Stéphane Courbit : la loi du coffre et de la demande.

jeudi 22 avril 2010
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Après avoir gagné des millions à Endemol, il utilise son amitié avec Sarko pour faire fructifier ses gains dans la télé et les jeux en ligne.

Encore une victime de ses mauvaises fréquentations.

« Avoir été au Fouquet’s le soir de l’élection de Sarkozy, c’est comme porter l’étoile jaune pendant la guerre. Parce qu’on y était, on ne ferait pas des affaires saines ? », s’indigne un défenseur de Stéphane Courbit.

Le Courbit plie mais ne se rend pas.

Le voici attaqué de tous côtés, traité comme un malfrat, visé par la rumeur qui lui prête une connivence avec le chef de l’Etat au prétexte qu’il festoyait aux Champs le 6 mai 2007.

Le ministre Mitterrand trouve que son rachat de la Régie publicitaire de France Télévisions pose un « problème déontologique ».

Le Parlement débat-il de l’ouverture à la concurrence des jeux en ligne, les socialistes jugent que la réforme « n’a qu’un seul objectif : faire faire des millions de bénéfices à M. Courbit ».

Tout ça parce que Cécilia avait pensé à lui envoyer un carton d’invitation pour trinquer à la santé du nouveau président...

De l’avis de tous, le garçon est rapide, brillant, intelligent, inventif et sans un poil d’humour.

A presque 45 ans, ce Drômois a la « tête d’ange », yeux bleus et mèche de diplômé d’école de gestion, qui rassure le bourgeois.

Ses ennemis divergent : Courbit, « un salaud avec une tête d’ange » ou un « enfoiré avec une tête d’ange » ?.

Quand il quitte Endemol en 2007 avec 240 millions d’euros en poche, il porte plainte pour obtenir un petit supplément de 10 millions.

Il part aussi avec les deux coffres-forts de la maison.
« Rien que des affaires personnelles dedans », explique-t-il avant de renvoyer deux coffres neufs avec leurs étiquettes à son ancienne maison.

Après son départ, il manque 7 millions d’euros dans les caisses, la moitié de la somme due par TF1 pour l’émission « Secret Story ».

La chaîne a bien payé, mais à une société créée par deux potes de l’ancien patron !...

Courbit adore jouer avec les lignes.

Ce fils d’une postière et d’un cadre du Crédit agricole sait y faire avec les banquiers.

Il a une phrase qui les fait se tordre de rire : « Moi, quand j’avais 20 ans, j’étais nul. Je faisais des faux pour entrer à l’université. ».

Il est le seul à savoir qu’il ne plaisante pas.
L’ancien étudiant boursier est toujours à la limite, obsédé par l’argent et son intérêt perso.

Il s’est fâché avec tous ses proches.

En 2004, il licencie Axel Douroux, alors numéro deux d’Endemol, à quatre mois de l’échéance de son plan de stock-options...

La cour d’appel de Paris accordera à ce dernier 12 millions d’euros.

Il s’est aussi brouillé avec Arthur, « l’animateur le plus con de la bande FM » dont il a fait la star des « Enfants de la télé ».

Depuis qu’ils ont gagné des millions avec Endemol, les deux hommes se battent froid.

Courbit a lâché dans un droit de réponse à « Paris Match » sur l’évasion fiscale :
« Je suis né en France, je paierai mes impôts en France ».

Arthur, né à Casablanca, n’a pas apprécié.

Et le bouclier fiscal de leur ami Sarko ne les a pas raccommodés.

Ah Sarko !

Courbit le connaît depuis qu’il est nouveau riche.

En 1998, il achète une maison en zone non constructible à Neuilly et veut y conduire de menus travaux, genre ajout d’une piscine intérieure.

Mais on lui refuse le permis de construire.

Le maire lui arrange le coup :
« Tu ne touches pas à l’extérieur, tu fais ce que tu veux à l’intérieur. »

Courbit reconnaissant se rend au Palais des sports en 2005 pour aider Sarko à plaider pour la Constitution européenne.

Il a aussi offert un sac Hermès de 4 000 euros à Cécilia.

Endemol a réglé la facture...

Courbit ne dîne pas tous les soirs à l’Elysée.

Mais il fréquente Pierre Charon, son rumeurologue en chef, et Nicolas Bazire, son frère en balladurisme.

Il a aussi Minc pour conseiller, qui lui ouvre beaucoup de portes.

Il a pris Anne Méaux pour soigner sa com’ contre 250 000 euros l’an, et Denis Olivennes, patron de l’« Obs », l’a porté au temple du conformisme français en l’intronisant membre du siècle.

Il se rêve désormais grand capitaliste.

A l’instar des Pinault, Arnault et Bolloré.

Avec ses millions, il a créé Financière Lov, du nom de ses enfants, Lila, Oscar, Vanille.

Lors d’un dîner chez le ministre Mitterrand, il y a quelques jours, une vedette de la télé a fait remarquer qu’il aurait dû l’appeler Vol...

Avec Lov, il a complété sa panoplie de nouveau riche en achetant des hôtels à Saint Tropez et Courchevel, il a investi dans l’électrique avec Direct Energie et lancé Banijay, boîte de prod’ qui cherche à reproduire le modèle Endemol.

Il a pour associés Arnault et la famille Agnelli, du beau linge.

Mais il n’a décroché qu’une seule vraie tête d’affiche en France, Nagui.

Qui a rejoint Europe 1 quand Alexandre Bompard en est devenu président.

Hasard, Bompard est un poulain de Minc !.

Qui le pousse à la tête de France Télévisions à la place de Carolis, coupable de torpiller la privatisation de la régie.

Bompard a aussi signé un accord avec Betclic, la société de Courbit, pour les paris en ligne.

Le monde est petit...

« Les jeux, c’est tout à fait en adéquation avec ce qu’il est : un businessman sulfureux qui assume d’aller braconner aux lisières de la légalité », dit un ancien ami.

Allié à la Société des Bains de mer de Monaco, Courbit a mis à profit son amitié avec Sarko pour anticiper un changement de législation sur les paris en ligne.

Il vient de s’associer avec Christian Bîmes dans une société de droits télé (Sport TG).

L’ancien président de la fédé de tennis, condamné en correctionnelle en 2009 pour prise illégale d’intérêt, avait pour directeur général à la FFT Jean-François Villote, le nouveau patron de l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel)...

Bien sûr, Sarko a bien d’autres préoccupations que les affaires de Courbit.

Il veille juste à ce qu’elles roulent !.

Une régie pour vendre aux annonceurs ses productions et faire de la pub pour ses jeux en ligne, c’est génial !.

Courbit est vraiment bien entouré.

Même s’il accumule les revers.

En trois ans, il a échoué à racheter Endemol, Sportfive, Telfrance, la régie de France Télés n’est pas encore dans sa poche, et Louis-Dreyfus, le groupe de feu le propriétaire de l’OM, vient de renoncer à entrer dans le capital de sa société Mangas Gaming !.

Les temps risquent de devenir plus difficiles pour Courbit or not to be si la cote de Sarko continue à chuter.

Qui prend les paris ?.

Par Jean-Michel Thénard dans Le Canard enchaîné du 14/04/2010

Transmis par Linsay



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