Lettre du KKE (PC de Grèce) aux Partis Communistes et Ouvriers d’Europe

lundi 6 décembre 2010
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Hormis l’élection de Pierre Laurent à la présidence et le lancement d’une pétition pour la création d’un fonds européen de développement social, on ne sait pas grand chose pour l’instant des débats du 3e congrès du PGE (parti de la gauche européenne), congrès qui s’est tenu à Paris le week-end dernier... en même temps que la rencontre mondiale des partis communistes et ouvriers en Afrique du sud [1]...ce qui est quand même une drôle de façon d’aider au rassemblement des « partis frères ».
Le congrès a réuni 25 partis européens (communistes, socialistes, écologistes dont pour la France, le PCF, le PG et la Gauche Unitaire) et 10 partis observateurs.

Le 25 avril 2009 le PC de Hongrie annonçait sa décision de sortir du PGE. D’autres PC européens n’ont pas ménagé leurs critiques vis-à-vis de ce regroupement jugé trop pro UE. Les divergences sont encore apparues en mars dernier à l’occasion de la déclaration de 23 PC européens que nombre de partis membres du PGE (dont le PCF) ont refusé de signer.
Au coeur des débats, le capitalisme est-il réformable, l’UE peut elle devenir un instrument de progrès, le droit international est-il en l’état une référence...

Quand nombre de PC d’Europe pensent qu’il faut en finir avec l’euro et cette alliance qu’est l’UE, Francis Wurtz indique lui que la sortie de l’euro serait "une fausse bonne solution".
Le site du PGE porte d’ailleurs la marque de ces questions puisque si on y trouve pour la période récente, un appel à soutenir la journée d’action de la CES (29 septembre 2010), il n’y a pas un mot sur la manifestation de Lisbonne à l’appel du PC portugais (non membre du PGE) contre le sommet de l’OTAN (20 novembre 2010).
A quelques jours du congrès, le KKE s’est adressé aux partis communistes membres du PGE en leur rappelant ses raisons de ne pas rejoindre ce regroupement.

Chers camarades,

Dans quelques jours aura lieu à Paris le 3è Congrès du dénommé “Parti de la Gauche Européenne”. Le congrès se déroule exactement aux mêmes dates (3-5 décembre) que la Rencontre Internationale des Partis Communistes et Ouvriers qui cette année se déroulera en Afrique du Sud. De cette manière provocatrice et symbolique est illustré le rôle diviseur et subversif du Parti de la Gauche Européenne contre le mouvement communiste international.

Comme on le sait bien, le KKE dès le début s’est positionné contre la possibilité de la fondation de ce “parti européen”. D’autres partis, qui par le passé s’étaient inscrits dans le courant eurocommuniste en Europe et étaient en opposition par rapport à l’URSS et aux autres pays socialistes d’Europe, ont joué un rôle de premier plan dans sa création. Ils ont compté sur le soutien pour cela d’une série de partis qui avaient renoncé à toute référence aux idéaux communistes, comme le parti Synapsismos en Grèce, qui de fait jouent un rôle anticommuniste ferme, ainsi que le Parti Die Linke d’Allemagne. En dernier lieu, un certain nombre de partis communistes ont décidé de participer au Parti de la Gauche Européenne en tant qu’ “observateurs”, en tenant compte de différents facteurs dans chaque cas.

Depuis lors quelques années sont passées et nous considérons que notre appréciation s’est confirmée, quand on évalue l’activité, les thèses et toute l’expérience de l’existence du parti de la Gauche Européenne (PGE)

Dans ses documents de Programme (Statuts et Programme) le PGE rejette toute chose communiste, renonce à la tradition révolutionnaire, il est hostile au socialisme scientifique, à la lutte des classes et à la révolution socialiste. D’après ses statuts, s’intégrant au cadre institutionnel de l’Union Européenne (UE), il accepte l’éternité de l’UE capitaliste et une condition fondamentale de son existence est d’accepter de ne pas remettre en cause le cadre de l’UE.

Cela se reflète aussi dans les documents du 3è Congrès du PGE où, à travers des propositions du type “il faut faire des pas concrets pour que les politiques de l’UE comme celle des gouvernements membres s’écartent du piège des marchés financiers” ce qui est promu c’est la position d’ “humaniser” le capitalisme. Sont proposées comme des mesures de “changement” prétendument “radicales” des mesures de modernisation du capitalisme à travers un objectif en cul-de-sac ayant trait à la “démocratisation de l’Union Européenne”, c’est à dire de l’Union établie par le capital européen en vue d’exploiter plus efficacement les peuples d’Europe et de maintenir sa domination dans l’antagonisme mondial contre les USA et les autres puissances impérialistes.

Le fait que les forces principales dans le PGE, qui se trouvent à la direction du parti et qui élaborent sa ligne politique, opèrent dans le cadre des limites du mode de production capitaliste , est démontré aussi à travers ses appels au soutien de l’Union Européenne impérialiste pour qu’elle joue un rôle plus important au niveau mondial. On voit aussi dans leurs documents qu’ils se placent dans le néo-libéralisme , alimentant chez les travailleurs d’Europe l’illusion que dans le cadre du capitalisme on puisse mener une politique différente qui pourrait soi-disant résoudre les problèmes populaires. Une fois de plus apparaît le rôle dangereux du PGE en tant que véhicule destiné à fourvoyer des forces dans le cadre du capitalisme, et il se place à la remorque de la social-démocratie européenne.

Les larmes du PGE dans ses documents du 3è Congrès concernant la constatation du fait que la dispariton du “socialisme réel” a entraîné la détérioration de la vie des travailleurs, sont de l’hypocrisie. Ce sont les forces qui dirigent le PGE qui ont lutté aux côtés des forces de droite et social-démocrates contre l’URSS et les autres pays socuialistes et qui aujourd’hui acceptent et se servent des arguments de la bourgeoisie qui aboutissent à identifier communisme et fascisme. Ce n’est pas par hasard que dans les documents du PGE nulle part n’est mentionnée la distortion inacceptable de l’histoire que mènent l’UE, le Conseil de l’Europe et d’autres organisations impérialistes contre l’histoire du mouvement ouvrier et communiste d’Europe.

Les désaccords du PGE au sujet de la militarisation de l’UE et des relations internationales ressemblent à la prière du curé puisque ce parti a déclaré son soutien au fait que l’UE joue un rôle plus actif dans le monde et qu’il a accepté la Politique Extérieure et de Sécurité Commune. Il en va de même au sujet de l’appel pour la “Dissolution de l’OTAN” étant donné que cette demande ne s’accompagne pas de la lutte pour le retrait de tous les Etats membres de cette dernière.

Les références à une solution juste concernant une série de problèmes internationaux (La Palestine, Chypre, l’embargo contre Cuba) ne sont que de la pure hypocrisie, quand ils disent qu’ils ne seront résolus non pas par la lutte anti-impérialiste des peuples mais à travers l’application du Droit International et Européen. A quel “droit” se réfère le PGE ? La décision du Tribunal de La Haye qui légitimise l’intervention de l’OTAN dans les Balkans et au Protectorat du Kosovo a clairement démontré ce que signifie aujourd’hui le Droit international et européen. Un autre exemple est celui de la décision du Tribunal Européen des Droits Humains auquel la Lettonie a fait appel, qui a poursuivi et emprisonné le Vétéran anti-fasciste Vasili Kononov parce qu’il avait, selon le Tribunal, agi comme un “terroriste” en 1944 en luttant contre les hordes nazies qui avaient envahi son pays, l’URSS. D’autres démonstrations de cela sont la “Position Commune de l’UE” contre Cuba, qui est agressive et hostile, l’interdiction législative de l’action de Partis Communistes dans un certain nombre de pays de l’UE ainsi que des symboles du mouvement ouvrier et communiste dans différents pays de l’UE. Le PGE reste de nouveau silencieux à ce sujet. Il prétend ne pas voir la réalité et cela montre qu’il ne tient pas compte de la barbarie impérialiste qui est reflétée d’une façon ou d’une autre dans le “Droit” qui prévaut aujourd’hui et qui n’est rien d’autre que le droit impérialiste du plus fort.

Camarades :

Il est temps de surmonter les illusions sur le rôle que joue le PGE. Le KKE demande aux Partis Communistes et ouvriers qui pour diverses raisons ont participé en tant que membres ou observateurs à ce parti “fabriqué” (qui a été créé dans le cadre des conditions de l’UE et dans le but de la servir) de reconsidérer leur position. L’affaiblissement de ce parti “de gauche” de l’UE, le renforcement de la coopération équitable des partis communistes et ouvriers en Europe sur la base du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien indépendamment des limites et des conditions de l’UE, est le seul espoir pour le regroupement du mouvement communiste européen et la seule réponse fiable à l’agressivité du capital européen contre les droits des travailleurs.

Section des Relations internationales du Comité Central du KKE (Parti Communiste de Grèce)


[1rencontre à laquelle le PCF a envoyé un membre en qualité d’observateur



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dimanche 23 décembre 2012 à 12h51

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