Regards de novembre 2010

lundi 22 novembre 2010
popularité : 3%

Paris et Londres relancent la course aux armements

Quelques mois après avoir réintégré le commandement militaire de l’Alliance atlantique et quelques jours avant le Sommet de l’OTAN, qui doit définir une nouvelle stratégie, le gouvernement français poursuit sa politique de relance de la course aux armements. Le 2 novembre, Nicolas Sarkozy et David Cameron ont signé un accord de partenariat dans le domaine militaire. Cet accord, qui devrait coûter des centaines de millions d’euros aux deux pays, prévoit la mise sur pied d’une force militaire conjointe d’intervention extérieure, le rapprochement des industries de défense française et britannique ainsi que le développement de nouvelles technologies, notamment dans le domaine nucléaire. L’objectif commun est de modéliser la performance des armes nucléaires et de les miniaturiser, donc de favoriser le développement de l’arme nucléaire, en violation totale avec le Traité de non prolifération nucléaire (TNP). L’UMP et le Parti socialiste se sont félicités de cet accord contrairement au PCF qui a dénoncé « une inacceptable course aux armements nucléaires ».

Comme pour l’implication militaire croissante de la France en Afghanistan aux côtés des Etats-Unis, Nicolas Sarkozy s’est engagé dans ce partenariat avec la Grande-Bretagne, qui s’inscrit dans la poursuite d’une dérive atlantiste, sans aucun débat public, ni même une consultation du Parlement national. Ne faudrait-il pas relancer la campagne de pétition qui avait connu un certain succès en 2009 pour le retour des soldats français et la fermeture des bases françaises à l’étranger ?

Dans le prolongement de la manifestation du 20 novembre à Lisbonne, à l’appel du collectif portugais d’associations et de partis, dont le PCP (à laquelle participent de nombreux militants français), pourquoi ne pas relancer une campagne sur le double thème : SORTIR DU BOURBIER AFGHAN - NON A LA DERIVE ATLANTISTE ET A L’OTAN ?

VERS UNE REVISION DU TRAITE CONTRE LES PEUPLES

Le Conseil des ministres des finances du 7 septembre avait entériné la proposition de la Commission européenne d’effectuer chaque année un examen préalable des budgets des Etats membres avant leur adoption par les parlements nationaux. Ce contrôle a priori des budgets nationaux constitue une atteinte grave à la souveraineté populaire (voir « Regards d’Europe » de septembre 2010). Mais certains Etats membres ainsi que la Banque centrale européenne (BCE) jugeaient que cet accord n’était pas assez contraignant et manquait de sévérité vis-à-vis des pays « laxistes ».

Les gouvernements allemand et français ont repris le dossier et renforcé les moyens de lutte contre les déficits publics. Dans la déclaration adoptée à l’occasion de la rencontre tripartite Allemagne-France-Russie le 18 octobre à Deauville, les gouvernements français et allemand expriment leur accord « sur la nécessité de renforcer le gouvernement économique européen (...). Ils soulignent que les procédures qui assurent la surveillance budgétaire et la coordination des politiques économiques devraient être renforcées et accélérées ». Pour ce faire, ils proposent « une gamme de sanctions plus large qui devraient être plus automatiques » et détaillent les mesures à mettre en œuvre : sanctions automatiques si un Etat membre n’a pas pris les mesures correctrices nécessaires, placement sous la surveillance du Conseil d’un Etat membre affecté d’un déséquilibre persistant. Pour atteindre ces objectifs, la France et l’Allemagne jugent nécessaire une révision du Traité d’ici 2013 afin de permettre notamment la suspension des droits de vote de l’Etat responsable « d’une violation grave des principes de base de l’Union économique et monétaire ».

Les grandes lignes de l’accord franco-allemand ont été entérinées par le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des 28 et 29 octobre qui a accepté de s’engager sur une modification limitée du Traité. Naturellement, il n’est pas question pour les 27 d’ouvrir « la boîte de Pandore » de la révision du Traité ! Comme le souligne « Le Figaro » du 29 octobre, « le souvenir reste cuisant des non français, néerlandais et irlandais ». Pour éviter toute expression démocratique des peuples, le Traité a prévu un mécanisme accéléré sans ratification avec simplement une approbation formelle de chaque Etat membre après adoption par le Conseil européen à l’unanimité.

Avec cet accord du Conseil européen, le corset imposé aux budgets nationaux est serré d’un cran supplémentaire et les Parlements nationaux devront le subir sans pouvoir le desserrer. Ils n’auront plus aucune liberté de choix sur le budget, élément essentiel de la démocratie et contribueront à imposer aux peuples la camisole de la rigueur.

Quel mépris de la souveraineté populaire !

L’EUROPE EN BREF..........

. Dans son rapport annuel sur l’éducation, l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économiques) s’est prononcé pour un système éducatif au service des entreprises grâce à une « optimisation du rendement des systèmes d’éducation ».

. Les ministres de l’Agriculture puis les ministre de l’environnement de l’Union européenne ont rejeté la proposition de la Commission européenne de laisser aux Etats la décision de permettre ou non la culture de plantes OGM sur leur territoire ; en réalité, l’objectif de la Commission était de faciliter l’autorisation de nouveaux OGM pour favoriser leur développement dans l’Union européenne.

. C’est tellement rare qu’il faut le relever : la majorité du Parlement européen s’est prononcée (par 327 voix contre 320) pour un relèvement du congé maternité à 20 semaines (la Commission européenne avait proposé 18 semaines) et sa rémunération à 100% du salaire ; mais aussitôt, des gouvernements, comme la France et la Grande-Bretagne, sont montés au créneau contre cette proposition à l’instar du patronat européen.

. Les groupes Verts et GUE/NGL ainsi que l’intergroupe sahraoui au Parlement européen ont condamné l’escalade de la violence de la part des forces de police marocaines contre la population sahraouie des territoires occupés qui manifeste, toujours de façon pacifique, contre l’occupation et pour le droit à l’autodétermination.

. Au nom du principe de « libre circulation des biens et des personnes », la Commission européenne met en cause le « bouclier fiscal » instauré par Nicolas Sarkozy, non parce qu’il est injuste et constitue un cadeau pour les plus riches, mais parce qu’il ne profite pas aux « exilés fiscaux » qui se font domicilier à l’étranger pour échapper au fisc en France.

. Le Conseil des Ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne a décidé le 27 octobre de maintenir sa « position commune » sur Cuba instaurée en 1996 qui impose des sanctions contre Cuba ; discriminatoire et illégitime, cette « position commune » empêche toute normalisation des relations entre l’Union Européenne et Cuba a souligné Bruno Rodriguez, le ministre cubain des Affaires étrangères.

Jean-Paul Le Marec



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur