n’hésitant pas à sortir un lapin journalistique du chapeau de procureur qui vous sied bien : « Besancenot, vous êtes un agent secret de Sarkozy ».
J’étais écoeuré. Je me revoyais, il y a bien longtemps, accusé de faire le jeu de Moscou en réclamant l’augmentation des salaires. Ou encore dans les années 70 de faire le jeu de Giscard en demandant la retraite à 55 ans pour les femmes et les travaux pénibles !

Franchement, messieurs Demorand et Dély, pensez vous avoir aidé ceux qui se battent au quotidien contre un régime tel que celui de Sarkozy, contre sa dérive autoritaire et bonapartiste ?

Je ne suis toujours pas d’accord avec Besancenot, mais ce soir là, il dénonçait justement cette dérive. C’est pourquoi votre harcèlement m’a écoeuré et indigné.

Pourtant je me dis que vous pourriez faire œuvre utile là où vous êtes pour animer un vrai débat national sur les vraies racines du mal qui ronge notre pays.

- Par exemple, l’économie nationale est faite du travail de millions de salariés dont 91% sont des salariés qui ne reçoivent que 57.6% du PIB. Est-ce que c’est conforme au principe d’égalité ?

- Ou encore : 91% de la population active rejoint chaque jour son travail après avoir laissé au vestiaire ses droits de citoyens et notamment celui d’entreprendre. Il y est contraint par un contrat de travail qui implique sa subordination contre sa rémunération. En finir avec ce statut ringard et périmé, n’est-ce pas donner à chacun le droit d’entreprendre et réussir collectivement dont ils sont privés ?

- Autre exemple : le pouvoir politique est de plus en plus solitaire, autoritaire. Tous les lieux de pouvoir sont dévolus à une seule élite, jusqu’à cet hyper-président qui décide de tout. N’est-ce pas un archaïsme, une insulte à l’intelligence de millions de citoyens, alors que le retour à un régime républicain est une nécessité pour rendre vivable le travail, pour le replacer au centre de la politique ?

Un débat à 44 millions de têtes, ça permettrait de reposer sur 88 millions de jambes…

Dayan Elie paris 6éme transmis par Rouge Vif 75

Comme chacun sait Nicolas Demorand anime le 7-9 sur France Inter où il reçoit chaque matin un ou une invitée. Il y a dans cette émission une partie consacrée en principe aux questions des auditrices et auditeurs. L’un d’entre eux s’est astreint à compter très précisément les questions posées sur une période donnée. Le résultat est sans appel sur 163 questions 114 ont été posées par Demorand et 49 par les auditeurs, soit seulement 30%...


[1LesTribulations d’un militant en usine, publié en 1988 aux éditions de la mémoire vivante



Commentaires

samedi 21 novembre 2009 à 20h24

je suis au NPA et je ne suis pas « gauchiste » enfin je ne crois pas. A moins que vouloir plus de justice social et un partage equitable des richesses soit un programme « gauchiste ».

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