François Hollande : le déblingueur.

lundi 30 novembre 2009
popularité : 4%

En passant par la Corrèze avec ses sabots et par les primaires PS avec ses réseaux, il se voit déjà déloger le flambeur de l’Elysée.

Depuis qu’il n’est plus à sa tête, pile une petite année, le renouveau du PS est éclatant : les socialistes sont rattrapés par les écologistes dans les urnes, Martine Aubry se retient chaque semaine de démissionner de son poste de premier secrétaire et le couple Peillon-Royal n’en finit plus de se quereller pour la garde de leur courant.

Grandiose...

Le PS a bien progressé et Hollande, lui aussi, s’est bien rénové après une traversée du dessert, qu’il préfère au chocolat.

Il a laissé son scooter de fonction à Benoît Hamon, qui n’arrête pas de tomber avec, preuve que l’on ne s’improvise pas au pied levé conducteur de parti.

Il a aussi changé de « look » pour satisfaire son entourage, qui y voit la racine de son déficit de popularité.

Il a un peu freiné sur l’ironie, son coiffeur a trouvé une nouvelle coupe pour sa calvitie, il porte désormais un costume taillé sur mesure et il a une nouvelle paire de lunettes qu’on dit empruntée à Michou.

Lui-même regarde sa métamorphose avec détachement :
« Franchement, si je vous disais aujourd’hui que c’est en changeant je ne sais quoi de mon allure, de mon costume, que j’envisage de me présenter devant les Français, je serais indigne de la fonction à laquelle je pourrais prétendre. »

Un détachement à porter à sa carte de crédit quand certains politiques, pour soigner leur mine, vont jusqu’à épouser un mannequin italien...

Mais, au fait, qu’est-ce que cette « fonction » à laquelle il pourrait prétendre ?

Depuis qu’il n’est plus premier secrétaire, Hollande songe à se reconvertir.

En président.

Si possible, de la République.

Il y pense et pas seulement en se rasant.

Les mauvaises langues disent qu’il les rase aussi en y pensant.

Ils ont tort.

Hollande a un bon créneau, l’anti-blog-bling-bling.

Les « Guignols » le traitaient de « Flamby », eh bien pourquoi pas si cela doit être le surnom que l’on colle à un anti-flambeur ?

L’ex- premier secrétaire en est convaincu : les électeurs voudront en 2012 un gars sérieux, un type qui ne se la joue pas, qui n’est pas dans l’épat" et encore moins dans l’Epad.

Un gars qui a des idées - il les a couchées dans un livre au titre jospinien, « Droit d’inventaires », où il se garde bien d’assassiner quiconque - le courage de dire qu’il faudra augmenter les impôts pour sortir de la crise.

Une obsession chez Hollande que la fiscalité.

Encore compagnon de Ségolène, il avait démarré la campagne de sa dame en 2007 en expliquant qu’il n’aimait pas les « riches » et qu’il fallait qu’ils allongent davantage.

La candidate lui en avait voulu de le plomber en promettant des hausses d’impôt alors qu’elle baissait dans les sondages.

Il recommence, mais cette fois il est à son compte.

La fiscalité, c’est son arme.

Depuis tout petit, il la dégaine dès qu’il sent l’abattement poindre.

Hollande croit avoir trouvé là le talon d’Achille de Sarkozy : il a tout bougé, tout renié sauf son « bouclier fiscal ».

C’est son ADN : vous enlevez ce cadeau fait aux puissants et Sarko se dégonfle pour devenir un petit Chirac.

« Il perd plus que la main, il perd pied », dit Hollande du Thierry Henry de l’Elysée.

Certes, DSK est pour l’heure le candidat de gauche idéal de la droite, bien sous tous rapports, surtout avec les Hongroises.

Hollande ambitionne, lui, d’être celui que la gauche préfère.

Il confesse avoir un modèle pour s’imposer dans la dernière ligne droite : le Mitterrand de 1981, qui avait attendu janvier de cette année-là pour distancer dans l’opinion le moderniste Rocard.

Mais son véritable inspirateur est ailleurs.

Il s’appelle Chirac.

Hollande lui a ravi sa base.

« Avant, on disait : »La Corrèze, c’est Chirac".

Maintenant, c’est moi".

Il a séduit sa femme, qui lui témoigne une bienveillante neutralité au conseil général.

« Vous savez, mon mari a toujours été de gauche », lui, a confié Bernadette Chirac, lui-même vante aujourd’hui ses qualités : il a « l’ambition et les moyens d’avoir un destin national ».

Les deux hommes ont échangé leurs dédicaces à la Foire du livre de Brive.

Et Hollande médite la leçon du "has been qui l’a emporté en 1995 contre un Balladur qui avait la faveur des sondages.

L’ex-premier secrétaire a donc passé la surmultipliée.

Il est réservé face aux primaires, il est désormais pour qu’elles arrivent vite après les régionales.

DSK FMI-sé, Fabius oublié, Royal démonétisée, Aubry cloîtrée à Solferino, Valls droitisé, il a toutes ses auprès des militants.

Les électeurs ne se mettent-ils pas à le regarder avec plus d’indulgence ?.

« J’ai appris depuis bien logtemps à bien faire la distinction entre l’opinion et l’électorat » dit-il.

Et encore le rêve et la réalité ?.

« Il a autant de chances de devenir président que moi d’entraîner une équipe de majorettes », a pronostiqué son ex-ami Eric-Besson.

Lequel ne croit pas si mal dire, lui qui a déjà décroché le pom-pom de la « traîtrise » et le bâton pour se faire taper.

Par Jean-Michel Thénard dans Le Canard enchaîné du 25/11/2009

Transmis par Linsay.



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