Lionel Jospin : un mythe errant.

dimanche 17 janvier 2010
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A travers deux documentaires et un bouquin qui en est tiré, l’ex-Premier ministre revendique sa place au panthéon socialiste. Quitte à oublier quelques épisodes pour y entrer.

En janvier, les boutiques soldent, Lionel Jospin aussi, dans deux films diffusés sur France 2 les 14 et 21 janvier et dans un bouquin d’entretiens avec Pierre Favier et Patrick Rotman (« Lionel raconte Jospin », Ed. du Seuil, 280 pages, 18,50€).

Il veille surtout à ne pas tout mettre en vitrine.

Lui qui réclamait le « droit d’inventaire » des années Mitterrand ne laisse, en effet, à personne le soin de dresser celui des années Jospin.

Par pudeur sans doute... et par souci de ne pas lézarder l’icône.

Inutile, en conséquence, de s’appesantir sur quelques épisodes peu glorieux... comme son passé de taupe révolutionnaire à la solde du trotskisme par exemple.

Dans ses confessions, Jospin assure avoir rompu avec ses camarades de l’Organisation communiste internationaliste (dirigée par Pierre Boussel dit Lambert) sitôt son adhésion au PS, en décembre 1971.

Et récuse avoir espionné Mitterrand.

De quoi faire se marrer un de ses anciens camarades :
« Un des fondements du lambertisme, c’est l’entrisme en clandestin. Je n’imagine pas une seconde que Lambert ne lui ait pas ordonné d’infiltrer les socialistes. Comme il a demandé à d’autres d’aller espionner FO, par exemple. ».

L’« austère qui se marre » ne tient pas à revenir sans cesse sur son échec du 21 avril 2002.

Il « ne sert à rien de ressasser », assène-t-il.

Certes, il reconnaît sa responsabilité « entière » dans la défaite.

Mais la limite en y associant « l’ambition chimérique de Jean-Pierre Chevènement et le vif désir de figurer de Christine Taubira ».

L’un comme l’autre sont coupables, à ses yeux, de lui avoir grapillé le nombre de voix nécessaire pour être qualifié au second tour de la présidentielle.

C’est passer sous silence le fait que Jospin a permis la candidature de la députée de Guyanne.

De la même manière qu’il a facilité celle d’Olivier Besancenot, champion de la LCR.

Les dirigeants du PS avaient, en effet, donné pour consigne à certains de leurs élus de leur fournir partie des 500 parraînages qualificatifs pour la présidentielle.

C’est que, par orgueil, Jospin était certain d’être au second tour avant même d’avoir disputé le premier.

La preuve : il a non seulement permis la candidature de Taubira mais il ne l’a pas découragée.

Au détour d’une phrase , il reconnaît simplement avoir « rencontré » le président des radicaux de gauche, Jean Michel Baylet.

Pour évoquer le cas de la députée de Guyane ou pour manger un cassoulet ?

Car dans son « Droit d’inventaires » (Entretiens avec Pierre Favier, Ed. du Seuil, 400 pages, 20€), François Hollande précise que « les radicaux de gauche avaient pris l’engagement, en cas de difficulté dans la préparation du premier tour, de retirer leur candidate ».

Mais il ajoute :« Aucune demande claire de retrait ne leur a été faite ».

En clair, Jospin était si sûr de lui qu’il n’a pas jugé utile de mettre toutes les chances de son côté.

Le même avait également oublié de s’occuper de son adversaire direct : Chirac, qu’il disait « usé, vieilli et fatigué ».

Ce qui l’a sûrement empêché de porter attention à l’affaire Falcone.

Le 21 janvier 2001, alors que le parquet général recommandait un classsement sans suite de l’« Angolagate », son ministre de la défense Alain Richard, la relançait en portant plainte pour « infraction à la législation sur les armes ».

Conséquence : le 28 mai de la même année, Charles Pasqua était mis en examen.

Du coup, contrairement à ses intentions, Môssieu Charles ne peut pas se représenter aux suffrages des Français l’année suivante, Chirac fait le plein avec des voix de droite.

Et Jospin ne profite pas des divisions du camp d’en face.

Si l’ex-Premier ministre ne dit rien de tout cela, c’est sans doute par modestie.

A moins que ce ne soit par fierté.

Jospin veut rester dans l’Histoire.

La grande, pas celle des arrière-cuisines, ou mitonne la tambouille.

Il ne supporte pd’ailleurs aucune comparaison.

Hormis avec François Mitterrand.

La construction chronologique de son ouvrage en atteste.

Avant 1981, son propos se résume ainsi : « Moi avec Mitterrand ».

Il se prolonge de 1981 à 1987 par « Mitterrand et moi », se poursuit, de 1988 à 1995, par « Mitterrand sans moi » et se conclut par « Moi sans Mitterrand ».

Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour être à la droite de Dieu...

Par Didier Hassoux dans Le Canard enchaîné du 13/01/2010

Transmis par Linsay.



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