Pour fêter ce 21 ème salon du livre de jeunesse, je vais partager avec vous un secret et tant pis si certains n’y voient que mièvre nostalgie.

Lorsque la ville se fait par trop bruyante, son air irrespirable et ses trottoirs crasseux,
Lorsque mon esprit s’alourdit des nuages d’une modernité qui dément le progrès,
Que mes idées me mènent vers de noirs continents où la mort s’étend sur l’horizon,
Lorsque mon cÅ“ur déborde de chagrin et peine à trouver les notes de l’espoir :

J’allume un flambeau.

Un flambeau qui éclaire la nuit d’une lueur errante, capricieuse et fragile.
Fragile ?
C’est bien là tout son charme qui nous fait croire à un soupir lumineux.
Pourtant sa puissance est féroce, l’animal,que l’on nomme à tort « ver luisant » n’a rien d’un lampion de fête vénitienne !
Lamparo dont la verte lueur appelle le mâle à ses devoirs, le ver luisant de nos chemins dévore le peureux escargot, réduit à l’impuissance par une anesthésie subtilement inoculée par notre tremblant lampyre.

Cette lueur verte, d’un vert surnaturel est le flambeau qui console mes peines.
De plus en plus rare dans nos campagnes je tremble à l’idée qu’il disparaisse.
Car il ne me suffit pas de le retrouver intact dans mes souvenirs, je veux encore croire à sa rencontre chaque fois que je sors dans la nuit admirer les étoiles.
Plus proches que ces lointaines comètes,
à portée de la main, il n’en est pas moins inaccessible et mystérieux .
Menacé par les tondeuses électriques et les insecticides, il est à mes yeux le plus précieux des astres descendus sur la terre.

Sans doute aussi éclaire-t-il un coin de ma mémoire où je me retrouve enfant, ma main cachée dans celle de mon père, cet homme si fort et si grand qui s’est mis à genoux, pour me montrer le trésor rutilant.