Gérard Longuet . la force de (petite) frappe

samedi 19 mars 2011
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Après une attente que lui seul a jugée longuette, ce national-libéral retrouve enfin un ministère à 65 ans, sans avoir fait oublier son premier « Occident » de parcours.

« Si j’étais un animal, j’aimerais être un gorille », expliquait-il naguère à « VSD » [1]

Simone Veil, qui fut sa collègue dans le gouvernement Balladur, l’appelait « le nervi ».

Et l’eurodéputé PS et ex-leader trotskiste Henri Weber, qui fut son adversaire dans les combats de rue avant 1968, raconte :

« Il maniait bien la barre de fer et le manche de pioche, il avait un bon niveau de testostérone ! ».

Redevenu ministre à tout juste 65 ans, Gérard Longuet n’a jamais réussi à faire oublier ses débuts de vaillant cogneur d’extrême droite.

A 18 ans, il a fondé le groupuscule musclé Occident (1964-1968) en compagnie de ses potes Madelin et Devedjan, avec pour mentor Pierre Sidos, qui fut cadet du mouvement collaborationniste « franciste ».

Et depuis, pour un oui et surtout pour un non, le naturel revient au galop !.

« Tu sais que j’ai très envie de te casser la gueule ? »Gérard de nervi lance ainsi cette réplique à la figure de Sarkozy dans son bureau de l’Élysée le 17 novembre dernier, trois jours après le précédent remaniement, dont il avait été évincé à la dernière minute.

Sarko semble avoir cédé au chantage en le bombardant, cette fois, au ministère régalien de la Défense : comme quoi la menace paie...

Une question de trop peut aussi faire sortir Longuet de ses gonds : en plein prétoire, au cours du procès des marchés publics d’Ile-de-France, en 2005, il explose en martelant sur le pupitre alors que le président l’interroge sur ses rapports avec Michel Roussin, l’ex-dircab PRR du maire de Paris :

« Invraisemblable ! Impossible ! On n’imagine pas Jacques Chirac, le premier secrétaire du PS, Gérard Longuet et, pourquoi pas, Valéry Giscard d’Estaing buvant une bière et se partageant la distribution de l’alcool au nord de la 42e Rue ! ».

C’est vrai qu’on n’imaginait pas non plus Jean-Claude Méry répartissant la fraîche en liquide entre les partis...

A propos du nombre 42, Longuet a été le seul relaxé dans ce procès, face a 42 condamnés !.

Une simple question sur ses antécédents de bastonneur peut produire le même effet.

Interrogé en 2002 dans son bureau de sénateur par un journaliste du « Canard » sur un exploit du temps d’Occident, Longuet, la mâchoire crispée et le regard figé, lance :

« Vous voulez sortir de ce bureau par la fenêtre ? »

Menaces de vantard...

Les faits ont pourtant été établis à l’époque, par un juge d’instruction : le 12 janvier 1967, un commando d’Occident fait une descente sur le campus de l’université de Rouen pour casser du gauchiste.

Ce raid éclair laisse cinq blessés sur le carreau, dont un grave, dans le coma, le crâne enfoncé d’un coup de clé à mollette.

Il s’agit de Serge Bolloch, qui est ensuite devenu rédac’chef au « Monde ».

Brièvement incarcérés, 12 militants ont été condamnés, dont Devedjan, Madelin et Longuet, qui a toujours nié sa participation au bastonnage.

« Gérard occulte ce passé qui pour lui n’existe pas, il n’en parle jamais », témoigne un ex-élu local du Parti républicain (PR), où Longuet a ensuite fait carrière pendant trente ans.

D’après un document des RG révélé par l’historien Nicolas Lebourg sur le site « Fragments sur les temps présents », Longuet, même devenu énarque tendance giscardienne, fait encore partie en 1971 du bureau politique « clandestin » d’Ordre nouveau, au côté de Claude Goasguen...

L’année suivante, il est de la petite équipe qui rédige le premier programme du Front national.

Un dernier péché de jeunesse ?.

Longuet est ensuite membre du d’honneur du Club de l’horloge, passerelle bien connue entre droites classique et extrême.

Et il y donne des conférences en 1979 et en 1983.

Pierrette Le Pen (la première épouse) se souvenait, il y a vingt ans :

« Longuet était présent lors de notre soirée, en juin 1984, pour arroser la victoire aux élections européennes » [2].

Devenu président du Parti républicain en 1990, ce garçon fidèle à Poniatowski, qui fut son mentor chez les giscardiens, prône des alliances locales avec le FN aux régionales de 1992, année où, telle Jeanne D’Arc , il conquiert la Région Lorraine.

Mais ce sont là de vieilles histoires remontant au siècle dernier...

Rallié à Sarko en 2005 et promu président du groupe UMP au Sénat en 2009, Longuet fait scandale le 11 mars 2010 en critiquant la nomination envisagée de Malek Boutih à la tête de la Halde et en lui préférant quelqu’un du « corps français traditionnel ».

Il s’attire alors ce commentaire dépité de Sarko :

« Quel con, ce Longuet !(...). Il retombe dans ses errements de jeunesse avec l’extrême-droite ».

Dans une interview à « Valeurs actuelles » [3], il entrouvre de nouveau la porte :

« Il est trop tôt pour parler d’alliance, mais le FN ne sera sans doute plus le même (...) avec le retrait de Jean-Marie Le Pen (...). Si le FN change, on peut changer ».

Longuet, coureur en très droite ligne, est aussi un marathonien du non-lieu, qui n’a jamais renoncé à être consultant rémunéré par le privé tout en étant député (battu en 1981 et en 1997) puis sénateur (élu en 2001).

Forcé de démissionner du gouvernement Balladur en octobre 1994, après sa mise en cause dans la construction de sa villa à Saint-Tropez, il s’est retrouvé pris dans un tourbillon d’affaires liées au financement occulte du Part républicain, avec des millions déposés à l’étranger et une histoire de rapports plagiés et payés à prix d’or par la Cogedim .

Résultat de ce marathon judiciaire de quinze ans, qui a bridé ses ambitions ministérielles : il se targue d’avoir obtenu quatre relaxes et un non-lieu final, décroché en février 2010 !.

« Cette mansuétude de la justice reste une énigme », estime un ex-élu PR qui l’a côtoyé.

En clôturant le dossier Cogedim en 2003, la juge Prévost-Desprez avait parlé d’un « étrange découpage des faits » en plusieurs dossiers...

Définitivement blanchi, donc, en 2010, Longuet a rassuré tout récemment Sarko en prétendant qu’il était désormais « nickel » au point de vue judiciaire...

Or voilà que , sitôt nommé ministre, l’avocat des familles Karachi vient de demander qu’il soit entendu, tandis que le volet italien du financement illégal du PR vient d’être versé au dossier par le juge Van Ruymbeke, bête noire de Longuet, qui a le premier tiré le fil de ses affaires en 1994 !.

Un actionnaire de GDF Suez vient en outre de déposer une plainte contre lui, pour conflit d’intérêts, en raison d’une mission payée par l’entreprise alors qu’il était sénateur en 2008.

« Je suis inoxydable », répond Longuet.

Mais sûrement pas inoccident !.

Par David Fontaine dans Le Canard enchaîné du 09/03/2011

Transmis par Linsay


[19/9/10.

[2Le Canard", 12/12/90

[321/4/10



Commentaires

Logo de Michel Monjou
jeudi 31 mars 2011 à 18h04 - par  Michel Monjou

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