La Société Générale a publié un scénario d’effondrement global de l’économie.

dimanche 22 novembre 2009
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Les sites et médias spécialisés s’inquiètent...
La Société Générale a adressé à ses clients une étude prospective développant trois scénarios d’évolution de la crise.
L’un d’entre eux évalue les conséquences d’une crise de surendettement des Etats dans une économie anémiée, déclenchant un « effondrement global » au cours des deux prochaines années. Dans cette perspective la banque propose à ses clients une stratégie d’investissements défensifs pour éviter la destruction de leur patrimoine.

Rappelons que le montant des versements étatiques pour "sortir de la crise" a été de 14 000 milliards au total pour les USA, la Grande Bretagne et la zone euro, soit l’équivalent du quart du PIB mondial.

Dans un rapport intitulé « Le pire scénario de la dette », l’équipe Société Générale de gestion des actifs écrit que les opérations de renflouement effectuées par les Etats l’an dernier ont simplement transféré les dettes privées vers le public qui plie sous la charge, créant une nouvelle série de problèmes.

L’endettement global est beaucoup trop élevé par rapport à leur PIB (350 % aux USA) dans la plupart des économies des pays développés, qu’il s’agisse de l’endettement public ou privé. Il faudra accomplir la tâche éreintante de réduire ce ratio d’endettement, et ce durant des années.

« Pour le moment, personne ne peut dire avec certitude si nous avons déjà vraiment échappé à l’effondrement de l’économie » lit-on dans ce rapport de 68 pages, dont la rédaction a été dirigée par le responsable de la gestion des actifs Daniel Fermon. Il s’agit d’une analyse de ces dangers, et non de prévisions.

Dans le scénario baissier de la banque française (le pire parmi les trois envisagés), le dollar continuerait de baisser et le marché mondial des actions rejoindrait les minima de mars. L’immobilier continuerait à chuter. Le baril de pétrole redescendrait à 50 dollars en 2010 [1].

Les gouvernements ont déjà utilisé l’arme budgétaire. Même en l’absence de nouvelles dépenses, la dette publique devrait exploser d’ici 2 ans à 105 % du PIB au Royaume-Uni, 125 % aux USA et en Europe, et 270 % au Japon.

Au niveau mondial, la dette des états atteindrait 45 000 milliards de dollars, et sera multipliée par 2,5 en 10 ans. (Les chiffres du Royaume-Uni paraissent faibles car le niveau d’endettement préalable était bas. M. Fermon indique que le Royaume-Uni convergera avec l’Europe à 130 % du PIB d’ici 2015 dans le scénario baissier).

La charge induite par la dette sera plus importante qu’elle ne l’était après la seconde Guerre Mondiale, lorsque les niveaux d’endettement étaient similaires. Avec des populations vieillissantes, il sera plus difficile de faire baisser la dette grâce à la croissance.
« Une dette publique élevée paraît insoutenable à terme. Nous avons presque atteint un point de non retour pour la dette du gouvernement », note le rapport.

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Alléger la dette par l’inflation pourrait paraître un moindre mal à certains gouvernements. Dans ce cas l’or « n’en finirait pas de monter », seul refuge par rapport à la monnaie papier.

La dette privée est également écrasante. Même si le taux d’épargne américain se stabilise autour de 7 % et est entièrement utilisé au remboursement de la dette, il faudra encore 9 ans aux ménages américains pour ramener le ratio dette/revenu aux niveaux raisonnables [2]existant dans les années 1980.

La banque indique que la crise actuelle présente « bien des points communs » avec le Japon pendant sa (ou ses deux) Décennie Perdue, mais avec une grosse différence : le Japon gardait la tête hors de l’eau grâce aux exportations et s’appuyait sur une économie mondiale robuste, tout en laissant chuter le yen. Il n’est pas possible que la moitié de la planète recoure au même moment à une stratégie analogue.

La Société Générale conseille aux investisseurs pessimistes (bears) de vendre des dollars et de prendre des options à la baisse sur les valeurs cycliques comme les technologiques, l’automobile, et de se mettre en mouvement pour éviter d’être pris dans la « spirale déflationniste structurelle ». Les marchés émergents ne seraient pas épargnés. Paradoxalement, ils sont plus dépendants de la croissance US que ne l’est Wall Street. Les valeurs agro-alimentaires se maintiendraient, à commencer par le sucre.

M. Fermon estime que les junk bonds [3] perdraient 31 % de leur valeur durant la seule année 2010. Cependant, les obligations souveraines [4]généreraient des retours sur investissement « turbos », à l’image de ce qui s’est déroulé durant la séquence de baisse durable des rendements au Japon, lorsque la crise s’est installée. A un moment le taux à 10 ans au Japon est descendu à 0,40 %. [5]
La Fed ferait baisser les taux en achetant plus d’obligations. La BCE le ferait moins, pour des raisons politiques.

La position de la Société Générale sur l’achat des obligations souveraines est discutable. Nombre d’observateurs doutent que le scénario japonais se reproduise, notamment parce que Tokyo pourrait être aussi à l’aube d’une nouvelle crise de la dette.

M. Fermon a déclaré que son rapport avait « électrisé » les clients des deux côtés de l’Atlantique : « tout le monde veut savoir quel sera l’impact. De nombreux hedge funds [6]
et banquiers sont inquiets ».

Ambrose Evans-Pritchard

Telegraph

Traduction en langue française :
Contreinfo

Des états qui interviennent pour colmater la dette privée et qui sont à leur tour menacés de faillite dans un monde où près d’un milliard d’hommes souffre de la faim, si après ça il y en a qui pensent encore qu’il ne faut pas changer de système...


[1extraordinaire système qui voit comme un danger la baisse des prix ! NDR

[2raisonnables selon l’auteur NDR

[3Une junk bond, ou « obligation pourrie » en francais, est, d’après Wikipedia, l’appellation familière désignant aux États-Unis les obligation à haut risque, obligations qui sont classées comme « spéculatives » par les agences de notation

[4Un emprunt d’État (en anglais : government bond ou govvie) est une obligation ou un titre de créance négociable émis généralement dans sa propre devise par un gouvernement.
Dans le cas d’une émission dans une devise convertible, celle du pays ou d’un autre, on utilise généralement l’appellation d’« obligation souveraine », adaptation directe de l’anglais sovereign bond. (d’après Wikipedia)

[5Le rendement varie à l’inverse du prix. Une baisse des taux d’intérêt de la dette traduit une élévation de la valeur négociable du papier. - ndt

[6Les « fonds alternatifs » ou « fonds de couverture », ou hedge funds sont des fonds d’investissement au mode de gestion particulier. L’investissement minimal est généralement élevé : de quelques dizaines de milliers de dollars parfois, à plusieurs centaines de milliers plus souvent, suivant les fonds. De plus, n’étant par essence pas aussi régulés que les fonds de placement classiques ils ne peuvent être distribués au grand public et sont réservés à la catégorie des investisseurs institutionnels ou aux grandes fortunes.(d’après Wikipedia)



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