L’opposition intérieure se manifeste

lundi 27 juin 2011
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Pour la première fois depuis le début du soulèvement en Syrie contre le régime de Bachar Al Assad, une centaine de personnalités connues pour avoir manifesté de longue date leur opposition au pouvoir se sont réunies publiquement à Damas. Voici un compte rendu de cette réunion réalisé par Al-Oufok, le site du mouvement démocratique arabe. Certains avancent que cette réunion n’a été autorisée par le régime que pour mieux poursuivre la répression. La suite des événements permettra sans doute de mieux estimer la valeur de cette appréciation.

Des opposants ont appelé lundi à une « transition pacifique vers un régime démocratique » lors d’une réunion publique à Damas, la première du genre en Syrie, en proie depuis plus de trois mois à un mouvement de contestation sans précédent.

A l’ouverture de la réunion vers 09H30 GMT, les participants ont entonné l’hymne national et observé une minute de silence pour « les martyrs civils et militaires » tombés depuis le début du mouvement, le 15 mars.
Depuis cette date, 1.342 civils ont été tués et 343 policiers et soldats, selon le dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.

Plus de 100 opposants non affiliés à des partis sont réunis pour une journée dans un hôtel de Damas afin de trouver une sortie à la crise.
« Il y a deux chemins, le premier clair et non négociable qui va vers une transition pacifique vers un régime démocratique et qui sauvera notre peuple et notre pays. Il y a un autre chemin qui conduit vers l’inconnu et détruira tout le monde », a affirmé l’opposant Mounzer Khaddam, qui préside la réunion, dans une allocution.
« Nous faisons partie du peuple et nous avons opté pour le premier chemin avec le peuple. Ceux qui refusent de le prendre iront en enfer », a-t-il ajouté. Dans une autre allocution, l’écrivain et opposant Michel Kilo -qui a purgé une peine de trois ans de prison pour avoir signé une déclaration affirmant la souveraineté du Liban voisin- a mis en garde contre « la solution sécuritaire » adoptée par les autorités.

« La solution sécuritaire entraînera la destruction de la Syrie », a-t-il lancé. Il a également estimé que « le régime politique actuel doit disparaître au niveau structurel », car « le pouvoir doit être le produit de la société et non l’inverse ».
C’est la première fois depuis le début de la révolte que des protestataires se réunissent ainsi au grand jour à Damas, avait noté dimanche l’avocat des droits de l’Homme Anouar Bounni, soulignant que la rencontre « n’inclura pas de partis de l’opposition ».

Cette réunion a été contestée par des opposants se trouvant à l’extérieur de la Syrie, qui ont accusé les participants d’être « manipulés par le régime ».
« Nous n’avons pas de lien avec les opposants à l’extérieur. Nous aussi nous nous interrogeons sur leurs objectifs. Ceux qui s’étaient réunis à Antalya en Turquie et à Bruxelles ont repris des opinions similaires à celles de pays occidentaux qui n’oeuvrent pas en faveur de la Syrie », a répliqué le journaliste et écrivain Nabil Saleh.

Le régime doit pouvoir bénéficier de temps « pour mettre en oeuvre les réformes » annoncées par le président Assad, a-t-il dit, précisant : « Il y a des opposants qui souhaitent un changement partiel, d’autres veulent un changement complet ».

La réunion rassemble des opposants qui souhaitent la chute du régime et d’autres qui réclament simplement des réformes.
Parmi les participants figurent notamment les écrivains Fayez Sara, Louaï Hussein et Nabil Saleh, le cinéaste Mohammad Malas et l’économiste Samir Seifane.

Le 20 juin, le président Assad avait proposé un « dialogue national qui pourrait aboutir à des amendements à la Constitution ou à une nouvelle Constitution ». Il avait évoqué notamment la possibilité « d’amender » la clause 8 qui fait du parti Baas, au pouvoir depuis 1963, « le dirigeant de l’Etat et de la société ».
Mais le chef d’Etat avait rejeté la mise en oeuvre de réformes « à travers le sabotage et le chaos ».

Un protestataire avait déclaré dimanche à l’AFP que « les opposants (avaient) rejeté une offre de dialogue faite par le pouvoir syrien, exigeant auparavant l’arrêt du recours à la force contre les manifestants et le retrait des chars des rues ».
Quelque 300 étudiants arrêtés la semaine dernière à Alep (nord), deuxième ville de Syrie, ont été déférés dimanche devant la justice, accusés d’avoir commis des « actes de sabotage » et proféré des « insultes contre le président », a indiqué lundi à l’AFP Radif Moustapha, président du Comité kurde des droits de l’Homme.

Lundi, 27 juin 2011 -
La rédaction de Al-Oufok
(Avec les agences de presse)



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mardi 28 juin 2011 à 00h32 - par  chb

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