Regards de février 2010

vendredi 19 février 2010
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L’UNION EUROPEENNE ET CUBA

En assumant la présidence semestrielle tournante de l’Union européenne, M.Zapatero doit cohabiter avec le président permanent Van Rompuy, nommé pour deux ans et demi selon la procédure du Traité de Lisbonne entré en application le 1er décembre 2009. Mais, entre les deux présidents, il n’y aura pas de confrontation, tout au moins sur les politiques à mettre en œuvre sur le plan européen puisqu’ils sont d’accord pour continuer sur la même voie.

Pour répondre aux inquiétudes des marchés financiers, M.Zapatero a présenté le 29 janvier un plan d’austérité pour l’Espagne portant à la fois sur les dépenses de l’Etat, celles des collectivités locales et sur les régimes sociaux. Il a notamment annoncé l’allongement de l’âge de la retraite à 67 ans. Il veut faire payer aux salariés les frais d’une crise dont ils ne sont pas responsables ! Il ne manquera pas d’essayer d’étendre ce plan d’austérité dans l’Union européenne avec l’appui de la BCE. Cela ne l’empêche pas de proclamer qu’il veut une « Europe plus sociale » ! Jugeant prioritaire la mise en œuvre pleine et entière du Traité de Lisbonne, il propose aussi augmenter les dépenses militaires pour accroître les capacités militaires de l’UE. Bien que le Maroc et Israël occupent et colonisent des territoires (Sahara occidental, Palestine) où les populations sont réprimées, la présidence espagnole veut renforcer les relations de l’UE avec ces deux pays qui bénéficient d’un « statut spécial » au mépris de la « clause droits de l’Homme » des accords d’association.

Seul point positif du programme de la présidence espagnole, l’objectif affirmé de mettre fin à la position commune du Conseil sur Cuba et de conclure un accord de coopération. Les firmes espagnoles, qui veulent vendre ou investir à Cuba, ne sont sûrement pas étrangères à cette position ! Mais d’autres Etats membres de l’UE, notamment des pays de l’Est mais aussi la Suède, ne l’entendent pas de cette oreille. Ils ont déjà pris l’offensive, avec des relais au Parlement européen, pour maintenir la position commune, voire la renforcer. Adoptée le 2 décembre 1996 à l’initiative de José Maria Aznar, la position commune de l’UE impose des sanctions contre Cuba. Les droits de l’Homme sont le prétexte mais le véritable objectif est d’empêcher Cuba de poursuivre son développement non capitaliste et de le contraindre à entrer dans l’économie de marché. Des sanctions ont été imposées en 2003. L’Union européenne a décidé de les suspendre en 2005 mais en précisant qu’elles n’étaient pas annulées. D’ici fin juin, terme de la présidence espagnole, il faut donc impulser une mobilisation des partis, syndicats et associations pour demander l’abrogation de la position commune à l’égard de Cuba qui doit être remplacée par un véritable accord de coopération. Cette action doit se conjuguer avec celles qui sont menées pour la levée du blocus politique, économique et commercial imposé par les Etats-Unis depuis plus de 50 ans contre Cuba.

LA FSU SE MEFIE DE LA CES

Le 6e congrès de la Fédération syndicale unitaire (FSU) s’est conclu le 5 février par l’élection d’une nouvelle secrétaire générale et l’adoption de nombreuses résolutions qui prônent « le développement d’un syndicalisme de lutte et de transformation progressiste ». Par contre, le congrès n’a pris aucune décision sur l’adhésion de la FSU à la Confédération européenne des syndicats (CES). Le processus d’adhésion a été reporté et une décision ne sera prise que fin 2010 après une consultation des syndiqués car, pour la FSU, la CES « inscrit sa démarche dans un aménagement à la marge des politiques menées par l’Union européenne et ne travaille pas assez à faire converger les luttes menées dans les différents pays ». Cette analyse constitue en quelque sorte une réponse aux syndicalistes qui affirmaient il y a quelques années que l’adhésion de la CGT à la CES contribuerait au changement des orientations de la CES vers le développement des luttes contre les politiques ultralibérales de l’UE. Résultat, la CES s’est mobilisée pour faire adopter le projet de Constitution européenne et s’est félicitée de la mise en œuvre du Traité de Lisbonne, a accepté la flexisécurité et ne défend que des mesures d’adaptation au capitalisme. Au final, c’est la CGT qui s’est glissée dans le moule de la CES, notamment sur le plan de la solidarité internationale. C’est ainsi qu’au cours de la manifestation du 6 février de soutien à la Palestine à Paris, de nombreux syndicalistes se sont étonnés de l’absence de la CGT parmi les organisateurs. Faisant le lien entre cette carence et la CES, un syndicaliste de la Poste, rencontré dans la manifestation, m’a rappelé que la décision d’adhésion de la CGT à la CES avait été prise d’en haut, sans véritable débat dans les fédérations, ni dans les unions départementales et locales. On peut comprendre dans ces conditions que la FSU hésite à entrer dans la CES qui peut constituer un carcan pour l’action syndicale.

L’EUROPE EN BREF

- Pour la première fois depuis 1998, le taux de chômage dans la zone euro a atteint le seuil symbolique des 10% de la population active d’après Eurostat ; à l’été 2008, il n’était encore que de 7,5%. Il a atteint 10% en France et près de 20% en Espagne. Dans l’ensemble des 27 pays de l’Union européenne, le nombre de chômeurs est de 22,9 millions.

- 2010 a été proclamée par le Parlement européen et les Vingt-Sept « Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale » ; ministres et associations se préparent à multiplier les discours et les colloques qui ne changeront rien à la situation des plus démunis victimes des politiques antisociales.

- Président de la commission santé de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Wolfgang Wodarg, médecin épidémiologiste, a dénoncé « la pression des laboratoires pharmaceutiques » dans la lutte contre le virus H1N1 ; dans la foulée, des parlementaires ont réclamé la création d’une commission d’enquête pour évaluer « la menace des fausses pandémies pour la santé ».

- Le commissaire Joaquin Almunia s’est engagé à faire respecter la concurrence libre et non faussée sur le plan européen ; c’est un socialiste basque, également syndicaliste de l’UGT, qui s’inspire du gouvernement espagnol qui impose une cure d’austérité aux travailleurs.

- Le revenu des agriculteurs a enregistré une chute de 34% en 2009 sur le plan européen ; de nouveaux coups durs sont encore à prévoir dans les années qui viennent et notamment à l’horizon 2012-2013 avec une nouvelle révision de la Politique agricole commune (PAC).
- Suivant les recommandations de sa commission des libertés civiles, le Parlement européen a rejeté le 11 février à une forte majorité (378 voix contre 196) l’accord Swift permettant aux Etats-Unis d’avoir un droit de regard sur les données bancaires des citoyens des pays de l’UE. Cet accord avait été accepté le 30 novembre 2000 par le Conseil. Le Parlement européen a voulu adresser un message clair aux Etats-Unis : la lutte contre le terrorisme ne peut justifier la violation des droits fondamentaux et de la protection des données à caractère personnel.



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