Où l’on reparle de Halliburton

jeudi 22 juillet 2010
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L’ancien vice-président Richard Cheney n’est pas seulement l’architecte de la dérégulation de l’industrie pétrolière, mais aussi l’ancien patron de Halliburton, l’une des plus importantes sociétés de services dans le secteur pétrolier, au cœur de l’enquête sur l’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon.

Cherchant à réduire ses coûts, BP a en effet choisi de sauter les tests de qualité sur l’intégrité des travaux de cimentage du puits qu’il avait confiés à Halliburton. L’une de ces missions consistait à fixer un tuyau d’acier destiné à éviter les échappements de gaz entre le rocher et le tuyau de la pompe. Deux jours avant l’explosion, Halliburton avait recommandé la pose de 21 « systèmes de centrage », déclarant que leur absence conduirait à de « sérieux problèmes d’écoulement ». Ignorant l’alerte, BP décida de n’en poser que six. Une étude de 2007 conduite par le service de gestion des minéraux (Mineral Management Service, MMS) indiquait que le cimentage s’était avéré être le facteur crucial dans 18 des 39 explosions de puits de pétrole survenues dans le Golfe du Mexique au cours des
quatorze années précédentes.

Halliburton a pris les devants, déclarant qu’il serait « prématuré et irresponsable de spéculer sur des causes précises », défendant ses méthodes de cimentage comme « conformes » et correctement « testées ». Le représentant de Californie Henry A. Waxman (démocrate) a toutefois mis en cause la société, en soulignant que « avant, pendant ou après l’opération de cimentage, un apport non détecté d’hydrocarbures a pénétré dans le puits de forage ; une brèche quelque part dans l’intégrité du puits a permis au méthane et probablement à d’autres hydrocarbures d’entrer dans le puits ».

M. James Dupree, vice-président senior de BP pour le Golfe du Mexique, a pour sa part révélé que les premiers tests de pression étaient « peu concluants » et « insatisfaisants ». La suite, selon M. Waxman, n’est pas claire : « M. Dupree a déclaré croire que l’explosion s’est produite quelques instants après le second test de pression ». La conception spécifique du puits de BP, qui utilise un seul long tuyau, le rend particulièrement vulnérable à l’intégrité du cimentage.

Le 20 avril, jour de l’explosion, les employés venaient de recevoir l’ordre de reboucher au ciment les 700 derniers mètres du forage, alors long de 4 kilomètres, pour reprendre le forage dans une autre direction.

Khadija Sharife. Fiscalité, Pétrole dans Le Monde diplomatique de juillet 2010

Transmis par Linsay



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