Bientôt des robots pour surveiller les frontières

mardi 16 mars 2010
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On n’arrête pas le progrès ! Quant à la libre circulation des hommes....

En pleine campagne, un homme trouve une faille dans le mur qui le sépare du pays voisin. Il s’y faufile et se retrouve nez à nez avec un robot aux allures de mini-char d’assaut équipé d’une caméra. Alors qu’il passe devant l’objectif, le robot commence à le suivre et la voix d’un garde-frontière résonne dans ses haut-­parleurs. L’homme est prévenu qu’il vient d’entrer illégalement sur le ­territoire et que, s’il ne fait pas immédiatement demi-tour, il sera suivi et filmé par cet engin jusqu’à ce que ­des gardes-frontières procèdent à son interpellation. C’est ce qui pourrait se passer le long des frontières européennes dans un avenir pas si lointain.

Face aux craintes liées à l’immigration clandestine, au terrorisme international et aux activités de contrebande, plusieurs pays envisagent de surveiller leurs frontières à l’aide de capteurs et de robots. C’est du moins ce que l’on a pu apprendre, en novembre dernier, lors d’une conférence sur la sécurité nationale qui s’est tenue à Leeds, au Royaume-Uni. La nécessité de surveiller ses ­frontières est la même partout dans le monde : l’Inde est en train de construire un mur de béton (avec barbelés) de 3 mètres de haut et de 3 400 kilomètres de long afin de mieux s’isoler de son voisin bangladais, ­tandis que la Libye augmente ses patrouilles et les équipe de nouveaux instruments de détection. Le pays a signé un accord avec l’Union européenne afin de limiter le flux de migrants en provenance d’Afrique subsaharienne qui transitent par son territoire avant de traverser la mer Méditerranée pour entrer en Italie. Pour ce faire, le gouvernement libyen a dépensé 300 millions d’euros pour l’acquisition du “système de contrôle et de surveillance frontaliers à grande échelle” mis au point par Selex Sistemi Integrati, une filiale du groupe aérospatial italien Finmeccanica. Selon les responsables de Selex, le système repose sur des capteurs sonores et à infrarouge contrôlés à distance. ­Disséminés le long de la frontière libyenne, ils fourniront des informations qui seront ensuite traitées au niveau de centres de commandement et de communication.

Une armée de drones à 20 millions d’euros

Aux Etats-Unis, le ministère de la Sécurité intérieure s’est associé à Boeing Intelligence and Security Systems dans le cadre du Secure Border Initiative Network (SBINET), un projet de 8 milliards d’euros.

Ce plan devrait se traduire par l’installation de près de 400 pylônes de 25 mètres de haut, semblables à des antennes téléphoniques, à l’intérieur desquels seront disposés toute une série de capteurs optiques et de caméras à infrarouge télécommandées. Disséminés sur 3 000 kilomètres le long de la frontière, ces pylônes seront en outre équipés de détecteurs à bande X – des radars terrestres opérant dans la bande de fréquences de 10 gigahertz et capables de détecter une présence humaine –, ainsi que de capteurs de sons et de vibrations qui épieront les voix et les bruits de pas. Tous ces appareils pourront prévenir les patrouilles de gardes-frontières en cas d’activité anormale sur un périmètre qui pourra s’étendre jusqu’à 10 kilomètres de la frontière. C’est du moins ce qu’affirme Mark Borkowski, responsable du projet SBINET pour les douanes américaines (US Customs and Border Protection Agency), à Washington.

Le principe est le suivant : les caméras des robots zooment automatiquement sur le périmètre signalé par les radars ou les capteurs. “Ensuite, nous analysons la situation afin de déterminer notre réponse : ­­s’agit-il d’une vache égarée ou d’un être humain ? Si c’est une personne, est-elle en possession d’armes ou de drogue ?” explique Borkowski. En Europe, la société IAI participe au programme TALOS (Transportable Autonomous patrol for Land bOrder Surveillance), qui ­prévoit d’utiliser des robots-caméras mobiles équipés de détecteurs (comme celui mentionné au début de cet article), ainsi que des drones aériens en lieu et place des enceintes et des capteurs fixes.

La frontière orientale de l’Europe des Vingt-Sept est perméable et ne peut pas être surveillée par des moyens conventionnels, explique Agnieszka Spronska, de l’Institut industriel d’automation et de mesures (PIAP), à Varsovie. Le PIAP est la tête d’un consortium de dix pays qui a consacré 20 millions d’euros à la mise au point d’un réseau de surveillance constitué de robots, de drones et de centres de commandement mobiles. “TALOS sera parfaitement adaptable à la zone à surveiller. Vous pourrez utiliser autant d’unités que vous le souhaitez sans avoir à recourir à des éléments fixes”, poursuit Spronska.

Mais qu’en est-il du respect de la vie privée des habitants vivant à proximité de ces zones surveillées vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept ? “Nous veillons à empêcher tout usage illégal ou non autorisé des caméras et des capteurs, mais c’est effectivement un sujet délicat, reconnaît Spronska. Il est tout à fait normal que les gens se posent ce genre de questions.”

Par Paul Marks dans New Scientist le 11/02/2010

Transmis par Linsay


TALOS, le programme européen de surveillance frontalière automatisée
Mythologie

TALOS (Transportable Autonomous patrol for Land bOrder Surveillance), le programme européen de surveillance frontalière automatisée, porte le nom d’une figure de la mythologie grecque. Cet automate géant en bronze forgé par Héphaïstos, le dieu de la Métallurgie, était le gardien de la Crète chargé de repousser les intrus hors de l’île.



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