Le matérialisme historique de Georges Sorel

vendredi 24 juin 2011
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Comme précédemment annoncé, il s’agit ici du procès-verbal de la séance du 20 mars 1902 de la Société française de Philosophie. Georges Sorel, qui fréquentait cette société, y présenta ce jour-là sa conception du matérialisme historique. Celle-ci souleva des objections et favorisera une discussion, entièrement retranscrite dans l’exposé. Notre ambition, dans notre cadre, est nécessairement plus modeste. Pour retrouver l’intégralité, et donc toute la richesse de l’original, il sera nécessaire de se rapporter au texte téléchargeable comme déjà précédemment indiqué.

LA SYNTHESE DE LA THEORIE ET DE LA PRATIQUE

Selon Georges Sorel, Marx et Engels n’ont jamais donné un exposé de leur conception matérialiste de l’histoire ; les fragments que l’on peut tirer de leurs oeuvres sont parfois contradictoires.

Engels a reconnu que les entraînements de la polémique l’ont souvent empêché d’exprimer correctement sa pensée.

Marx s’est surtout préoccupé d’affirmer qu’il rejetait comme inadmissible toute tentative faite en vue de déduire les faits historiques d’un principe général explicatif, propre à une période...

« Le matérialisme historique « professe qu’il n’y a de vérité que dans la synthèse de la théorie et de la pratique. »

« S’il en est ainsi, il se propose de tirer de l’histoire un enseignement dont le but est déterminé étroitement par les préoccupations pratiques de ses auteurs.

« Il doit fournir des expériences capables d’éclairer la marche du socialisme contemporain et rechercher ce qui dans le passé peut offrir comme une commune mesure avec les phénomènes de la politique prolétarienne, telle que Marx et Engels la concevaient.

« On s’explique ainsi pourquoi, dans sa polémique contre Dühring, Engels a prétendu écarter comme accessoires ou secondaires toutes les choses qui ne rentraient pas exactement dans son économisme.

« Ainsi se trouve justifié le jugement qui voit dans le matérialisme historique « le résumé de la philosophie prolétarienne » et le fondement de « la méthode révolutionnaire ».

UNE DOCTRINE DE PRUDENCE

Pour Georges Sorel, en effet, une théorie qui se fonde dans la pratique est essentiellement une doctrine de prudence qui fournit à l’homme des moyens pour connaître les dangers qui se présentent sur sa route ; elle doit nous apprendre à distinguer ce qui est du règne de la liberté (c’est-à-dire ce qui est exécutable suivant nos plans) d’avec ce qui est du règne de la nécessité naturelle.

Marx, dit-il, est très pénétré de l’importance de cette distinction qui lui vient de Hegel ; plus encore que celui-ci il considère comme règne de la nécessité la Société civile (satisfaction des besoins suivant la division existante des fonctions économiques ; administration de la justice et police).

Les volontés humaines, en matière économique et surtout dans les grands pays modernes, forment une combinaison de hasards dans laquelle tout plan volontaire disparaît et qui rappelle un mouvement naturel. Les descriptions de l’économie politique sont comparables à une anatomie.

« Cette notion de nécessité économique est encore renforcée chez Engels par l’influence des économistes classiques.

« Sur cette base (de la Société civile) s’élèvent les structures juridiques, politiques, philosophiques, dans lesquelles apparaît d’autant mieux la liberté de l’esprit que l’on s’éloigne davantage de l’économie ; mais entre elles existe une interdépendance vivante et jusque dans les constructions religieuses on peut trouver par analyse un « noyau terrestre. »

DES GROUPES SELON LA MANIERE DE TIRER SON REVENU

Imitant Hegel, dit Sorel, Marx considère les hommes comme étant répartis en groupes traditionnels, caractérisés chacun par une certaine manière de tirer son revenu : chaque groupe se forme des idées juridiques en conséquence ; et nos idées juridiques se répercutent dans toutes nos conceptions (on a toujours observé que le propriétaire féodal, l’industriel, le commerçant ne conçoivent pas le droit de la même manière).

Ces groupes ont toujours eu des conflits politiques et ce sont les enseignements fournis par ces conflits qui présentent surtout de l’intérêt pour qui examine l’histoire d’un point de vue marxiste.

Les groupes sociaux constituent les données que l’historien commence par observer quand il veut étudier une période déterminée ; l’expérience montre qu’ils changent lentement et que leurs changements se rapportent à des causes si multiples et si obscures qu’ils ressemblent à des changements naturels.

L’ACTION DES GRANDS HOMMES DANS LE MOUVEMENT D’ENSEMBLE

« Pour que des enseignements puissent sortir de l’histoire, poursuit Sorel, il faut que l’action des grands hommes soit comme résorbable dans le mouvement d’ensemble ; s’il en était autrement, l’accident historique dominerait et on ne pourrait rien conclure du passé pour le présent.

« Ainsi l’histoire ne tombe pas, toute entière, dans le domaine du matérialisme historique (on pourrait faire la même observation pour toute doctrine qui prétendrait tirer quelque chose de scientifique de l’histoire).

« Si les points de vue de Renan sur l’histoire chrétienne sont exacts et si celle-ci se ramène à une série de biographies d’hommes exceptionnels, elle ne constitue qu’un sujet de curiosité ou d’édification.

« Toutes réserves doivent être faites sur les interprétations que Marx et Engels ont données des révolutions : soit qu’ils n’aient pas connu suffisamment les événements, soit qu’ils aient éliminé (sans prévenir suffisamment le lecteur) tout ce qui leur paraissait être sans valeur pour l’enseignement.

« Les groupes peuvent n’avoir que des liens intellectuels très faibles – ou bien ils peuvent manifester une tendance réfléchie vers un but déterminé ; c’est alors seulement qu’ils méritent le nom de classes. »

LES CONVICTIONS QUE LES HOMMES ONT ACQUISES

Aussi, pour Sorel, les conceptions juridiques et politiques des hommes ne dépendent donc pas uniquement de leur métier, mais aussi des convictions qu’ils ont acquises librement et que leur a données la prédication des doctrines sociales.

« C’est sur cette possibilité de créer un esprit commun dans le prolétariat moderne que se fonde la conception socialiste : celle-ci espère amener le monde à un régime de liberté, c’est-à-dire à un régime où la volonté raisonnable pourrait réaliser ses plans dans une production devenue profondément scientifique. »

Cette présentation constitue l’exposé préliminaire de Georges Sorel. Il va alors être soumis à une première série de questionnements, de demandes d’éclaircissement...et va ensuite reprendre la parole.

LE MATERIALISME HISTORIQUE N’EST PAS UNE DOCTRINE MORTE

En général, dit alors Sorel, quand on examine les formules marxistes, il faut bien prendre garde que l’auteur cherche plutôt à poser des antithèses très frappantes, en contradiction avec certaines propositions enseignées de son temps, qu’il ne cherche à donner une expression correcte et complète de sa propre pensée.

« Les formules de Marx prêtent donc à l’ambiguïté et présentent souvent un aspect paradoxal. Un critique italien plein de sagacité, qui s’est efforcé de dégager ce que l’histoire peut trouver d’utilisable comme méthode dans l’enseignement marxiste, M.B. Croce, a dit avec beaucoup de raison qu’il serait très urgent de « débarrasser la pensée de Marx de la forme littéraire qu’il lui a donnée...

La préface écrite en 1859 pour La Critique de l’économie politique constitue un document fort obscur quand on ne l’examine point avec les précautions indiquées ici...

« On se place sur un mauvais terrain quand on traite le matérialisme historique comme une doctrine morte que l’on veut examiner en la réduisant à des thèses abstraites : il faut y voir, au contraire, une attitude de l’esprit de certains hommes participant à un mouvement social déterminé et une tension constante de l’activité d’hommes mêlés à cette pratique. Par des abstractions, il est impossible d’atteindre complètement le réel. »

LA PHILOSOPHIE MARXISTE EST UNE PHILOSOPHIE PROLETARIENNE

Georges Sorel va montrer alors comment List a influencé Marx.

« Mais, dit-il, les formules marxistes renferment quelque chose de plus, des souvenirs de List, sur lesquels il est nécessaire d’insister.. List voulait persuader aux princes allemands qu’ils pouvaient diriger le pays dans la voie du progrès en s’occupant de construire beaucoup de voies ferrées et en établissant des tarifs douaniers convenables.

« Faire naître de nouvelles forces productives, c’était, pour List, préparer une civilisation supérieure.

« Marx a été fortement influencé par ces idées ; mais il leur a fait subir une double transformation : d’une part, il a restreint les forces productives aux procédés techniques de production ou de transport et à la population ; d’autre part, il a rejeté la théorie de l’Etat qui est si caractéristique chez List.

« Pour Marx, les forces productives sont des données de l’histoire, dont l’origine est très variable et généralement obscure, et qui se présentent à peu près comme des espèces naturelles.

« Quelles que soient les causes de la formation de ces forces productives, elles échappent d’une manière complète à l’action du prolétariat.

« Tandis que List voulait convaincre les capitalistes et les chefs d’Etat allemands, c’est-à-dire les hommes qui peuvent avoir une certaine influence raisonnée sur le progrès industriel.

« Marx écrit pour les ouvriers, c’est-à-dire pour la masse qui reçoit l’impulsion donnée par les maîtres de fabrique.

« C’est pourquoi l’origine des forces productives ne lui semble pas devoir faire l’objet d’une étude, alors que pour List cette origine était l’objet principal de la science économique.

« Dans le monde actuel, la concurrence acharnée des capitalistes est la source du mouvement le plus important d’accroissement des forces productives, et cette concurrence fonctionne presque automatiquement.

« Nous arrivons ainsi à mettre en évidence un des traits les plus essentiels de la philosophie marxiste : c’est une philosophie prolétarienne...Il s’agit d’éclairer les hommes qui participent au mouvement socialiste actuel et de les mettre à même de raisonner au moyen des enseignements que fournit l’histoire... »

LES CONSEILS NE SONT PAS DES LOIS DE L’HISTOIRE

Georges Sorel met donc en évidence que c’est en raison de leurs préoccupations pratiques que Marx et Engels se montrent si souvent affirmatifs dans leurs conseils ; quand ils cherchent à mettre les ouvriers en garde contre des imprudences, ils affirment avec une autorité doctrinale, qui ne doit pas nous faire illusion aujourd’hui ; il faut toujours chercher en vue de quelles fins ces conseils étaient donnés et ne pas les transformer en lois de l’histoire.

Pour que l’histoire puisse servir à donner des conseils pour le présent, il faut que son étude soit dirigée de manière à pouvoir distinguer dans les sociétés ce qui échappe presque aussi complètement à notre volonté raisonnée qu’un phénomène naturel – et ce qui dépend de notre volonté raisonnée.

Ce principe jette une grande clarté sur l’interprétation du marxisme : ajoutons que Marx a toujours en vue la volonté raisonnée du prolétariat organisé dans le monde capitaliste...

LA SOCIETE CIVILE ET L’ECONOMIE POLITIQUE

La société civile, poursuit Sorel, forme comme un deuxième monde de la nature, dans lequel n’existe aucun plan d’ensemble raisonné : tout y est livré à l’anarchie et cependant de la rencontre des hasards naît un ensemble offrant assez de régularité pour faire l’objet d’une étude ; on peut la comparer à une vie végétative.

« Dans les temps modernes, précise-t-il, on a constitué une science spéciale, l’économie politique, pour déterminer la loi de coordination que l’on peut reconnaître dans la société civile au moyen d’abstractions ; il a même été possible de donner à cette science une forme mathématique.

« En 1859, Marx appelle l’économie politique l’anatomie de la société civile, parce qu’elle décrit un schéma qui ressemble à un squelette.

« Il appelle la société civile : la structure économique de la société, ou encore l’ensemble des rapports de la vie matérielle.

« Au-dessus, il conçoit une superstructure juridico-politique et l’ensemble des doctrines qui forment la vie propre de l’esprit, au moyen desquelles l’homme se rend compte de l’activité sociale.

« Marx ne pense pas que l’on doive caractériser une époque par les théories, comme le croyaient beaucoup de ses contemporains ; c’est, au contraire, l’organisation et le fonctionnement de la vie sociale qui devront servir à caractériser une théorie et à en donner le véritable sens historique. »

L’ESTHETIQUE N’EXPLIQUE PAS L’HISTOIRE

Engels, ajoute-t-il, écrira plus tard dans sa brochure sur Feuerbach :

« Au lieu d’expliquer l’histoire de la Grèce antique par son propre développement, Hegel affirme simplement qu’elle n’est autre chose que l’élaboration des configurations de la beauté et la recherche de l’oeuvre d’art...Nous ne pouvons plus, à l’heure actuelle, nous contenter d’une pareille explication qui n’est que du verbiage. »

Tout le monde admet sans peine aujourd’hui que l’esthétique d’un peuple n’explique pas son histoire, mais devrait être éclairée plutôt par cette histoire.

Dans l’Anti-Dühring, Engels commente encore les doctrines de Marx de la manière suivante :

« La structure économique d’une société donnée forme toujours la base réelle que nous devons étudier pour comprendre toute la superstructure des institutions politiques et juridiques aussi bien que les manières de voir religieuses, philosophiques et autres qui lui sont propres...La route était ouverte qui allait conduire à l’explication de la manière de penser des hommes d’une époque déterminée par leur manière de vivre, au lieu de vouloir expliquer, comme on l’avait fait jusqu’alors, leur manière de vivre par leur manière de penser... »

LA QUESTION DE LA PROPRIETE

Pour Georges Sorel, l’exemple des transmutations de propriétés effectuées durant la Révolution a exercé une très grande influence sur l’esprit de Marx.

On peut remarquer, dit-il, d’une manière générale, que les juristes et les philosophes ne demeurent jamais en retard quand il s’agit de défendre la terre contre ses possesseurs malhabiles et les révolutions agraires se font toujours sans grand souci des droits acquis.

Marx et Engels ont cru que le type classique de la révolution est celui dans lequel les forces productives, gênées jusque-là dans leur développement par des chaînes juridiques, parviennent à s’émanciper pour pouvoir prendre tout leur développement.

Ils estimaient que la révolution prolétarienne ressemblerait beaucoup à la Révolution française et qu’elle serait justifiée comme avait été justifiée celle-ci.

Ils observèrent qu’à la fin de l’Ancien Régime on avait condamné les survivances du Moyen Age au nom des droits philosophiques peu de temps avant que la force les fit disparaître définitivement.

Ils pensaient qu’une pareille condamnation de coutumes anciennes doit être interprétée comme un signe de l’imminence d’une révolution.

L’humanité, avait écrit Marx en 1859, ne pose jamais que les énigmes qu’elle peut résoudre...

LES ANTAGONISMES DE CLASSE

« On a souvent objecté, poursuit Sorel, à la théorie marxiste qu’on ne saurait concevoir une société divisée en deux classes antagonistes, surtout quand cet antagonisme porte sur les points essentiels des théories juridiques.

« Or c’est ce qui devrait exister si vraiment le monde moderne était livré à la lutte de la bourgeoisie et du prolétariat.

« La difficulté disparaît quand on réfléchit au rôle des conceptions juridiques : le droit a pour but d’établir des divisions rigoureuses là où l’opinion commune aperçoit une continuité.

« Ses formules créent des séparations absolues (que dans la pratique le juge doit atténuer quand il faut appliquer les principes aux faits).

« Cette division rigoureuse des idées par rapport au droit explique comment il est possible de parler des classes comme des corps séparés.

« Cette séparation n’existe que dans la mesure où les consciences juridiques des classes sont nettement séparées, ainsi que cela a lieu quand le prolétariat est animé de l’esprit révolutionnaire et qu’il a subi la propagande marxiste... »

LA NOTION DE PREPARATION

Pour Georges Sorel, la notion de préparation joue un grand rôle dans le mouvement socialiste contemporain.

Pour les masses ouvrières ne s’arrêtent pas à recueillir paisiblement les fruits immédiats de leurs luttes, il faut qu’elles aient une forte conviction qu’elles sont portées en avant par une force invincible...

« La préparation spirituelle des classes ouvrières a été souvent prêchée par Marx et Engels. L’Internationale avait pour objet de travailler à cette formation de l’esprit.

« Engels avait une si haute idée de l’importance de cette éducation qu’il a écrit à la fin de sa brochure de Feuerbach ces phrases qui peuvent paraître paradoxales :

« Dans la classe ouvrière, écrit-il, le sens théorique allemand s’est conservé inaltéré...Le mouvement ouvrier allemand est l’héritier direct de la philosophie classique allemande. »

Marx et Engels voulaient que la formation de l’esprit populaire résultât d’un travail fait dans le sein même du prolétariat, que ce fut une éducation de classe, résultant « des nécessités de la lutte pratique et de l’échange des idées qui se fait dans les sections », comme le dit la circulaire de l’Internationale lancée en 1871 contre Bakounine.

L’HISTORIEN ET LE PHILOSOPHE

Parvenu à ce stade de son audition, Georges Sorel se prépare à conclure. Il précise que l’historien ne se place pas au même point de vue que le philosophe.Il n’a qu’un but professionnel et il demande des « canons d’interprétation historique . »

Toute philosophie, dit-il, possède cette propriété d’étendre son influence bien au-delà des limites qui constituent son vrai domaine.

Le philosophe groupe autour d’un centre et établit des liaisons.

L’historien demande qu’on coupe la liaison et qu’on lui donne des thèses isolées.

« Comme on pouvait s’y attendre, dit Georges Sorel, celles que fournit le matérialisme historique ne peuvent être complètement originales. L’originalité d’une théorie n’existe que pour autant qu’elle est placée là où elle doit être, par rapport à son centre. »

SIX THESES

Voici, dit-il, les six thèses qui me semblent résulter de ce travail de dislocation :

a) Pour étudier une époque, il est très utile de chercher comment la société se divise en classes ; celles-ci sont distinguées depuis les conceptions juridiques essentielles qui se rattachent à la manière de former les revenus de chaque groupe.

b) Il y a lieu d’écarter toute explication atomistique ; il n’y a pas lieu de chercher comment se forme la combinaison des psychologies individuelles ; ce qui est directement observable, c’est la combinaison elle-même ; c’est ce qui se rapporte aux masses. Les pensées et les activités des individus ne sont pleinement intelligibles que par leur liaison avec les mouvements des masses.

c) On jette beaucoup de lumière sur l’histoire quand on peut exposer l’enchaînement qui existe entre le système des forces productives, l’organisation du travail et les rapports sociaux qui règlent la production.

d) Les doctrines religieuses et philosophiques ont des sources traditionnelles ; mais bien qu’elles tendent à s’organiser comme des systèmes complètement fermés aux influences antérieures, elles ont d’ordinaire quelque connexion avec les rapports sociaux contemporains ; elles sont, à ce point de vue, des réflexions que forme l’esprit sur les conditions de la vie et souvent des tentatives d’explication de l’histoire par la dogmatique.

e) L’histoire d’une doctrine n’est complètement élucidée que si l’on peut la rattacher à l’histoire d’un groupe social qui fasse profession de développer et d’appliquer cette doctrine (influence des juristes).

f) Si toutes les révolutions n’ont point pour effet de permettre une plus grande extension des forces productives, gênées dans leur développement par une législation surannée, il est très essentiel d’examiner la transformation sociale à ce point de vue et de chercher comment les idées juridiques se transforment sous la pression du besoin que le monde éprouve d’affranchir l’économie.



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