Les larmes de crocodile et la responsabilité de l’ONU

vendredi 29 juillet 2011
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Deux articles viennent pointer à juste titre la responsabilité et l’hypocrisie de l’ONU et des puissances internationales dans la situation actuelle dans la corne de l’Afrique. Sans parler des fortunes colossales dépensées en ce moment même dans des guerres menées...au nom du progrès et du bonheur des peuples...

Il faudra bien parler aussi du climat...politique qui épargne certains pays et pas d’autres mais nous y reviendrons.

On rappellera à nos lecteurs que le Tony Lake dont il est question dans le 1er article est Anthony Lake, ex-candidat des démocrates pressenti pour diriger la CIA, et devenu Directeur Général de l’UNICEF

Les larmes de crocodile versées sur l’épidémie de famine

Tony Lake demande au monde entier d’envoyer des dizaines, non, des centaines de millions de dollars pour sauver de la famine les populations d’Ethiopie et de Somalie, sans jamais signaler que la majorité d’entre eux, quelque 10 millions de personnes, qui habitent dans les régions d’Ogaden et d’Oromie sont soumis par l’armée éthiopienne à un blocus de l’aide alimentaire financée par les pays occidentaux. Ne vous fiez pas seulement à ce que je vous dis sur l’ampleur de l’épidémie de famine, jetez un coup d’œil rapide sur la carte de l’ONU des régions touchées par la sècheresse concernant la Corne de l’Afrique, vous verrez que pratiquement toute la région du sud de l’Ethiopie est concernée, ce qui correspond à 20 millions de personnes.

Cinq autres millions de personnes, peut-être davantage, souffrent de la famine en Somalie. Les dirigeants des organismes d’aide alimentaire répugnent à reconnaître qu’un million, voire plus, de ceux qui meurent de faim sont les réfugiés qu’ont produits l’armée éthiopienne et celle de l’Union Africaine, financées par l’ONU, qui envahissent et occupent la Somalie depuis 2006. Ces mêmes réfugiés à qui des gens comme Tony Lake avaient réduit de 70% les rations minimum de survie pour cause de « manque de financement » (par les dons des pays « riches », NDT) avant que toutes les larmes de crocodile ne se mettent à couler.

Depuis 2008, depuis la défaite et le retrait des troupes éthiopiennes qui avaient envahi la Somalie en 2006, l’ONU et sa branche militaire de l’Union Africaine sont intervenues directement dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme » en Somalie sous la forme d’un déploiement de 10.000 troupes, majoritairement venues de l’Ouganda.

Ces 3 dernières années, l’armée ONU/UA a détruit plus de la moitié de Mogadiscio, l’ancienne capitale de la Somalie. Plus de 75 km2 de Mogadiscio ont été rayés de la carte par l’artillerie lourde, les tirs de mortiers, les tanks et les hélicoptères d’attaque utilisés par l’armée ougandaise.

Au cours de ces trois dernières années, quelque 500.000, voire plus, habitants de Mogadiscio ont dû fuir pour échapper à la mort à cause de l’offensive impitoyable de l’armée ONU/UA, rejoignant, ainsi, le demi-million de réfugiés qu’avait générée l’invasion éthiopienne.

La sècheresse qui ravage la Corne de l’Afrique dure déjà depuis quatre ans et est devenue la pire sécheresse qui ait touché la région depuis 60 ans. Parallèlement au début de la sécheresse en 2007, l’armée éthiopienne lançait des opérations anti-insurrectionnelles d’envergure dans la région d’Ogaden, opérations entièrement payées par les institutions d’aides (financières et autres) occidentales.

En réalisant ces opérations anti-insurrectionnelles, il était nécessaire en même temps de couvrir ce crime : la Croix Rouge et MSF ont été expulsés du territoire. Loin des yeux, loin du cœur, est le slogan actuel de la majorité des médias internationaux, sans équipe de tournage, sans journalistes, et qui ne donnent absolument aucune information, s’ils peuvent éviter de le faire, sur les 10 millions de personnes menacées de famine par force en Ethiopie du sud-est et du sud ouest, dans les régions de l’Ogaden et d’Oromie. Les derniers journalistes qui se sont risqués à se rendre dans l’Ogaden, deux Suédois, ont tout deux été remis aux autorités, moyennant rançon, par les chefs de guerre du Puntland. Pris dans une embuscade par des paramilitaires éthiopiens, leurs guides étaient assassinés et les deux journalistes, blessés, étaient jetés dans une geôle en Ethiopie - un message pour dire au monde entier de se mêler de leurs affaires en ce qui concerne le génocide en cours dans la Corne de l’Afrique.

Et donc les larmes de crocodile couleront à flot et des centaines de millions de dollars censés être destinés à nourrir des millions de personnes frappées par la famine dans la Corne de l’Afrique serviront au bout du compte, une fois de plus, à financer les derniers achats d’armes de l’armée éthiopienne, ou bien atterriront dans les comptes en banque du premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, et de sa clique. Et pendant un certain temps, les médias internationaux pondront des articles regorgeant d’images déchirantes d’enfants qui meurent de faim dans la Corne de l’Afrique et pas une seule fois, ils ne vous expliqueront la raison pour laquelle quelque 10 millions de ces personnes subissent un blocus de l’aide alimentaire financée par l’occident.

Traduction emcee, blog des bassines et du zèle

Par Thomas C. Mountain [1] le 27/07/2011

***

L’ONU responsable de la famine en Afrique de l’Est

L’ONU vient de déclarer l’état de famine dans deux régions de la Somalie, et c’est en fait toute la Corne de l’Afrique (Kenya, Djibouti, Somalie, Ethiopie et Erythrée) qui est menacée.

Et on dirait que c’est maintenant que le monde entier, ONU, FAO, et les grosses ONG humanitaires, découvrent que la famine menace l’Afrique de l’Est. Or c’est faux.

Depuis plusieurs mois, tout le monde pouvait prévoir cette famine :
- ça fait 2 ans que le niveau des pluies est très inférieur à la moyenne ; cela entraîne donc une sécheresse, la chute de la production agricole, la mort du bétail, donc rien qu’avec ces éléments, une aide aurait du être mise en place pour éviter la famine qui guettait. Mais aucune mesure n’a été prise.
- dès le 13 mai, l’ONU annonçait que 9 millions de personnes manquaient de nourriture en Afrique de l’Est, et que la situation pourrait devenir dramatique si la sécheresse continuait. Mais aucune mesure n’a été prise.
- début juin, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), disait la même chose, avec un message encore plus alarmiste. Mais aucune mesure n’a été prise.

C’est fin juin et début juillet seulement que l’ONU a parlé de pire sécheresse depuis 60 ans dans la région, que 10 millions de personnes étaient touchées, que MSF a rappelé que les camps de réfugiés somaliens au Kenya était surpeuplés, que l’UNICEF parle de 500.000 enfants en danger de mort !

Mais pourquoi rien n’a été entrepris pour éviter ces conditions de famine, alors qu’elle était prévisible ?

Pourquoi l’ONU, ses organisations, et les grandes ONG humanitaires ont-elles observées la situation sans intervenir, pour maintenant se retrouver dans cette situation d’urgence catastrophique ?

Tout cela montre la faillite totale de l’ONU et des ONG humanitaires, et surtout de leurs représentants et travailleurs en Afrique. Grosses voitures, maisons de luxe, vie à l’occidentale, salaires exorbitants, voilà ce qui intéresse les employés de l’ONU et des ONG humanitaires en Afrique. Et maintenant qu’il est trop tard, ils interviennent ; comme ça on va bien parler d’eux, montrer des belles photos d’enfants malnutris, ça va toucher les gens en Europe, et augmenter les dons, et ainsi permettre de maintenir leur niveau de vie dans le luxe dans des pays pauvres.

Mais au final, rien n’avancera. Ils vont distribuer de la nourriture, sauver des vies, mais après ? Rien ne sera entrepris pour le développement de ces zones, rien ne sera entrepris pour que ces situations ne se reproduisent plus, et ils attendront la nouvelle crise, tout en regardant les gens vivre dans la misère en écrivant des rapports dans leur bureaux climatisés...

Ne donnez plus aux grosses ONG, votre argent ne servira qu’à nourrir des Européens, à préparer leur retraite, à vivre dans un luxe dans lequel vous ne vivrez jamais. Privilégiez les petites ONG locales, centrées sur un ou quelques projets dans des zones bien limitées, c’est grâce à elles que l’Afrique peut se développer, et c’est elles seules qui aident vraiment les populations locales.

Waylander
In the street of Africa

Transmis par Linsay


[1Thomas C. Mountain est un journaliste indépendant qui travaille dans la Corne de l’Afrique et vit en Érythrée, d’où il écrit ses articles depuis 2006. Il a fait partie de la première délégation US pour la paix en Libye en 1987



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vendredi 30 mars 2012 à 09h06

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