11 familles bientôt expulsées ?

lundi 8 février 2010
par  Charles Hoareau
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Le groupe ARKEMA, un mystérieux promoteur et la préfecture des Bouches du Rhône vont-ils s’entendre pour mettre 11 familles à la rue ?

La cité La Reynarde à St Menet est une cité ouvrière, propriété du groupe ARKEMA (ex-filiale de TOTAL) où logent des salariés de l’usine voisine.

Le 10 février 2005, le comité chômeurs CGT y ouvrait 11 logements laissés vides depuis plus de 8 ans, 11 sur 54 [1] et y logeait 11 familles sans toit. Cette action, soutenue par le syndicat CGT de l’entreprise voulait tout à la fois aider 11 familles à se loger et appuyer une demande renouvelée depuis 8 ans que le groupe ne laisse pas de logements vides et réponde aux besoins de logement en priorité aux salarié-e-s de l’entreprise.

Le groupe ARKEMA au lieu de négocier [2] lançait une procédure d’expulsion…tout en disant qu’il n’en demanderait jamais l’exécution.

Le terrain étant promis à la vente à plusieurs reprises la CGT, tant de l’entreprise que le comité chômeurs a interpelé la direction d’ARKEMA qui s’est voulue rassurante sur le sujet en expliquant même au dernier CCE de décembre 2009 qu’un accord avait été trouvé avec l’acheteur sur le sujet.

Sans spéculer sur cet accord les familles ont poursuivi leurs demandes de logement…et aucune proposition ne leur a été faite depuis 5 ans…

Or aujourd’hui la préfecture fait savoir qu’une demande de concours de la force publique a été faite par l’acheteur, la SNC Parc La Reynarde qui envisage de construire des centaines de villas de luxe en lieu et place des appartements ouvriers. Et bien sûr maintenant le groupe ARKEMA avec tout l’humanisme dont on l’imagine capable, déclare que cette affaire ne le regarde plus et que la balle est dans le camp de l’acheteur.

La SNC Parc La Reynarde

La Société en Nom Collectif, Parc La Reynarde, « petite » société au capital de 1000€ est une société inconnue avant juin 2009 et pour cause.

Elle a été créée spécialement pour la circonstance le 9 juin 2009 selon un montage sophistiqué.

Elle est en effet constituée de 2 SAS (sociétés par actions simplifiées, forme juridique à la fois SA et SARL, permettant « une grande liberté aux associés » la SAS PERIMMO présidée par Jacques PEREZ et la SAS BURO présidée par Albert VADEAU.

Quand on cherche à en savoir un peu plus on s’aperçoit que PERIMMO est liée soit directement soit par l’intermédiaire de son dirigeant ou de ses associés à une vingtaine de SCI ou sociétés immobilières de luxe dont les noms parlent aux marseillais, aixois ou autres cassidains...enfin pour les plus fortunés d’entre eux : Les Terrasses du Port, le Palm Beach, Chateau Borely, PRIMOSUD, Art Hôtel, Les jardins de l’Etoile......

On y retrouve toujours les mêmes dirigeants un coup le père, un coup la fille ou la soeur bref une affaire de famille... au capital impressionnant et qui se chiffre en millions d’euros.

Bien loin des 1000 officiellement annoncés

Un aperçu partiel du réseau géré par une poignée de gens de la même famille

Cliquer sur l’image pour l’agrandir

La demande à la préfecture date de mi janvier et avec une grande rapidité les familles ont été convoquées pour l’enquête sociale prévue par la loi ce mardi 2 février au commissariat de secteur.

Une partie d’entre elles ayant même été convoquée le 29 décembre, avant même que la vente ne soit officiellement intervenue une nouvelle convocation est prévue afin de se mettre en conformité avec la loi....dans les meilleurs délais n’en doutons pas !

Un site classé SEVESO

Un autre élément est à prendre en compte dans cette affaire. Le site pour partie est classé SEVESO ce qui normalement rend toute construction ou réaménagement impossible sans l’accord du préfet et de la mairie. En 2005, pressé de questions, le directeur d’ARKEMA St Menet, M. GALLAND, avait même expliqué à la presse que c’est à cause de ce classement que 54 logements disséminés à travers toute la cité, avaient été laissés vides pendant 8 ans. [3]. Le site a-t-il été déclassé ? Pas à nôtre connaissance.

La préfecture et la mairie ont donc largement les moyens, sans même en recourir au droit de préemption ou de réquisition, d’empêcher non seulement toute expulsion mais d’obliger la SNC à prévoir un nombre conséquent de logements à prix accessibles à des familles à revenus modestes.

Dans une ville de Marseille où l’on dénonce que 80% des logements construits le sont pour les 6% de marseillais aux plus hauts revenus il y a ici de quoi faire autrement.

La CGT a demandé un rendez-vous à la préfecture [4].

Les familles ont écrit à l’acheteur et attendent une réponse.

De même elles ont demandé un rendez-vous à la mairie de secteur.

Ni elles, ni leur comité de soutien au premier rang duquel se trouve la CGT, ne sont décidés à laisser faire.


[1Les 43 autres sont restés vides depuis malgré, entre autres, les demandes des ouvriers d’ARKEMA

[2ARKEMA n’a jamais voulu recevoir les représentants des familles

[3La Marseillaise et 20mn de février 2005

[4voir document joint



Documents joints

Lettre au préfet

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