Bush en son palais irakien.

lundi 3 juillet 2006
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Etats-Unis.

Parmi les nombreux secrets que le gouvernement américain a été incapable de garder, l’un des plus gros (56 hectares) et des plus chers (592 millions de dollars) est la future ambassade des Etats-Unis en Irak.

Cerné par des murs de 4,5 mètres d’épaisseur, ce complexe presque aussi vaste que la Cité du Vatican n’est pas le genre de chantier que l’on peut facilement dissimuler.

On ne sera peut-être pas totalement surpris d’apprendre qu’il s’agit encore d’un contrat raflé par la société Halliburton ( dont le vice-président Dick Cheney était PDG, jusqu’en 2000), qui sous-traite à un entrepreneur installé au Koweit

« Pour des raisons de sécurité, rapporte le Chicago Tribune, la construction de la nouvelle ambassade a été entièrement confiée à une entreprise de main-d’oeuvre étrangère, la First Kywaiti General Trading and Contracting Co.- mise en cause l’année dernière dans une affaire de traite d’êtres humains - qui a embauché quelques 900 ouvriers, pour la plupart asiatiques, qui vivent sur le chantier ».

Dans un pays où la moitié de la population est au chômage, nul doute que cette politique va permettre aux Etats-Unis de gagner le coeur de nombreux Irakiens.
La bonne nouvelle, c’est que les infrastructures censées accueillir les 8 000 américains qui seront amenés à travailler dans l’enceinte de l’ambassade seront prêtes à temps, dès l’année prochaine.

Il y aura bientôt 21 immeubles, 619 appartements équipés de services haut de gamme, ainsi qu’un éventail de restaurants, boutiques et salles de sport, une piscine, un salon de beauté, un cinéma et même un club huppé pour les soirées mondaines.

Un cadre agréable qui se prêtera idéalement à l’annonce des grands moments qui ponctueront la longue marche du peuple irakien vers la démocratie et la liberté.
De plus, la nouvelle ambassade monumentale édifiée sur les rives du Tigre est conçue pour être entièrement autosuffisante et, par conséquent, ne sera aucunement tributaire des services publics irakiens, notoirement peu fiables.

Les milliers d’Américains qui travailleront dans cette enceinte, aussi vaste que quatre-vingt terrains de foot-ball, n’auront donc aucune occasion de partager le quotidien des Irakiens, ni même d’en rencontrer, ne serait-ce que par hasard.

Une chose est sûre, ce gigantesque complexe cadre mal avec les déclarations du gouvernement américain, qui répète à l’envie que les Etats-Unis n’envisagent pas de rester en Irak. Une « ambassade » employant 8 000 personnes, auxquelles s’ajouteront plusieurs milliers de soldats pour assurer leur protection, n’est pas un avant-poste diplomatique, c’est une véritable base.

Qui plus est, une base permanente.

Art de « Nicholas von Hoffman, The Nation, New-York »
dans « Le courrier international », transmis par Linsay.



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