Eric Ciotti ; salut, c’est Bis de Nice !.

samedi 21 août 2010
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Le double d’Estrosi, « Monsieur Sécurité » de l’UMP, prend soudain la lumière et se sent pousser des ailes.

Toujours plus fort : aux Jeux olympiques d’été de la démagogie sécuritaire, le député zélé Eric Ciotti, 44 ans, pourrait bien remporter la palme du sarkozyste de choc.

Et ce devant le ministre-maire Estrosi, dont il a été l’éternel second.

Qui a eu l’idée en avril de suspendre les allocs aux parents de mineurs délinquants ?.

Ciotti.

Et, trois mois plus tard, de les punir de 2 ans de prison ?.

Encore Ciotti : l’homme qui tombe à pic pour l’Elysée en plein retour aux « fondamentaux » sécuritaires.

Mais qui va garder les enfants, en cas de parent isolé ?.

Là, il sèche, hurle à la « caricature » (France Inter, 10/8) et argue que la mesure, confiée aux juges, instillera surtout la « crainte de la sanction ».

Même au sein du « collectif de droite populaire », un groupement de 35 députés partisans du tout sécuritaire, certains le trouvent « excessif », voire « radical » !.

Lancé en juin, ce collectif a été fondé par les députés sarkozystes Lionel Luca et Thierry Mariani, des « pizzaiolos » comme Ciotti, selon un surnom qui court à l’UMP : c’est-à-dire droitiers d’origine italienne et élus en Provence-Côte d’Azur...

Sur le coup de la prison pour les parents de délinquants, un conseiller raconte que même Hortefeux, pourtant ami et protecteur de Ciotti, « s’est d’abord montré sceptique ».

Mais Ciotti n’a pas que des amis...

Ne reculant pas devant la comparaison historique massue, un socialiste ironise sur son crâne chauve et sa petite taille :

« C’est le Duce en réduction, passé chez les Jivaros ! ».

Il avait aussi été surnommé Beria, l’homme des basses oeuvres de Staline, quand il était chargé des « purges » au sein de la fédération RPR des Alpes-Maritimes (la plus grosse de France)...

Jusqu’ici, il n’a pourtant fait liquider personne.

Halte à la chasse au faciès !.

Car, aux témoignages de nombreux parlementaires, le porte-flingue d’Estrosi, qui a été vingt ans durant son premier collaborateur, tant à l’Assemblée qu’aux conseils régional et général, est aussi « affable », « urbain » et « respectueux de son opposition » que l’autre est sanguin.

« Ce n’est pas un faciste en bottes ; il donne l’impression d’être un doux », explique le député UMP Bernard Carayon, membre du collectif de droite populaire.

L’ascension récente d’Eric Ciotti, c’est l’histoire classique du fidèle lieutenant soudain projeté à la lumière par la grâce de son patron, à qui il doit tout, même le poste de son épouse.

Pour caser son poulain Ciotti à l’Assemblée, Estrosi décide en 2007 de retirer brutalement l’investiture UMP au député sortant de la première circonscription de Nice Jérôme Rivière - du presque jamais vu !.

Même Sarko, pourtant amateur de coups de force, « s’en est étonné », et Hortefeux à dû plaider en faveur de son copain Ciotti.

« C’était en fait un premier pas d’Estrosi dans la reconquête de Nice », explique un conseiller municipal.

Mais, en mars 2008, Ciotti échoue aux cantonales dans sa propre circonscription : une humiliation dont il ne s’est toujours pas relevé.

Son vainqueur, l’avocat PS Marc Concas, qui avait arraché en 2001 ce canton détenu par la droite depuis cinquante-huit ans, résume cruellement :

« Ciotti n’a véritablement gagné qu’une seule élection sur son nom, c’est l’investiture de l’UMP. »

Et de dévoiler avec gourmandise les surnoms de Ciotti et d’Estrosi chez les socialistes :Cortex et Minus, d’après les souris du dessin animé...

Cette défaite de Ciotti ruine le plan d’Estrosi alors tout juste élu maire de Nice, et touché par le cumul des mandats, qui comptait faire de lui son successeur à la tête du conseil général des Alpes-Maritimes.

Qu’à cela ne tienne, Estro provoque à la hussarde une cantonale partielle en convainquant le conseiller général Gaston Franco de démissionner dans le canton de Saint-Martin-Vésubie ( le plus petit du département).

En échange, comme « Le Canard » l’a raconté, d’un poste de conseiller à 7 625 euros, puis d’un siège de député européen et d’un autre de conseiller régional...

« Deux beaux mandats au lieu d’un ! », juge un collègue jaloux.

A ce prix, Ciotti est enfin élu en décembre 2008 conseiller général de Saint-Martin-Vésubie (dont il est natif) par près de 1 200 mille votants (dont 160 procurations), puis porté onze jours plus tard seulement à la tête du conseil général.

Estrosi a bien verrouillé le scrutin au conseil général par un vote préalable du comité départemental UMP !.

« Depuis son élection, Ciotti se montre plus autoritaire qu’il ne l’était, pour montrer qu’il existe en dehors de son chef », juge un ex-collègue.

Troisième fonction servie sur un plateau en trois ans : Ciotti, « très actif » à la commission des Lois de l’Assemblée, est nommé secrétaire national de l’UMP à la sécurité en mars 2009, puis rapporteur du nouveau projet de loi sur la sécurité (Loppsi 2), alors qu’Estrosi avait été rapporteur du précédent en 2002.

La sécurité est-elle une marotte sincère ?.

Plutôt un fonds de commerce opportuniste :

« Tout chez lui est calculé », juge son homologue PS à la sécurité Jean-Jacques Urvoas.

Il lui arrive pourtant de se démarquer de la ligne de l’Élysée, où il est régulièrement reçu par Claude Guéant dans le petit groupe des chouchous sarkozystes : en 2009, il réclame ainsi un moratoire sur la TVA à 5,5 sur la restauration, faute de répercussion suffisante sur les prix !.

A rebrousse-poil de son électorat et de son parti...

Il se fait aussitôt remonter les bretelles par le Château.

« Il a des convictions à lui, notamment sur la famille, mais il est habile et prudent ; il ne pousse pas du col, il n’est pas pressé », juge le porte-parole adjoint de l’UMP Dominique Paillé.

Ciotti nourrit l’ambition d’être un jour ministre, mais, sachant qu’il n’y a pas de place pour deux Niçois au gouvernement, il ménage son grand homme.

Un ministre sarkozyste du premier cercle confirme :

« Ciotti fait très attention à ne pas faire d’ombre à Estrosi, qui est à cran ».

Pourvu que Sarkozy, qui considère Ciotti comme un malin et une « fine lame », ne s’amuse pas à le nommer en octobre, juste pour voir...

Ce serait aussitôt la guerre nucléaire à Nice entre Minus et Cortex !.

Par David Fontaine dans Le Canard enchaîné du 18/08/2010

Transmis par Linsay


Sur intervention de l’avocat de M. Ciotti, le médaillon représentant l’image que nous nous faisions de ce monsieur a été censurée..



Commentaires

samedi 3 septembre 2011 à 09h47

PAS GRAVE. ILS ONT DE SAINES LECTURES PUISQUILS LISENT ROUGE MIDI
LINSAY

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