Le deuxième poumon de la Terre en danger de mort

vendredi 30 avril 2010
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A l’instar de la forêt amazonienne, le bassin du Congo est menacé par l’activité humaine. Et l’instabilité politique qui sévit dans la région n’arrange rien.

Déforestation au Congo

Hier paradis vert sur terre, aujourd’hui région en souffrance : le bassin du Congo et son complexe fluvial sont-ils condamnés ? Les plus pessimistes acquiesceront, les autres rétorqueront qu’il en faut plus pour les détruire entièrement. Le Congo et ses nombreux affluents font partie de l’histoire bantoue [peuples d’Afrique centrale]. Ils accueillent de grandes villes sur leurs rives : Mbandaka, Kisangani, Bangui, Brazzaville. Et Léopoldville, aujourd’hui rebaptisée Kinshasa.

La superficie du bassin du Congo est estimée à 520 millions d’hectares, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La forêt représente à elle seule près de 200 millions d’hectares, soit 38,4 % de la superficie du bassin. Cela représente 30 % de la couverture végétale du continent africain et 19 % des forêts tropicales du monde. Dans ce gigantesque réservoir de biodiversité, quelque 10 000 espèces végétales ont été identifiées, dont environ 3 000 endémiques.

Selon Jacques Diouf, directeur général de la FAO, le bassin du Congo enregistre chaque année une perte de 934 000 hectares de forêt. D’après la même agence des Nations unies, deux causes principales expliquent la diminution progressive de la couverture végétale des pays du bassin du Congo. Il s’agit notamment de l’agriculture itinérante et de l’exploitation du bois de chauffe.

Quatre chefs d’état au secours de l’environnement

Les espèces animales du bassin sont victimes d’un braconnage sans précédent. Les animaux dont la présence favorise l’essor de l’écotourisme sont abattus par les braconniers. Le bongo par exemple, une espèce de grande antilope forestière, est recherché pour sa peau qui serait utilisée par l’industrie occidentale de la fabrication de chaussures.

Initiative lancée par quatre chefs d’Etat de pays d’Afrique centrale (république démocratique du Congo, Cameroun, Congo et Centrafrique), la Commission internationale du bassin Congo-Oubangui-Sangha, plus connue sous le nom de CICOS, a été mise sur pied le 6 novembre 1999. L’une de ses grandes missions est d’améliorer l’exploitation et la gestion du bassin du Congo, tout en rendant le fleuve accessible à la navigation.

Cet accord est arrivé très tard en raison de l’égoïsme et du manque de discernement des chefs d’Etat d’Afrique centrale. Après que leurs pays sont devenus indépendants dans les années 1960, ni Denis ­Sassou-Nguesso, ni Joseph Désiré Mobutu, ni Bokassa et ses successeurs n’ont tenté de préserver les richesses du bassin que leurs pays partagent. Leur priorité était plutôt d’éliminer leurs opposants politiques. Plus récemment, ni la polémique autour de l’immense projet du barrage Grand Inga dans la province du Bas-Congo ni la mort lente du lac Tchad situé aux abords du fleuve Oubangui, un bras du Congo, n’ont poussé les chefs d’Etat à plus de solidarité et de partage.

Le processus autour de l’accord de gestion du bassin du Congo reste également très lent. Les documents instituant cet accord de 1999 n’ont été signés que de manière séparée par les chefs d’Etat concernés et l’organisation n’a véritablement commencé à fonctionner qu’en avril 2004. “Tout de suite, nous nous sommes rendu compte que l’accord en tant que tel ne pouvait fonctionner à cause d’incohérences administratives”, explique le colonel Benjamin Ndala, longtemps fonctionnaire au service de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), aujourd’hui secrétaire général de la CICOS. “Nous nous sommes aperçus notamment que cet accord avait des limites et que la navigation n’était pas assez prise en compte alors que c’était le volet le plus important.”

Des mesures laborieusement mises en place

Un additif englobant l’ensemble des usages de l’eau sur le bassin du fleuve a donc été apporté. Preuve du manque notoire d’implication des pays intéressés, il a été signé à nouveau de manière séparée par les chefs d’Etat sans aucune réunion générale. Et ce n’est que le 22 février 2007 que l’accord – qui précise toutes les missions de la CICOS – a finalement pris effet. Depuis, des mesures sont mises en place. Toujours très lentement. [1]

Par Mame Aly Konte dans le Sud Quotidien du 29/04/2010

Transmis par Linsay


[1La CICOS a notamment participé à une réunion sur le sauvetage du lac Tchad en septembre 2009 et vient de signer une convention de financement de 320 000 euros avec la FAO.



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