« Tapons sur les pauvres… il n’y a pas assez de riches en Roumanie ! »

mardi 23 novembre 2010
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Et dire que les roumains croyaient à un avenir radieux quand le mur de Berlin est tombé !
Quand le capitalisme montre son visage on en arriverait presque à nous faire passer DSK pour un dangereux gauchiste. Curieusement ici le FMI n’a pas pris de mesure de rétorsion pour manque de suivi de ses conseils vertueux...Et dire que la presse avait titré le 25 mars 2009 : « La Roumanie sauvée à son tour de la banqueroute par le FMI et l’UE » !!

Les Roumains ont peur de l’avenir. Peur de tomber malade, de ne pas pouvoir payer leurs médicaments. Peur de ne plus trouver les aliments de première nécessité. Au point que certains commencent à faire des stocks de farine ou d’huile. Psychose devant la crise ?

L’inquiétude est générale et justifiée, et l’attitude du gouvernement qui se veut martial dans ses décisions, appauvrissant sans sourciller la population en omettant de toucher aux riches, ne la rassure pas.
Les mesures gouvernementales prises touchent essentiellement les retraités qui voient leurs pensions baisser de 15 %, alors qu’elles sont déjà bien chiches, les fonctionnaires, les professeurs, les médecins hospitaliers, les conducteurs de trains, de bus et de métro, etc., dont les salaires sont amputés de 25 % et des primes qui les doublaient parfois. Les allocations chômage ont également être revues à la baisse.

La moyenne des salaires de la fonction publique est passée de 240 € à 180 €, alors que les loyers peuvent tourner entre 50 et 300 euros par mois, les fruits coûtent entre 0,5 et 2 euros selon les saisons, l’essence est au même prix qu’en France, l’électro-ménager y est plus cher et certains prix sont identiques à ceux pratiqués dans nos supermarchés, notamment en ce qui concerne l’entretien ménager ou les produits corporels de base.

Le ministre des Finances : « Pourquoi tant de cris ? »

Ces mesures touchent de nombreux Roumains, beaucoup dépendant directement ou indirectement de la fonction publique. Un internaute cite en exemple sa famille : ses deux cousines employées dans les administrations de la Justice et de l’Armée, ses deux grands-parents, enseignants retraités, une de ses tantes, professeur de lycée, trois autres tantes et oncles travaillant dans des hôpitaux, un oncle au ministère de la construction.

Mais la crise frappe à tous les niveaux. Le salaire de Mirela, guide dans un musée, a été ramené de 180 à 135 €. Lucia, artiste-peintre, ne vend plus de tableaux. Elle provoque aussi un désordre institutionnel. Au Carrefour de Sighet, les caissières ne délivrent plus de tickets de caisse. Comme d’autres établissements, la direction a décidé de faire la grève fiscale, ne payant plus les taxes. Le travail au noir se développe, sans redouter les contrôles, la Garde financière étant réputée pour son niveau de corruption. Dans certaines régions du centre de la Transylvanie, on assiste même à la réapparition du troc. « Tu me livres du bois de chauffage… j’aide tes enfants à préparer le bac ».

Sébastien Vladescu, 52 ans, ministre des Finances, membre de plusieurs conseils d’administration de grosses sociétés, ne comprend pas le tollé déclenché par sa décision d’amputer d’un quart les salaires : « Pourquoi tant de cris ? Après tout, c’est comme si on mangeait trois quarts de pain chaque jour au lieu d’un entier ! ». Le ministre de l’Education nationale n’avait pas fait lui non plus dans la dentelle peu avant : « Je ne connais pas d’enseignants qui meurent de faim »…

« Le pays a besoin plus que jamais de prières »

Le Premier ministre, Emil Boc, a justifié sa décision d’épargner les fortunes dans son train de mesures en plaidant que « çà ne servirait à rien… il n’y a pas assez de riches en Roumanie ! ». Il ne restait donc plus que la solution de taper sur les pauvres, beaucoup plus nombreux il est vrai. En conservant la taxe unique - inique - tout le monde étant soumis au même régime, sans progressivité des impôts, comme l’avait proposé Dominique Strauss-Khan au nom du FMI, suggérant de toucher en priorité aux gros salaires.

Dans une interview télévisée, le président Basescu a volé au secours de son chef de gouvernement, expliquant pourquoi il n’était pas possible de faire autrement : « Gigi Becali (l’ancien berger devenu milliardaire) ? On ne peut pas lui prendre d’argent… il n’a que des moutons, des terrains et une équipe de foot (le Steaua). Dinu Patriciu (roi du pétrole et plus grosse fortune du pays) ?… ses avoirs se trouvent aux Kazakhstan ou en Amérique. Ion Tiriac (ancien tennisman et deuxième roumain le plus riche) ?… il a mis tout son argent dans les banques en Suisse ». Il ne restait donc plus qu’à faire les poches des retraités à 100 € par mois ou des enseignants débutant à 200 €…

Une institution, respectée, n’a toutefois pas perdu le nord dans cette grande confusion des esprits. Le Patriarcat a appelé les fidèles à continuer à verser leurs oboles pour la construction de nouvelles églises - près d’une par jour - et de la future cathédrale de Bucarest (200 M€)… soulignant que le pays avait besoin plus que jamais de prières !

Source : Les nouvelles de Roumanie le 02/11/2010

Transmis par Linsay

Roms ou pas il ne faut pas dans ces conditions s’étonner des vagues d’immigration...



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