Les musulmans, un mauvais argument de campagne

mardi 2 mars 2010
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Un cri de colère lancé depuis l’Algérie face au climat entretenu et aggravé depuis de nombreux mois par la droite au pouvoir et difficilement contré par une gauche qui a du mal à (re)trouver tous ses repères et une cohésion.
Au delà des exemples donnés la montée organisée du racisme est un phénomène réel ressenti avec force par des populations entières et qu’il faut combattre.

Sarkozy sort sa grosse batterie, caressant sans retenue, dans le sens du poil, les sentiments xénophobes et racistes visant les immigrés – et les musulmans en particulier. Création de “zones d’attente spéciales” pour les indésirables, agrément de listes antiminarets pour les élections régionales, haro crié sur les produits halal… La liste islamophobique est loin d’être close. Le débat sur l’identité nationale, inventé pour stigmatiser l’islam, a échoué ? Qu’à cela ne tienne, le président français rebondit en transposant Guantanamo dans son pays, dit “des lumières et des libertés" ! Et c’est à l’ex-socialiste Eric Besson que revient la charge de mettre au point ce nouvel instrument anti-immigrés. Le ministre va déposer un projet de loi destiné à favoriser la création de "zones d’attente spéciales" pour les étrangers sans papiers. Le projet sera présenté en Conseil des ministres début mars… juste avant les régionales. Il prévoit de véritables Guantanamo, où seront parqués les étrangers entrés clandestinement en France et les immigrés indésirables à renvoyer dans leur pays d’origine.

Les harragas seront ainsi entassés sur un site le temps qu’il faudra à l’administration pour établir les papiers de leur conduite hors de France. Les formalités d’expulsion seront simplifiées pour faire partir les indésirables au plus vite, sans délai et sans aucun recours. Ils auront 48 heures pour faire appel, contre 30 jours aujourd’hui. La durée maximale de rétention, elle, serait étendue de 32 à 45 jours, histoire de laisser le temps nécessaire pour convaincre le juge de décider la reconduite. Jusqu’à aujourd’hui, il s’est encore trouvé des juges indépendants pour débouter les instructions d’expulsion de la police ! Cela vient d’être le cas pour les harragas débarqués sur les côtes corses, les juges ayant exigé de l’administration qu’elle examine leur demande d’asile avant de prendre cette mesure radicale.

C’en est fini de l’hypocrisie "France, terre d’asile et des droits de l’homme". Le Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI) évoque déjà l’instauration d’un "régime d’exception en matière de droits". Et ce n’est pas la validation par le ministre de l’Intérieur d’une liste antiminarets aux élections régionales qui va contredire la lepénisation de la France officielle. Cette liste d’extrême droite pour la région Franche-Comté, composée du MNR, du Parti de la France, de la droite nationale et du Front comtois, s’intitule “Ligue comtoise, non aux minarets”. Le programme est clair : plus de musulmans dans la région. Quelques Français qui continuent à faire honneur à la France tolérante ont demandé à la préfecture d’invalider cette liste, contraire aux valeurs républicaines. Le préfet leur a rétorqué : La “Ligue comtoise, non aux minarets” est conforme au Code électoral ! L’effet dominos n’a pas tardé. La préfecture de Moselle a également enregistré une liste “Non aux minarets”.

Même l’alimentation halal s’est invitée dans cette guerre contre l’islam, menée tambour battant en prévision des régionales. Depuis novembre, la chaîne de restauration rapide Quick a rayé le porc de sa carte dans ses établissements en milieu musulman [elle ne propose plus que de la nourriture halal dans huit de ses 350 restaurants français, notamment à Roubaix]. René Vandierendonck, le maire socialiste de Roubaix, s’en est pris à elle [il a porté plainte pour discrimination]. Le PS joint ainsi, sans état d’âme, sa voix à celle des lepénistes dont la raison d’être a toujours été la guerre contre les étrangers qui mangent le pain des Français ! Même posture antimusulmane chez le Parti de gauche, mené par un ex-cacique du PS, Jean-Luc Mélenchon. La direction du parti a désavoué Jean-Yves Causer, le candidat du Front de gauche [auquel appartient le Parti de gauche] aux régionales en Alsace, qui s’était prononcé pour que l’islam soit enseigné à l’école dans la région, au même titre que le catholicisme et le judaïsme. L’islamophobie a donc gagné même la gauche.

Rappelons aussi les cris d’orfraie lancés par la classe politique française contre le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot, qui a osé faire figurer, sur sa liste aux régionales en PACA, une musulmane portant le foulard ! [Ilham Moussaïd] Jamais un gouvernement et la classe politique français n’auront autant abusé du fantasme de la peur de l’étranger, et principalement de l’islam. Si on devait trouver un équivalent, il faudrait aller chercher du côté de la France pétainiste, lorsque les juifs étaient pourchassés.

Par Djamel Bouatta paru dans Liberté le 22/02/2010

Transmis par Linsay


L’image en médaillon n’est pas un montage mais une affiche appelant à une manifestation contre « l’islamisme ». Un thème dont l’extrême droite n’a plus le monopole...



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