Sarkozy père : le supplice de Pal

jeudi 8 avril 2010
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Un livre, une exposition de peinture à Paris : après l’omniprésident, voici l’omnipaternel, désinvolte et encombrant. Le soleil élyséen doit briller pour tout le monde.

« On m’a souvent reproché mon manque de discrétion », avoue cet homme de 82 ans à peine voûté.

Paradoxe : ses proches lui ont davantage reproché son absence.

En 2005, à la télévision, son fils Nicolas, élevé par sa mère et son grand-père, avouait pathétiquement :
« A part d’un père, je ne manque de rien ».

Aujourd’hui, Pal (francisé en « Paul »), l’homme qui n’était pas là, est partout dans les médias.

De son livre (une conversation enregistrée), il assure avoir envoyé le manuscrit au président de fils, qui n’a rien voulu corriger.

On le comprend, Pal est incorrigible.

L’essentiel de ses Mémoires est consacré à conter et recompter ses conquêtes féminines, sa grande affaire depuis que sa main d’enfant s’égara sous les jupes d’une nurse dévouée.

Entre lui et et les femmes, c’est du sérieux.

Pourtant, il se défend d’avoir été un séducteur (« J’ai été choisi par les femmes »), même s’il reconnait avec désinvolture que son cas est sans espoir (« demandez à un alcoolique de s’arrêter »).

Vu cette addiction revendiquée le titre de son livre est donc bien choisi :« Tant de vie ».

Ou « Tant de vit » comme l’entendra un lacanien [1].

Cela suffit-il à faire un « fabuleux destin » (TF1 dixit) ?

Pour se fabriquer une légende, Pal a des compétences.

C’est dans la « réclame » qu’il fit carrière, créant des pubs et des slogans pour crèmes antirides. et lotions antisolaires.

Toujours la peau des femmes...

L’art de l’emballage n’ayant pas de secrets pour lui, on prendra avec prudence sa version de l’exil et de la fuite hors de Hongrie.

Entre les lignes, on devine qu’avant guerre les Sarkozy de Nagy Bocsa, avec leurs terres et leur château, ne haïssaient point le régime du « régent » Horthy, qui deviendra l’allié de Hitler.

Pendant la guerre, un frère de Pal servit même comme lieutenant dans les panzers.

En 1948, alors que s’installe le communisme à Budapest, le jeune Pal décide d’émigrer à Paris, après un court et obscur passage par la Légion étrangère.

Tout cela est raconté avec beaucoup d’ellipses [2].

En 1948, à l’âge de 20 ans, le voici à Paris, « en haillons », dit-il.

L’espace de quelques heures...

Hébergé par une grand-tante, embauché par des émigrés hongrois entreprenants, ce dynamique jeune homme accède rapidement à une vie aisée, toujours logé dans les beaux quartiers.

Comme le dit sa première épouse Dadue (la mère de Nicolas), Pal était un « réfugié de Luxe ».

Malheureusement pour elle, il se réfugiait aussi dans d’autres bras.

A Dadue, qui aujourd’hui répète « il n’était pas là », le père Pal, qui a quitté le foyer quand le petit Nicolas avait 4 ans, répond qu’il s’est occupé de ce fils cadet :
« C’est tout de même moi qui lui ai appris à faire de la voile et du ski nautique ».

Et le jogging ?

Et le vélo ?.

Aujourd’hui, Pal a une curieuse façon de complimenter son fiston président :

« En privé il est chaleureux et gentil, même s’il parle essentiellement de lui ».

Retiré des affaires, vivant sur l’île de la Jatte à Neuilly entouré de toiles et de croûtes, marié depuis quarante ans à la même épouse, papa Sarko produit des tableaux kitsch.

Il en exposera quelques-uns à Paris le mois prochain à deux pas de l’Elysée.

Une nécessité financière, selon lui.

Oui, s’il peint et s’il écrit des livres, c’est qu’il a des fins de mois difficiles :

« Ma retraite ne me suffit plus », s’est-il plaint dimanche sur TF1.

Cela tombe bien : les retraites, son fils a décidé d’en faire la grande réforme de sa fin de quinquennat.

Si la réforme échoue, Bercy n’aura plus qu’une solution : racheter tous les tableaux de papa Pal.

Par Frédéric Pagès dans Le Canard enchaîné du 31/03/2010

Transmis par Linsay


[1« Tant de vie », par Pal Sarkozy, Plon (avec la collaboration de Frédérique Drouin), 263 p., 19€.

[2En 1944, quand le grand-père de Nicolas Sarkozy émigre une première fois avec ses enfants, il choisit l’Autriche, qui fait encore partie à l’époque de l’Allemagne nazie.



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mardi 27 avril 2010 à 16h01 - par  Christian

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