Ralph Lauren le luxe et l’exploitation.

jeudi 29 avril 2010
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Le 14 avril dernier le président de la république remettait la légion d’honneur à Ralph Lauren, patron de boutiques de luxe. L’association Peuples Solidaires, dans 2 communiqués, s’en indignait à juste titre...

L’association rappelait que "les conditions de travail dans
lesquelles sont fabriqués les vêtements de luxe portant son nom demeurent très en deçà de ce qu’exigent les normes
fondamentales internationales de l’Organisation internationale du travail.
Plusieurs fois sollicité à ce sujet, Ralph Lauren
refuse de répondre."
Cette distinction était sensée récompenser l’ouverture à Paris dans un gigantesque hôtel particulier de sa plus grande boutique en Europe. On y trouve "des collections issues d’une production fabriquée à 98% auprès de ses 400 fournisseurs à travers le monde. Or, les
conditions de travail chez ces fournisseurs ont déjà valu à la marque plusieurs campagnes et procès.

Outre son attachement à Nicolas Sarkozy et à son épouse, Ralph Lauren à accepté la Légion d’honneur par ce qu’il « pense avoir fait
quelque chose de bien en France pour mériter ça » [1]. Il fait référence ici à la mise en valeur du patrimoine français permise par la
rénovation du bâtiment qui accueille sa boutique.

Peuples Solidaires s’indigne toutefois de constater que le Président d’une République si souvent présentée comme étant celle du pays
des droits de l’Homme puisse décerner la Légion d’honneur à un homme dont l’entreprise ignore depuis plusieurs années les demandes
qui lui sont adressées par les ouvrières indonésiennes qui fabriquent ses vêtements et dont les droits sont bafoués.

En septembre 2008 Peuples Solidaires lançait un Appel Urgent dénonçant le licenciement abusif un an plus tôt de 19 salariés d’une de
ses usines sous-traitantes en Indonésie, l’usine PT Mulia Knitting Factory. La raison de ce licenciement : la création par ces salariés
d’un syndicat pour défendre leurs droits et améliorer leurs conditions de travail.

Des milliers de citoyens et consommateurs inquiets du sort réservé à ces travailleurs avaient alors écrit à M. Ralph Lauren pour lui
demander d’intervenir en faveur des ouvriers qui fabriquent ses vêtements et dont les droits les plus fondamentaux sont bafoués. Trois
ans plus tard et en dépit d’une mobilisation internationale de la Clean Clothes Campaign [2] dénonçant la discrimination syndicale dont
font l’objet ces ouvriers, rien n’a bougé.

Polo Ralph Lauren refuse purement et simplement de répondre aux demandes des travailleurs
qui fabriquent ses produits, et aux sollicitations des ONG et syndicats européens qui l’interpellent. La création d’un syndicat, par les
salariés de l’usine PT Mulia Knitting Factory en 2007, visait à mettre un terme aux nombreuses violations dont sont victimes les ouvriers
- majoritairement des femmes – de cette usine. Pour Emelia Yanti, secrétaire générale de la Fédération des syndicats indépendants
indonésiens (GSBI), « la direction de l’usine Mulia Knitting multiplie les contrats précaires et applique une politique discriminatoire
envers les femmes. Elle refuse de payer les congés maternité et les indemnités obligatoires de santé et de retraite auxquels ces
travailleuses ont droit. Elles ne bénéficient pas non plus des équipements de sécurité adéquats qui leur permettraient de travailler dans
des conditions sûres ».

De tels abus enfreignent la loi indonésienne, les normes fondamentales du travail ainsi que le code de conduite que Polo Ralph Lauren
s’est elle-même fixé (Polo Ralph Lauren Operating Guidelines). Pourtant, l’élaboration de ce code de conduite en 1997 et l’engagement
souvent mis en avant par l’entreprise dans divers programme philanthropiques témoignent du désir de la marque d’être vue comme une
entreprise vertueuse. Comment Ralph Lauren peut-il donc admettre que de telles violations des droits des travailleurs perdurent chez
ses sous-traitants ?

D’autres entreprises clientes de cette usine, interpellées par la Clean Clothes Campaign, telles que la marque d’habillement américaine
Tommy Hilfiger ont accepté d’ouvrir un dialogue avec le syndicat indonésien et d’intervenir auprès de leur sous-traitant. Si pour l’instant
aucune avancée concrète n’a été obtenue, les démarches engagées par Tommy Hilfiger mettent en exergue la passivité de Ralph
Lauren. Pour Fanny Gallois, chargée de mission Droits de l’Homme au travail chez Peuples Solidaires « il est inadmissible que Ralph
Lauren ne daigne même pas répondre aux milliers de citoyens français et européens qui lui ont adressé des messages
de protestation »."


Contact Presse :
Camille Bethoux, Peuples Solidaires
01 48 58 21 85 / 06 81 26 35 02 - c.bethoux@peuples-solidaires.org

Fondée en 1983, Peuples Solidaires est une association de solidarité internationale. Ses 9 500 membres et
70 groupes locaux soutiennent les hommes et les femmes qui, partout dans le monde, luttent pour leurs droits. Ses deux priorités sont
la souveraineté alimentaire et les droits de l’homme au travail .

Depuis 2009, Peuples Solidaires est associé au réseau international ActionAid,
présent dans 50 pays.


[1Anne-Sophie von Claer, « Ralph lauren ouvre une ambassade US rive gauche », Le Figaro Madame, 12/04/2010

[2La Clean Clothes Campaign est une alliance d’organisations (syndicats, ONG, associations de consommateurs etc.) présente dans 13 pays européens. Elle vise à améliorer les
conditions de travail des travailleurs de l’industrie textile et des articles de sports et à soutenir leurs mobilisations.



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