Regards de janvier 2011

jeudi 27 janvier 2011
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Pour sortir de la crise, augmenter les salaires

Au nom de la lutte contre les déficits imposée sous la pression du FMI et de l’Union européenne, les Etats membres mettent en œuvre des politiques d’austérité très draconiennes qui visent à faire payer aux peuples le coût de la crise bien qu’ils n’en soient pas responsables.

C’est ainsi que la Commission européenne, qui inspire et impulse les politiques gouvernementales, vient de faire « dix recommandations pour un retour à la croissance » ; elle prône surtout un renforcement de la rigueur budgétaire et demande aux Etats membres de tailler encore plus dans leurs dépenses, c’est-à-dire de passer de l’austérité à l’hyper-austérité ! Elle demande également de mettre fin aux retraites anticipées et de relever l’âge de la retraite.

Ces politiques d’austérité, qui taillent dans les budgets et cassent le secteur public, entraînent une baisse du pouvoir d’achat des populations et des licenciements (liés souvent à des délocalisations d’entreprises). Elles constituent donc des freins à la relance des économies et empêchent une rapide sortie de la crise. Ex- économiste en chef de la Banque mondiale et prix Nobel d’économie en 2001, Joseph Stiglitz, en est convaincu, ce qui l’amène à critiquer « l’idéologie du libre marché, qui a permis les bulles financières, lié les mains des politiques (...) Le monde de l’argent influence tellement les processus politiques ». Dans le journal « Libération » du 5 janvier, il confirme que ce qui « l’alarme le plus », c’est « la voie de l’austérité choisie par l’Europe, sous la pression des marchés. Elle va retarder la sortie de crise, affaiblir les maillons les plus vulnérables de la zone euro et de l’Union européenne ».

Cette analyse et ce discours sont totalement contraires aux déclarations du directeur actuel du FMI, Dominique Strauss-Kahn, qui impose de véritables plans d’ajustement structurel aux pays endettés qui sont soumis aux offensives renouvelées des marchés financiers. Cette relance économique nécessaire par le pouvoir d’achat ne peut passer que par une augmentation conséquente des salaires pour récupérer en partie la part des richesses accaparée par les profits (baisse de 10% en 20 ans). Qu’attendent les organisations syndicales et la Confédération européenne des syndicats (CES) pour mobiliser les salariés pour l’augmentation des salaires dans toute l’Union européenne. Cette revendication ne serait-il pas plus efficace que la reprise répétée des slogans sur « l’Europe sociale » qui est plus que jamais une véritable Arlésienne ?

Les Etats-Unis et l’Union européenne capitulent devant Israël

En renonçant à toutes ses conditions préalables de la colonisation, quasiment sans limites et sans conditions, Barak Obama a capitulé devant Israël. Alors que les Etats-Unis disposent de moyens de pressions économiques et financiers pour contraindre Israël à respecter ses engagements, ils ne les utilisent pas. Ils n’y font même plus référence et attribuent crédit sur crédit à Israël. Ils continuent de faire jouer leur droit de veto aux Nations unies quand une résolution émet des critiques, même modérées, contre Israël.

Sur le plan européen, la capitulation n’est pas aussi évidente mais le résultat est le même. Les atteintes répétées aux droits des Palestiniens suscitent des déclarations ou des résolutions de l’Union européenne mais celles-ci ne sont jamais concrétisées par des actes concrets, qui constituent le seul moyen de pression efficace sur Israël. Et pourtant ce n’est pas faute d’information sur ce qui se passe en Israël ! C’est ainsi que le rapport des chefs de mission de l’Union européenne en poste à Jérusalem-Est avance une série de mesures à mettre en œuvre pour faire de Jérusalem-Est la future capitale palestinienne, rouvrir les institutions palestiniennes, assurer les droits économiques et sociaux de la population palestinienne... Au total 24 propositions, dont celles-ci :

- s’assurer que l’accord d’association UE-Israël ne serve pas à permettre l’exportation vers l’Union européenne de produits fabriqués dans les colonies

- fournir une aide pour s’assurer que les Palestiniens soient inclus dans les plans directeurs de développement urbain à Jérusalem-Est afin que les besoins en logements palestiniens soient satisfaits.

- coordonner, financer et soutenir des projets dans Jérusalem-Est

- assurer la présence de l’Union européenne quand il y a un risque de démolitions ou d’évictions de familles palestiniennes (...) et, dans ce cas, assurer la présence de l’Union européenne dans les tribunaux palestiniens

- assurer l’intervention de l’Union européenne quand des Palestiniens sont arrêtés ou intimidés par les autorités israéliennes pour des activités culturelles, sociales ou politiques pacifiques dans Jérusalem-Est....

Sous la pression d’Israël, ce rapport est tenu secret et ses recommandations ne sont pas appliquées !

Il en est de même pour le rapport Goldstone, de septembre 2009 sur Gaza qui est resté lettre morte alors qu’il accuse ouvertement l’armée israélienne d’avoir commis des « actes assimilés à des crimes de guerre et, peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l’humanité ».

Cette complicité des Etats-Unis et de l’Union européenne doit être dénoncée avec encore plus de force. La mobilisation doit se poursuivre avec comme revendications prioritaires : la suspension de l’accord d’association UE-Israël, le boycott des produits israéliens tant qu’Israël ne respectera pas les droits de l’homme, la reconnaissance de l’Etat palestinien dans ses frontières de 1967 comme viennent de le décider de nombreux pays d’Amérique Latine.

L’EUROPE EN BREF.......

- Refusant de tenir compte de la pétition signée par plus d’un million de citoyens de l’Union européenne à l’initiative de Greenpeace, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a refusé de revenir sur les autorisations de culture et de vente des OGM. Une sorte de réponse à ceux qui veulent faire croire aux peuples d’Europe qu’une « initiative citoyenne » (un million de signatures sur une pétition) pourrait conduire à modifier les orientations actuelles de la construction européenne !

- Dans le prolongement de la décision du Conseil européen de confier à la Commission européenne le soin de contrôler les budgets nationaux avant même leur examen par les Parlements nationaux, au nom de la lutte contre les déficits public, le président Sarkozy veut inscrire dans la Constitution le « principe de la maîtrise de finances publiques », ce qui correspond à rendre permanentes et contraignantes les politiques d’austérité. Il reprend ainsi la proposition de l’ex-directeur général du FMI, Michel Camdessus. Au FMI, les directeurs se suivent et se ressemblent !

- Des parlementaires européens de divers groupes politiques ont demandé à leurs collègues de signer une déclaration écrite (article 123 du règlement) pour dénoncer la privatisation de l’eau qui entraîne inégalités et exclusion et demander que l’eau soit considérée comme un bien public.

- Lu récemment dans une revue de presse consacrée aux activités du Parlement européen : « La protection des requins est une des préoccupations du Parlement européen ». Ben Ali chercherait-il refuge à Strasbourg ou à Bruxelles ?



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