La cabanisation vous connaissez ?

mercredi 13 janvier 2010
par  Charles Hoareau
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En Languedoc Roussillon ce concept permet de passer outre la trêve hivernale et d’expulser par tous les temps.
Sans doute un autre moyen de lutter contre « les sous hommes »

Grâce à la Mairie, ils dorment dans leurs voitures par -8°C !!!

La municipalité de Roquemaure ( MPF Gard) a fait saisir les caravanes d’une
association dont l’objet est « accueillir temporairement les familles sans
domicile »
, au motif qu’elle n’avait pas fait la simple demande
d’autorisation de camping chez l’habitant, tel que le précisait le POS
local.

Christian Delmas, 63 ans, retraité et malade, propriétaire du terrain
qu’il mettait à disposition de l’association, a aussi vu saisir sa
caravane et celles de ses enfants.

Son histoire vaut le détour : Salarié-nomade des temps modernes, il a été
ouvrier qualifié, puis technicien supérieur dans de nombreuses entreprises
industrielles (dont Eurodif ou Marcoule...), il a été commerçant, puis
prof de technologie, son dernier emploi était forain, il vendait de la
maroquinerie et de la toile cirée.

C’est d’ailleurs à ce moment qu’il a acheté ce terrain, pour y poser son
camion...
Puis il est tombé gravement malade du cancer du fumeur, sans jamais avoir
fumé la moindre cigarette. A l’époque, il vivait au camping, mais quand
ses revenus ont fléchi en obtenant qu’un remboursement social équivalent à
300 €, il n’a pas pu rester au camping devenu trop cher. Il est donc venu sur le seul endroit qui lui appartenait, son
terrain arboré de 1000 m², au milieu des vignes...

La suite de son parcours lui a fait rencontrer par l’intermédiaire de la
Croix Rouge des amies qui souhaitaient créer une association de solidarité
pour ouvrir des espaces d’accueils envers les familles pauvres d’Europe,
notamment les roms, dont le traitement social est un scandale national.
Christian leur a proposé son terrain et c’est ainsi que deux caravanes
supplémentaires ont été installées pour accueillir des familles à la rue
et que l’association « Refuge Chrétien de Plein Air » est née.
Cela n’a pas été du goût de la municipalité, qui sous prétexte d’éviter « 
qu’une cabanisation ne se propage sur le terrain »
, a rapidement saisi la
justice pour cette infraction avec les dispositions du POS, en effet,
Christian n’avait pas obtenu d’autorisation pour stationnement sur terrain
privé.

Propriétaire sans dette...et expulsé

L’ordonnance de Référé a été rendue en Mars 2009, et les caravanes ont été
saisies et mises en fourrière en juillet 2009, la cuisine d’été collective a
été détruite. De plus, l’association et Christian ont été condamnés par le
Tribunal Administratif de Nîmes au paiement d’une amende de 1000 €.

Et cerise sur le gâteau, il faut savoir qu’ils n’ont jamais pu récupérer
leurs affaires personnelles, puisque les caravanes ont été dépouillées de
tout ce qui avait de la valeur (dont les ordinateurs de l’association).
Une plainte contre X a bien été déposée, mais a été classée sans suite par
le Procureur de la République.

Aujourd’hui démunis et sans logement, les habitants du terrain, dont
Christian, vivent toujours dehors et dorment dans leur voiture, dans
l’attente d’un relogement pour Christian et dans l’espoir de pouvoir
obtenir l’autorisation d’aménager leur terrain en espace d’accueil
reconnu.

Une assistante sociale du Conseil Général a été contactée et promet à
Christian un logement rapidement, il souhaite l’accepter, mais veut
continuer son combat pour permettre à ses camarades d’infortunes et à
l’association d’accueil de rester en place, intimement conscient de la
nécessité de tels espaces.

Ils seront jugés sur le fond au tribunal Administratif de Nîmes le 20
janvier 2010 à 8 heures.
Ils demandent le soutien matériel ou moral de tous ceux qui pourraient être
sensibles à leur lutte, en appelant à une forte mobilisation devant les
portes du tribunal.

- Mobilisons nous pour que le droit au logement et à l’habitat choisi soit
reconnu comme un droit fondamental, et qu’une telle situation ne puisse se
reproduire.
- Nous exigeons que tous les sans-abris puissent bénéficier de logements
décents, fussent-ils mobiles ou éphémères.
- Nous demandons un moratoire sur les expulsions et la mise en place de
commissions paritaires pour la résolution des conflits entre mal-logés,
habitants de logements choisis et collectivités territoriales.
- Nous voulons une révision de la législation sur l’occupation des sols pour
permettre l’installation de logement éphémères ou mobiles, peu gourmands en
énergie sur des zones non constructibles.
Nous exigeons l’abandon de la « charte de bonne conduite contre la
cabanisation en Languedoc Roussillon »
, qui accélère l’indigne traque des
habitants de logements éphémères, mobiles ou alternatifs.

Contacts :

nomadinconduite@free.fr ,



En médaillon : le saccage après l’expulsion



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