Ils veulent nous faire travailler
Jusqu’à, ce qui nous reste qu’à crever
Faut dire qu’pour eux, c’est du gâteau.
Ah ! Les salauds !

Ils sont « cadres sup. » ou « technos »
Sur leurs fauteuils, dans leurs « polos »
Ils pensent tout savoir mieux que vous.
Ah ! Les salauds !

Ils ont tous des cravates en soie.
Ils jouent au golf, à tu à toi,
Avec le grand patron branché
Ah ! Les salauds !

Ils s’en vont s’dorer aux « Seychelles »,
Des primes ils tirent la courte échelle,
Font « bamboula » au « Mamounia ».
Ah ! Les salauds !

Ils sont presque tous décorés
Et bien contents de commander.
Quand ça ne va pas, c’est la faute aux autres.
Ah ! Les salauds !

Ils disent que pour sauver les régimes
Nous d’vons devenir cacochymes
Ils feignent d’oublier leurs « stocks options ».
Ah ! Les salauds !

Pour eux, ce n’est pas trop fatigant
Pour nous c’est beaucoup moins marrant,
d’aller plus loin que soixante ans.
Ah ! Les salauds !

Nos retraites, c’est tout ce qu’on a
Pas d’capital aux Bahamas,
Pas d’fonds pension à faire marner.
Ah ! Les salauds !

Il y a aussi les maniaques,
Ceux qui, seuls, pour le boulot craquent,
Ceux qui n’ont pas d’imagination.
Ah ! Les salauds !

Et puis il y a les ministères
Ambiance de chien et de galère ;
Avec l’Medef, ils veulent conclure
Ah ! Les salauds !

Et il y a le baron Selliere
Un ci-devant, mais de l’arrière
Il rétablirait bien l’servage
Ah ! Le salaud !

Mais tous ces fichus profiteurs
Ils vont passer un sale quart d’heure
Quand ils vont vouloir nous sucrer
Ah ! Les salauds !

Il va falloir que l’on se fâche
Qu’on fasse grève de leurs tâches
Qu’on leur dise ensemble un grand non !
Oh ! Les prolos !

Paul Arrighi d’après
« Le Merle Moqueur » D’Aristide Bruant