Suicides : France Télécom garde le rythme !

mardi 21 septembre 2010
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Après le suicide du lundi 28 Septembre 2009, le PDG de France Télécom s’était rendu sur place. Après une entrevue avec les syndicats, en regard des propositions qui lui avaient été remontées, le PDG avait annoncé la fin de la mobilité interne fortement recommandée tous les 3 ans. Depuis nous avons appris que ce ne serait qu’une suspension jusqu’au 31 Octobre…

Il faut savoir que cette histoire de mobilité tous les trois ans est un grand classique dans les grands groupes. Certains l’utilisent, plus intelligemment, comme durée minimale pour prétendre (pour un employé) changer de poste. Ceci étant justifié par le fait qu’il est difficile d’être efficace à un poste si l’on n’y reste moins de trois ans.

En temps de crise, la limite des trois ans est transformée parfois en 3 ans maximum ce qui est ridicule. En effet, si à moins de 3 ans dans le même poste l’entreprise y perd, à plus de trois ans, elle y gagne ! Quelqu’un de bien formé qui connaît le métier et toutes ses astuces est un gain. Il y a toutefois une limite : lorsqu’un salarié est depuis trop longtemps au même poste il risque de perdre de sa motivation ou de ralentir le rythme (de s’encroûter pour parler trivialement).

Toutefois la limite est floue car différente pour chaque personne. Il y a même des cas ou les employés restent motivés et efficaces après de très longues années. Dans ces cas précis, le point le plus à craindre étant le manque d’imagination et de nouveauté qu’apporterait du sang neuf (même débutant) dans la fonction.

Pour en revenir au cas de de l’opérateur historique, on pourrait craindre, au vu des nombreux témoignages d’employés, que cette ‘astuce’ soit utilisée comme épouvantail forçant les plus anciens à partir. Dans cette hypothèse nous serions dans la partie la plus absurde et inhumaine du management moderne. Une telle attitude, en plus d’être immorale, est contre-productive. En effet, les clients de l’entreprise en garderont une bien mauvaise image, ce qui, nous le savons tous, est un point cher à (re)conquérir. Pourquoi certaines entreprises dépensent-elles des millions d’euros en sponsoring ? Pour l’image de marque ! Les clients sont donc impactés, certes, mais pas uniquement, les futurs candidats de talent fuiront l’entreprise car symbole de casse sociale et d’immoralité notoire.

Appauvrissement en forces vives, découragement des employés épargnés, fuite des clients, voila les conséquences réelles d’un tel management (en plus de son immoralité). Il s’agit donc d’un mauvais plan… à long terme.

Évidemment, dans le cas improbable que le but soit de passer de 100 000 employés à, disons, la moitié en un temps record (pour que cela coûte le moins possible), ce plan serait peut-être rentable. Mais immoral et générateur de gâchis divers et variés. Rentabilité immédiate ? Oui mais a quel coût pour le moyen et long terme. Nous connaissons tous l’histoire d’une grande entreprise de télécommunication qui après que son PDG ait déclaré vouloir « une entreprise sans usine » n’en finit plus de chuter (en bourse et en résultats financiers). Pour les dirigeants de l’époque, aucune sanction, au contraire (bonjour les parachutes en or). C’est bien là le problème. Les décideurs d’aujourd’hui ne sont pas les payeurs de demain, il auront même droit à l’absolution !

Mobilité forcée au point mort chez France Télécom, mais pour combien de temps ? Messieurs les journalistes, c’est vous qui avez la réponse à cette question…

5/10/09 : Le numéro 2 de France Télécom est viré. Dommage d’avoir attendu si longtemps pour s’apercevoir qu’il n’était pas à la hauteur… On ne peut s’empêcher de penser que le numéro 2 était bien pratique comme fusible. Qui vient ensuite ?

6/10/09 : le PDG de France Télécom stoppe la mobilité jusqu’à la fin de l’année. Il indique par ailleurs que la mobilité future ne concernera plus les employés n’ayant plus que 3 ans avant la retraite et ne pourra s’appliquer dans les cas où les 3 ans au même poste n’est pas encore atteint (sic !). Ça va bien faire avancer le problème ca…

8/10/09 : d’après Rue89 les chiffres des suicides sont faux ou mal comptabilisés et il n’y aurait jamais eu aussi peu de suicides :

- 2000 : 28 suicides pour un effectif de 130 000 (taux de suicide : 0,21%)
- 2001 : 23 suicides pour un effectif de 122 000 (0,18)
- 2002 : 29 suicides pour un effectif de 116 500 (0,24)
- 2003 : 22 suicides pour un effectif de 116 000 (0,19)
- 2004-2007 : n.c.
- 2008 : 12 suicides pour un effectif de 92 000 (taux de suicide : 0,13%)
- 2009 : 12 suicides à la date du 1er octobre

15/10/09 : Nouveau suicide d’un salarié de FT. Il s’agit d’un ingénieur en recherche et développement.

30/11/09 : Un médecin du travail démissionne chez France Télécom. Un article du Parisien indique qu’ils seraient une dizaine à avoir démissionné. D’après ce médecin rien n’aurait changé sur le terrain.

19/02/10 : Encore un suicide chez France Télécom. Le salarié décédé est un dessinateur-projeteur de 53 ans travaillant dans l’est parisien. Ceci porte a 6 le nombre de suicide en 2010. Heureusement que l’entreprise s’en occupe…

26/02/10 : Deuxième suicide de la semaine chez France Télécom (tous les deux sur le site de Lens). Ceci porte à 7 le nombre de suicide en 2010. Mais que foutent-ils à France Télécom ?

11/03/10 : Un homme de 44 ans s’est suicidé dans la nuit de mercredi à jeudi. « C’est la consternation et l’incompréhension la plus totale », témoigne Christian Pigeon, du syndicat Sud-PTT. Salarié dans l’Unité d’assistance technique (UAT) de Lille, ce père de trois enfants était un cadre « unanimement apprécié, qui avait une progression de carrière remarquable », d’après la direction de l’entreprise, qui n’exclut « aucune piste sur les causes du drame ».

12/03/10 : Un rapport de l’inspection du travail accuse l’opérateur d’être en partie responsable du suicide d’un de ses agents dans le Doubs. Nicolas, jeune technicien énergie-climatisation, est muté d’office dans une unité d’intervention chargée de dépanner les clients de France Télécom en janvier 2009, « alors qu’il a été laissé seul face aux clients (…) et qu’il n’a pas reçu de formation théorique adéquate à son nouveau métier, notre enquête a montré que les objectifs commerciaux et de productivité de Nicolas étaient les mêmes que ceux assignés au groupe, et qu’évidemment il n’arrivait pas à atteindre certains de ses objectifs », accuse l’inspection du travail.

17/03/10 : la justice vient d’ouvrir une information judiciaire pour « homicide involontaire » à propos du suicide du jeune technicien Nicolas.

24/04/10 : Le Parisien : « Toulouse : un salarié de France Télécom se jette d’un pont. Un salarié de France Télécom a été transporté à l’hôpital dans un état grave après avoir tenté de se jeter d’un pont surplombant la rocade de Toulouse en milieu de matinée. Un porte-parole de France Télécom a confirmé l’information révélée par France 3 Sud indiquant que la victime était un « salarié d’une équipe d’intervention technique basée à Toulouse et intervenant sur la Haute-Garonne ». « Ce salarié n’avait pas de problème, à notre connaissance, avec ses collègues ou avec sa hiérarchie, nous n’avons pas de détail sur son état et souhaitons de tout cœur son rétablissement », a indiqué le porte-parole de l’entreprise. »

11/05/10 : Le NouvelObs indique qu’ « un cadre supérieur de France Telecom âgé de 57 ans s’est donné la mort dans la nuit du lundi 10 mai au mardi 11 mai à son domicile de Marcq-en-Baroeul, près de Lille, apparemment pour des raisons personnelles, a-t-on appris auprès de l’entreprise. Il s’agit du deuxième suicide en deux jours d’un salarié de l’opérateur dans l’agglomération lilloise. Lundi, le corps d’un technicien de 52 ans avait été retrouvé à son domicile de Loos. », « 35 salariés de France Télécom se sont suicidés en 2008 et 2009. »

15/07/2010 : Le Monde : « C’est un geste symbolique fort : Stéphane Richard, le nouveau directeur général de France Télécom, a décidé mardi 13 juillet de classer le suicide il y a un an d’un salarié en accident du travail, malgré des avis défavorables de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et d’une commission interne. »

01/09/2010 : Le Monde : « "Attention ! Le site auquel vous tentez d’accéder est classé dans une catégorie interdite car il ne présente pas d’intérêt professionnel." Depuis une dizaine de jours, les salariés de France Télécom ne se heurtent plus à cette interdiction de se connecter, à partir de leur poste de travail, au site de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées.”. » Quel progrès ! On voit qu’ils font un vrai travail de fond sur les problèmes de suicide chez France Télécom !

10/09/2010 : Le Parisien rapporte 5 suicides supplémentaires en une semaine : « Depuis janvier 2010, 23 salariés du groupe qui compte plus de 100 000 salariés en France se sont suicidés. Fin 2009, une vague de suicides avait mis au jour une grave crise sociale à l’intérieur du groupe. Au total, direction et syndicats ont dénombré 35 suicides, certains sur le lieu de travail, en 2008 et 2009. ».

Aussi, est-on en droit de se demander si France Télécom ne se fiche pas du monde sur la question des suicides car en 8 mois nous en sommes à 23, soit, si la tendance continue : 35 à la fin de l’année !

Comme le dit la CGT dans son communiqué du 10 septembre : « (...)cette situation dramatique est inacceptable.

Tout confirme la profondeur de la crise ; force est de constater que les premières mesures prises sont loin de répondre au besoin de transformation de l’entreprise. S’engager à remettre l’humain au centre ne suffit pas.

Il faut véritablement prendre des mesures novatrices pour Ré-humaniser France Télécom. En privilégiant en permanence dans les discours les actionnaires les directions confirment le décalage qui existe entre le vécu des salariés et les annonces faites.

Dans les négociations qui se tiennent, la CGT ne cesse de dire que les mesures sont insuffisantes et se mettent trop lentement en œuvre. Ce sont ces raisons qui ont conduit la CGT à ne pas signer les derniers accords.

La CGT demande au Directeur Général, Stéphane Richard, la tenue d’une réunion d’urgence avec l’ensemble des organisations syndicales. Les négociations locales piétinent. Les méthodes de management par objectifs et les pressions en cause dans la crise actuelle ressurgissent. »

D’après Eugène, blogueur associé Marianne 2 le 15/09/2010

Transmis par Linsay



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lundi 22 novembre 2010 à 01h13
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lundi 22 novembre 2010 à 01h07 - par  tendaime

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