Le rôle de « l’islam politique » dans les stratégies impérialistes

mercredi 23 mars 2011
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Les processus de révolution nationale et démocratique qui secouent les mondes arabes et africains sont décidément très embêtants pour le système impérialiste mondial. Celui-ci se mobilise tout azimut pour les stopper et/ou les détourner de leurs objectifs réels. Les raisons sont, bien entendu, d’abord économique et sont à rechercher du côté de la maîtrise des ressources naturelles et en particulier en hydrocarbure. Elles sont également géostratégiques par la fragilisation possible de l’état d’Israël qui est depuis 1945 un des pions centraux de la politique impérialiste au moyen orient. Elles sont enfin idéologiques dans la mesure où le discours sur le « péril intégriste » est un des axes essentiels des propagandes occidentales tant aux USA qu’en Europe alors même que les mouvements sociaux en cour soulignent que les peuples se révoltent non pas pour instaurer un « régime islamique » mais pour le « pain et la liberté ». Regardons-y de plus près.

1. Le programme économique de l’islam politique

Qu’il soit au pouvoir ou non, les forces politiques que l’on regroupe sous le vocable « intégriste » dans nos médias, ont un point commun : elles sont partisanes du retrait de l’état, de la libéralisation complète des échanges, du marché sans entrave, de la privatisation généralisée. Les mêmes qui nous parlent à longueur d’antenne du « péril intégriste » n’ont aucune difficulté à avoir de bonnes relations avec l’Arabie Saoudite qui n’est rien d’autre qu’un « intégrisme au pouvoir ». Par ailleurs des partis comme le Front Islamique du Salut en Algérie avaient comme seul programme économique : la fin de toutes les entraves à l’économie « naturelle » et la privatisation de l’ensemble du secteur nationalisé.

2. Le péril « intégriste » comme argument pour soutenir des pouvoirs compradores

Ce soutien à des « intégristes » au pouvoir n’empêche pas de soutenir des dictatures entièrement dévouées aux intérêts des puissances impérialistes au prétexte qu’elles seraient des remparts contre le « péril intégriste ». Le point commun entre ces pouvoirs compradores et les forces « intégristes » est l’accord sur la libéralisation complète de l’économie. Cette invention d’un « ennemi imaginaire » est en œuvre tant au niveau international que dans chacun des pays impérialistes. Au niveau externe et mondial ce discours idéologique a une double fonction. La première est de justifier des interventions impérialistes à chaque fois que les intérêts impérialistes l’exigent : guerre de conquête coloniale en Irak et en Afghanistan par exemple. La seconde est le soutien à des dictatures comme Ben Ali en Tunisie, Bouteflika en Algérie ou Moubarak en Egypte.

3. Le « péril » intégriste comme division du peuple dans les métropoles impérialistes

Dans les métropoles impérialistes le même discours sur le « péril intégriste » permet d’opposer une partie du peuple à une autre. En présentant les travailleurs issus d’un pays où l’islam est la religion majoritaire et leurs enfants comme danger c’est la classe ouvrière qui est scindée en deux parties alors même que leurs intérêts devraient les pousser à se battre ensemble contre la classe dominante qui les exploite toutes les deux. Une seule classe est ainsi divisée en deux idéologiquement. Les débats sur le foulard à l’école, la burka, l’identité nationale, la déchéance de la nationalité, etc. ont une fonction sociale que l’on peut résumer de la façon suivante : unir ceux qui devraient être divisés (par exemple le patron et l’ouvrier français) et diviser ceux qui devraient être unis (le travailleurs immigrés et ses enfants français d’une part et le travailleur français d’autre part). Pour mettre en œuvre cette opération de division de la classe, il faut diffuser dans les milieux populaires des idées racistes, xénophobes, coloniales, chauvines, etc.

Le résultat attendu d’une telle propagande est double. Détourner la colère sociale du peuple des véritables responsables de la paupérisation et de la précarisation en leur présentant de fausses cibles d’une part. Construire le Front National comme alternative crédible utilisable lorsque la lutte des classes sera perçue comme trop dangereuse pour la bourgeoisie. La seule réponse au Front National et à ces stratégies de division a été dans le passé et reste dans le présent : l’unité de la classe. Cela passe par le refus de se taire face à la tentative de stigmatiser et de diaboliser la partie de notre classe issue de l’immigration.

Saïd Bouamama



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