Les Guérini et Veolia coincés entre juge français et procureur suisse.

lundi 13 juin 2011
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La saga des affaires troubles des frères Guérini n’en finit pas de défrayer la chronique. A chaque étape du feuilleton judiciaire on retrouve Alexandre, le frère cadet, des sociétés sous traitantes du conseil général et des employés de cette collectivité...

La justice helvète enquête sur des comptes en banque bien garnis.

Les échanges de bons procédés entre la France et la Suisse ne font pas l’affaire d’Alexandre Guérini.

Libéré sous contrôle judiciaire le 17 mai, le frère du président du conseil général des Bouches-du-Rhône est l’objet de nouvelles persécutions.

Depuis le 14 décembre 2010, la justice helvète a ouvert « une instruction pénale contre Alexandre Guérini pour soupçon de blanchiment d’argent ».

Et, pour les besoins de son enquête, le procureur fédéral a envoyé au juge d’instruction marseillais Charles Duchaine deux « demandes d’entraide judiciaire en matière pénale », que « Le Canard » a consultées.

Avant de poser quelques questions, le magistrat passe en revue les comptes bancaires et les avoirs d’Alexandre découverts en Suisse et ailleurs.

S’il en était besoin, il démontre qu’on peut être socialiste et n’avoir rien contre le capitalisme financier....

C’est qu’au fil des ans, et au gré des affaires, « Alex » a bâti une véritable multinationale.

Notamment grâce à la générosité du groupe Veolia et de son pédégé d’alors, un certain Henri Proglio, dont les frères Guérini sont les intimes.

Ainsi, dans une première « demande d’entraide » datée du 14 avril dernier, la justice suisse souligne qu’en 1982 « Alex » a vendu une première société (Rodillat) au magnat des déchets pour 1 million d’euros.

Huit ans plus tard, rebelote.

Cette fois, le montant de la transaction atteint 33,4 millions, qui transitent, pour une part, en liquide, via la Suisse, l’Espagne et le Luxembourg.

Lors d’un de ses interrogatoires, le cadet des Guérini avait parlé d’une somme de 26 millions au juge Duchaine.

Un problème de mémoire ou de fuite ?.

Avis de déchets.

Troisième coup : en 2005, Alexandre, pédégé de SMA Environnement, « engage des pourparlers » avec Veolia « et une autre société » pour une éventuelle transaction.

Il n’aura pas le loisir de conclure.

En revanche, il ne s’est pas privé d’acheter des parts de la multinationale des déchets et de l’eau, par l’intermédiaire d’une banque catalane.

Soit 4 millions d’euros.

Les enquêteurs suisses ont aussi débusqué 18 millions d’« avoirs », dont Guérini dispose sur plusieurs comptes au Luxembourg.

De quoi lui assurer un revenu annuel de 500 000 euros, calcule le procureur fédéral, « provenant de son salaire et des dividendes de SMA Environnement, d’investissements immobiliers ainsi que des revenus provenant de ses cinq chevaux de course, dont la valeur est estimée à 1,5 millions d’euros ».

Sans doute soucieuse de ne pas faillir à sa réputation, la justice helvète a adressé, le 17 mai, une nouvelle demande de précisions au magistrat instructeur marseillais.

Cette fois, elle s’intéresse aux « relations bancaires » et autres « avoirs séquestrés » d’un certain Jean-Marc Nabitz et de son épouse.

Quel rapport avec Guérini ?.

Nabitz possède sa propre boîte d’ingénierie (3N Concept), spécialisée dans le traitement des déchets.

Mais, auparavant, il était directeur général adjoint du conseil général des Bouches-du-Rhône.

A ce titre, il a été la cheville ouvrière du plan départemental d’élimination des ordures ménagères de 2006.

Son patron, Jean-Noël Guérini, n’a pas été mécontent de lui :Nabitz est devenu, par la suite, patron de Treize Développement, une société d’économie mixte, propriété du conseil général, dont le procureur suisse souligne qu’elle était « maître d’ouvrage des grands projets immobiliers du département ».

Hasard incroyable, il a même occupé une fonction de cadre à la Société des eaux de Marseille, copropriété de Suez et de ... Veolia.

Un curriculum vitae qui semble l’avoir mis à l’abri du besoin.

Sur son compte au Panama, la justice suisse a trouvé plus de 1,8 million d’euros.

Début avril 2011, Nabitz a transmis à sa banque l’ordre de transférer 1,1 million sur un compte en Suisse.

Le juge Duchaine risque de ne pas être d’une grande utilité aux autorités suisses : Nabitz est introuvable.

Il prendrait le soleil du côté d’Haïfa.

Au « Canard », sa famille assure qu’il s’y « soigne », étant sujet à des « anévrismes ».

Du moment que, pour la justice, il conserve toute sa tête.

Par Didier Hassoux dans Le Canard enchaîné du 08/06/2011

Transmis par Linsay



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