VIVE LA REPUBLIQUE

dimanche 27 février 2011
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… « Cet état » dans lequel le peuple exerce la souveraineté, directe ou indirecte, par l’intermédiaire de « représentants élus » ; cet état dans lequel le mouvement ouvrier s’estimait le mieux outillé pour y défendre la place du travail ; cet état que détestaient les grandes féodalités économiques et financières, au point de souhaiter et soutenir tout ce qui restreignait ou supprimait le régime républicain, tel le second empire ou le mot d’ordre « plutôt Hitler que le front populaire ! » des années 40.

C’est dans ce même esprit que les forces dominantes ont saisi le coup d’état militaire pour porter au pouvoir en 58 le général De Gaulle, bâtisseur du pouvoir présidentiel ; qui fait du président de la République, maintenant élu directement par les électeurs, la « clé de voûte des institutions ». Ce n’est donc plus le peuple qui exerce la souveraineté mais un homme seul, un retour à la monarchie absolue d’avant 1789.

Ainsi lorsque Nicolas Sarkozy passe outre l’opposition de 55% des électeurs au projet de constitution européenne et qu’il l’importe intact à Lisbonne, c’est une vilainie, une forfaiture, mais il le fait en tant que « clé de voute des institutions » dans le cadre des pouvoirs qui lui sont conférés.
Ainsi lorsque Nicolas Sarkozy passe outre l’opposition des salariés, soutenus par des millions de manifestants et par 71% des français, à son projet de réforme des retraites, il commet une vilainie, une forfaiture, mais il le fait en tant que « clé de voute des institutions » dans le cadre des pouvoirs qui lui sont conférés.

Il est malhonnête de ramener tout cela à l’homme Sarkozy, à son caractère, à sa mégalomanie, à son appétit démesuré de pouvoir. On doit combattre sans faiblesse cette diversion politique qu’est « l’anti-sarkozysme ». Elle masque l’écrasante responsabilité de ceux qui ont fabriqué, pièce par pièce, ce régime présidentiel autoritaire que seul, en tant que parti, le PCF de cette époque combattit vigoureusement pour deux raisons : son opposition de principe au « sauveur suprême » ou à l’ « homme providentiel » capable de penser et de résoudre tous les problèmes du moment, à la place des « manants » que sont les citoyens.

L’histoire de ces années (1958/2010) a montré que cette forme de pouvoir n’est pas neutre. Elle est l’émanation et l’instrument des grandes féodalités économiques et financières. D’ailleurs celles-ci opéraient sous la présidence de Chirac ou de Mitterrand comme le montre l’INSEE :
-  Le partage du revenu des ménages indique que celui des ménages salariés est passé de 73.3% en 1980 à 71% en 1990 et 70.3 % en 2008, soit une chute du revenu global des salariés de 3% soit 42 milliards (en euros constants) qu’on retrouve intacte dans la progression du revenu des patrimoines qui va de 5.8% à 8.8 % en 1990 et 8.9 % en 2008 soit également 42 milliards. Ils sont passés du porte monnaie des salariés aux coffres forts.

NE PAS LAISSER LES ECONOMISTES CONDUIRE SEULS L’ECONOMIE

Ce qui frappe dans cette période, c’est l’homogénéité, la globalité de ces résultats qui sont ceux des présidences sarkozyste, chiraquienne ou mitterrandienne : celle de la continuité de la politique du grand capital.
Etymologiquement, la politique, c’est l’organisation du « vivre ensemble », ce qui suppose l’expression d’intérêts parfois, et même fréquemment, divergents de couches sociales différentes, parfois opposées. Mais, curieusement, le travail salarié est totalement exclu en tant que tel des lieux de pouvoir ! Pas un seul technicien, ouvrier, employé de magasin, ingénieur ou instituteur ou aide-soignant en activité, c’est-à-dire représentants des lieux de travail.

Par contre, les assemblées comptent 160 médecins « en activité », des dizaines d’avocats, et surtout d’avocats d’affaire, spécialistes des questions fiscales et financières, « en activité ». Ils sont des dizaines dont les plus célèbres sont Sarkozy, Copé, Lagarde. Il semble bien qu’ils soient aussi nombreux dans les rangs du PS, les plus célèbres d’entre eux étant DSK ou F. Lamy, président de l’organisation mondiale du commerce (OMC).

La majorité des parlementaires, ces « professionnels des affaires politiques » évoquent une vague et lointaine proximité avec les usines mais ils ne peuvent qu’être étrangers à ce qui s’y dit et s’y passe. C’est le résultat d’un système de représentation électorale ouvertement en crise désormais, qu’il faudra bien démocratiser car il aboutit à cette absurdité : une assemblée coupée du monde du travail, qui va discuter de « l’usure prématurée des salariés ». On ne peut en attendre une solution humaniste, juste.

Pour toutes ces raisons, le moment est venu de faire entrer dans les lieux de pouvoir des représentants élus du travail, en activité, doté de pouvoirs pour toutes les questions relatives au travail, au travers d’ETATS GENERAUX DU TRAVAIL.

Une telle initiative n’aura, bien évidemment, pas l’accord de Madame Parisot, ni des avocats d’affaires, d’autant que les travailleurs devront forcer les portes des conseils d’administration des 95 groupes industriels et financiers qui dominent toute la vie politique, économique et financière du pays.

La prise de pouvoir des salariés élus, dans ces conseils d’administration à la place du petit millier d’administrateurs, qui vont de l’un à l’autre, sera un coup majeur porté au système. Le monde du travail exercerait alors les pouvoirs de tout conseil d’administration : l’objectif du groupe, sa politique des salaires, son marché, ses rapports avec ses filiales, et comme avec toutes les autres entreprises, l’affectation de ses résultats...
Toutes les formes de travail, collectif et individuel, agricole et artisanal, y compris celle des entrepreneurs des PME en seraient revalorisées.

Elie DAYAN
Association Rouges Vifs IDF



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