Vincent Peillon : une Arlette en travers de la gorge.

vendredi 5 février 2010
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Le député européen ne veut plus jouer les « idiots utiles », ni à la télé avec Arlette Chabot ni au PS avec Martine Aubry.

Le 5 janvier, Lionel Jospin reçoit ses amis au Forum des images à Paris pour la projection du documentaire consacré à son auguste personne.

Séance nostalgie de la gauche plurielle, qui se retrouve une fois de plus à fêter ses défaites.

« Et toi, au fait, tu as pris quand ta carte au PS ? », demande à l’entracte un invité à Vincent Peillon.

« Je crois que je la prendrai en 2014 », répond l’intéressé.

Le député européen a de la repartie.

Et l’oeil qui plisse quand il s’essaie au trait d’esprit.

Problème, ses bonnes blagues ne sont pas toujours comprises.

La dernière en date n’en finit pas de secouer le microcosme.

Il a osé poser un lapin à Arlette Chabot.

« La lumineuse Arlette Chabot », comme dit Sarko, qui ne laisse jamais passer l’occasion, en privé, de tacler la directrice générale adjointe de France Télévisions.

Peillon a aussi réclamé sa démission, une grossièreté que le Président s’était gardé, lui, de proférer.

A t-il eu raison ou tort ?

Tort de demander une tête , assurément.

Quand au lapin, il court toujours.

Le débat n’en finit pas d’occuper les spécialistes de tout poil.

Tribunes dans la presse, débats sur les ondes, les beaux esprits s’échauffent sur le cas Peillon.

Faut-il condamner à l’exil médiatique celui qui a blasphémé la télé publique ?.

Ses amis socialistes se pincent, gênés.

Il est trop risqué de crier à bas la cathode pour qui veut montrer sa bobine.

Il n’y a que Bayrou pour applaudir quand l’insolent aggrave son cas et qualifie de « serviles » « certains dirigeants » des chaînes publiques.

Lesquels se défendent en jugeant Peillon « en perdition » et en le traitant de Le Pen, une comparaison, pour le coup, qui ne vaut pas un pet de lapin.

« Ma personne est secondaire, il faut saisir collectivement la question de l’indépendance des médias », se défend l’accusé, qui, drapé dans son pédigrée, explique avoir provoqué à dessein pour servir une grande cause : la lutte contre la bessonnisation des corps et la berlusconisation des esprits.

Peillon surjoue un peu car, dans cette affaire, tout est secondaire sauf sa personne.

Et tant pis si sa démarche est bancale.

Comme disait Merleau-Ponty, le philosophe de prédilection de ce docteur en philo exégète des pères fondateurs du socialisme :
« La philosophie boite, la claudication du philosophe est sa vertu ».

Peillon claudique donc, qui dénonce les « coups médiatiques » de Ségolène Royal, son ancienne chef de file, tout en tirant les mêmes ficelles, qui l’accuse de s’inviter à des réunions où elle ne devrait pas être quand lui sèche celles où il aurait dû être...

Le député européen n’est pas à une contradiction près.

Il a traversé tant de courants qu’à lui tout seul il est le Parti socialiste.

A bientôt 50 ans, il n’entend plus perdre son temps à jouer les faire-valoir.

Il est un homme pressé qui bout de ne pas se voir reconnu à sa juste valeur.

Fini donc de jouer « les idiots utiles », dit-il.

Et il s’y connait en « idiots utiles », ces lou Ravi des démocraties occidentales, fidèles soutiens du régime soviétique que moquait Lénine.

Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes.

Lui en a eu deux, dont un père banquier stalinien, directeur général de la Banque commerciale pour l’Europe du Nord, la banque des soviets et de l’électricité.

« Je viens d’une famille de communistes austères », raconte-t-il.

L’austérité sans poilade, il a au moins ça de commun avec Jospin, qu’il a servi un temps...

Il a aussi travaillé avec Emmanuelli, Hollande, Montebourg, Royal.

Il s’est toujours fâché avec tous.

« C’est Lucrèce Borgia avec un physique de gendre idéal », juge l’un.

Hollande, qu’il a toujours pour un âne, le qualifie de « serpent ».

Mais ce ne sont pas les autres qu’il trahit, c’est lui qu’il a toujours trompé en acceptant d’être leur supplétif.

Chaque fois, celui qu’il servait s’est révélé médiocre et l’a conduit à la ruine.

La défaite de Jospin en 2002 l’a empêché de devenir patron du PS, celles de Royal en 2007 et 2008 n’ont rien arrangé.

Il y a de quoi se décourager.

Après la dernière présidentielle, Peillon a d’ailleurs songé à décrocher.

Il a approché Xavier Darcos pour obtenir une sinécure, un poste d’inspecteur général de l’Education.

Mais il s’est remotivé dans le rôle de premier faiseur d’une nouvelle gauche plurielle recomposée des Pyrénées-Atlantique à l’Oural, de Bayrou à Robert Hue.

Il a aussi quitté la Picardie aux dernières européennes, qui le déprimait.

Un « crève-coeur », mais surtout une libération : il n’a jamais goûté les Picards, leur danse des canards et leurs chasseurs qui l’ont canardé...

Peillon, désormais, ne veut qu’un rôle, le premier.

D’où sa colère quand Chabot le confine en deuxième partie d’émission.

Ou quand Royal le renvoie à sa condition de supplétif et lui réclame son courant, en novembre dernier à Dijon.

« Elle relève de la psychiatrie lourde ! », lâche-t-il alors.

Ségo, depuis, le trouve « brutal ».

Aubry le qualifie, en privé, de « merdeux ».

Au moins, il a rapproché ces deux-là.

Ses rapports sont tendus avec les femmes à « la cinquantaine bien tapée », titre du livre érotique de son ex-femme.

Il privilégie désormais les amitiés viriles.

Georges Frêche est un « ami personnel », un « homme qui n’a pas l’once du moindre comportement ou penchant raciste ».

Et Pierre Bergé le couve, la main au portefeuille, qui voit en lui un « homme nouveau ».

Pour lutter contre « la dégénérescence morale », du sarkozysme, voici une compagnie qui devrait payer...

Par Jean-Michel Thénard dans Le Canard enchaîné du 27/01/2010

Transmis par Linsay.


Pour celles et ceux qui en douteraient la photo en médaillon est un photomontage tiré de http://photomontage.over-blog.fr/



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