Eric Woerth : l’enfance d’un chef trésorier.

lundi 12 juillet 2010
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Un oubli sans doute : dans la biographie officielle d’Eric Woerth sur le site Internet du gouvernement, le ministre du Travail (et des retraites) indique qu’il a bossé chez Pechiney de 1982 à 1990.En réalité, entre 1987 et 1990, il ne travaillait plus chez le géant de l’aluminium.

« Le Canard » s’est permis de reconstituer sa carrière et de mettre son bec dans ces trois années qu’il semble vouloir cacher.

Ce qui serait dommage.

Car, tout petit, Eric Woerth affichait déjà un amour particulier pour le pot de confiture.

Trentenaire en 1987, il est recruté par Jean-François Mancel, le très honnête président du conseil général du RPR, qui lui confie la direction de l’Agence de développement de l’Oise (ADO).

Woerth embauche alors comme adjointe Louise-Yvonne Casetta, la célèbre « banquière » de la Chiraquie dans les années 80 et 90.

Préposée aux fausses factures et aux célèbres mallettes de billets du RPR pendant six ans, celle-ci a besoin d’un point de chute tranquille et moelleux.

— -Etudes délirantes.

Le jeune Woerth va bientôt réaliser des prouesses, saluées, en 1992, par la chambre régionale des comptes.

En deux ans, il augmente son propre salaire de 44%, s’attribue une voiture de fonction (qui n’était pas prévue dans son contrat initial).

Et, surtout, il fait régler par l’AOD ses frais d’avocat pour un litige qui, toujours selon les magistrats, « n’avait qu’un caractère personnel ».

Sans oublier des honoraires illégaux au directeur adjoint du département et d’énormes dépenses de Jean-François Mancel en voyages à l’étranger et déjeuners dans de très sélects restaurants parisiens.

Woerth passe aussi des marchés publicitaires juteux à une boîte qui a le bon goût de sauver de la faillite une petite entreprise appartenant... à Jean-François Mancel.

Le futur ministre manifeste également un goût précoce pour les travaux d’expertise commandés à des sociétés privées.

Ainsi demande-t-il une étude sur les « comportements face à la brosse à cheveux », problématique décisive pour le développement de l’Oise.

De même, il confie à un intervenant extérieur une mission sur la valorisation des « déchets et rebuts de pommes ».

Il était trognon, ce jeune dirlo.

Une autre étude est jugée de « qualité médiocre » par les magistrats.

Mais elle a un mérite : elle a été commandée au cabinet Bossard Consultants.

Celui-là même qui va recruter Woerth aussitôt après son départ de l’Agence de développement de l’Oise.

Le futur trésorier de l’UMP se distingue aussi en réservant dix places (à 300 euros le menu) au « dîner pour la France », organisé en 1988 et destiné à faire cracher au bassinet de la campagne présidentielle de Chirac.

Droit dans ses bottes, le fringant Woerth se justifie auprès de la chambre des comptes en expliquant que ce dîner a pu « contribuer à l’amélioration de la performance des entreprises de l’Oise ».

A son départ de l’ADO, en 1993, Woerth est nommé trésorier du RPR (où il retrouve son amie Louise-Yvonne Casetta), puis directeur financier de la campagne de Chirac à la présidentielle de 1996.

Il a vite appris.

Par Alain Guédé dans Le Canard enchaîné du 30/06/2010

Transmis par Linsay


Jean-François Mancel, l’ancien mentor d’Eric Woeth, a réussi une éblouissante reconversion après sa condamnation pour « prise illégale d’intérêt » dans la gestion du conseil général de l’Oise.
Constamment réélu député, il siège, désormais à la Mission d’évaluation et de contrôle de l’Assemblée, chargée de vérifier la saine gestion des fonds publics.
Et ses collègues s’apprêtent à l’élire, le 6 juillet, au poste de rapporteur de la commission d’enquête sur les médicanismes de la speculation.
Sûrement à l’unanimité.



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