Le mouvement syndical palestinien applaudit la décision du STUC de faire sien l’appel BDS palestinien

vendredi 29 avril 2011
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Le mouvement syndical palestinien se félicite de la décision du Congrès des syndicats écossais (le STUC) de prendre en compte l’appel de la société civile palestinienne au BDS et il lui demande de rompre les liens avec Histadrut (le syndicat israélien, élu au dernier congrès à la vice présidence de la CSI).

Le mouvement syndical palestinien, en tant que composante clé du Comité national pour le Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), salue le Congrès des syndicats écossais pour sa décision de principe, historique, d’avril 2009 de prendre en compte l’appel de la société civile palestinienne au BDS. Nous lui sommes également profondément reconnaissants d’avoir décidé en 2010 de réexaminer ses relations avec l’organisation syndicale coloniale et raciste israélienne, Histadrut. Et nous espérons que le Congrès, cette année, prendra la décision de rompre tout lien avec la Histadrut, en application logique de son choix de principe pour le BDS.

La Histadrut, comme son passé le montre, est une organisation sioniste qui a toujours joué un rôle clé dans la poursuite de l’occupation, de la colonisation et du système de discrimination raciale israéliens. Depuis sa création, la Hisadrut est le partisan actif de la dépossession des Palestiniens et du déni de leurs droits fondamentaux. Le 13 janvier 2009, pendant la guerre d’agression qui dura 22 jours d’Israël contre la bande de Gaza, la Histadrut a publié une déclaration [1] justifiant l’agression israélienne contre Gaza. Il a été établi depuis qu’Israël y avait commis des crimes de guerre, et peut-être des crimes contre l’humanité. Une déclaration ultérieure de la Histadrut justifia également le massacre par Israël des travailleurs humanitaires et militants à bord de la Flottille de la Liberté, le 31 mai 2010 [2].

En outre, la Histadrut doit plus de 8,3 milliards de NIS (nouveau shekel israélien, soit 1,7 milliard d’euros) aux salariés palestiniens des Territoires palestiniens occupés (TPO) [3]. Cette somme d’argent a été déduite des salaires des travailleurs palestiniens au titre de prestations sociales ou syndicales qu’ils n’ont jamais reçues. Les salariés palestiniens des TPO ne profitent pas de la grande majorité des droits sociaux pour lesquels ils sont légalement autorisés à cotiser. Il faut voir cela comme une partie intégrante de la spoliation récurrente des droits des salariés palestiniens par Histadrut.

Les Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ne peuvent pas adhérer à la Histadrut. En Israël, le syndicat refuse de soutenir les citoyens palestiniens en lutte contre la discrimination raciale israélienne sur leur lieu de travail. Dans un exemple célèbre, la Histadrut n’a pas bougé quand, en 2004, les casques des salariés palestiniens, sur un chantier dans l’enceinte de la Knesset, furent marqués d’un X rouge, pour faciliter leur assassinat en cas d’urgence [4].

La Histadrut joua un rôle clé durant la Nakba (la Catastrophe) de 1948, au cours de laquelle au moins 750 000 Palestiniens, originaires du pays, furent déplacés par la force de leurs foyers et de leur patrie. Elle fut un acteur déterminant dans la construction des colonies [5] et continue de soutenir la colonisation de la terre palestinienne. La Histadrut s’intéresse toujours activement et commercialement à l’entreprise coloniale illégale israélienne. Par exemple, Histadrut possède 25% de la banque Yashav qui a une succursale à Jérusalem-Est occupée [6], et elle permet aux colons juifs en Cisjordanie occupée d’adhérer à l’organisation [7]. D’une manière ou d’une autre, la Histadrut est directement impliquée dans les violations israéliennes de la Quatrième Convention de Genève qui interdit à Israël de transférer sa propre population civile à l’intérieur du territoire occupé. Des rapports récents révèlent le rôle crucial de la Histadrut dans le soutien au gouvernement Netanyahu, gouvernement responsable de la poursuite de l’expansion coloniale et de la construction du mur d’apartheid d’Israël, de violences extrêmes contre les Palestiniens et de l’attaque contre la Flottille de la Liberté, ainsi que de nombreuses autres agressions du droit international et des droits humains [8].

Compte tenu du soutien manifeste de la Histadrut aux crimes de guerre israéliens, à la rétention des cotisations des travailleurs palestiniens, à la discrimination raciale, et de son implication directe dans la poursuite de l’occupation et de l’entreprise coloniale d’Israël, il n’y a aucune raison pour que les syndicats fassent exception pour la Histadrut au moment de mettre en œuvre leur politique de BDS.

Il est évident qu’une politique d’ « engagement constructif » avec la Histadrut, comme le préconisent certains syndicalistes internationaux, ne peut que lui donner plus de légitimité et d’impunité pour sa complicité dans les violations israéliennes du droit international et des droits palestiniens. Un engagement, quelle qu’en soit la nature, avec une organisation idéologiquement engagée dans l’oppression raciste et coloniale israélienne du peuple palestinien revient à une normalisation et une stimulation du projet colonial d’Israël.

« S’engager de façon constructive » avec la Histadrut ne peut être plus efficace que s’engager avec les autres grandes institutions sionistes. De plus, son soutien actif à la discrimination raciale et sa carence dans le respect des droits humains et du droit international sont incompatibles avec ce que requiert au minimum pour les syndicats la promotion de l’égalité, de la justice internationales et de la solidarité des travailleurs. Le mouvement syndical international a été de tout temps un acteur déterminant, et un exemple, pour son courage et son engagement en faveur des droits humains, adoptant des sanctions concrètes, d’avant-garde, conduites par le monde du travail, contre les régimes oppressifs, dans une manifestation de solidarité agissante avec les peuples opprimés du monde entier.

Inspirés par le courage des syndicats internationaux qui boycottèrent l’Afrique du Sud pendant la lutte antiapartheid, le STUC, le TUC (Congrès des syndicats britanniques), la COSATU (principale fédération syndicale d’Afrique du Sud), l’ICTU (Congrès des syndicats irlandais), la CUT (la plus grande confédération syndicale du Brésil), et bien d’autres fédérations syndicales et des dizaines de syndicats individuels ont, une fois encore, adopté la tactique consacrée du boycott et du désinvestissement comme étant la forme la plus efficace de solidarité avec un peuple sous une oppression coloniale et raciste. Les syndicats aujourd’hui sont à l’initiative dans la défense du droit du peuple palestinien à l’autodétermination, à la liberté, au respect du droit au retour de nos réfugiés, et pour la fin de l’occupation et de l’apartheid israéliens. Et nous ne pouvons pas oublier le rôle d’avant-garde du STUC dans la promotion du BDS au Royaume-Uni.

C’est dans cet esprit, qu’en plus de la STUC, l’ICTU et la COSATU ont à leur tour pris des mesures pour couper leurs liens avec la Histadrut. Le syndicat des universités et collèges britanniques (UCU) a mis en place un boycott total [9] et l’UNISON (syndicat britannique des services publics) a voté, dans le sillage de l’attaque contre la Flottille de la Liberté, la suspension des relations [10].

Comme la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud le montra, c’est dans les formes demandées par le peuple opprimé lui-même qu’une solidarité internationale efficace et constante trouve sa meilleure expression. Depuis 2005, la société civile palestinienne, dont les fédérations syndicales et l’ensemble des blocs politiques de syndicats, s’est retrouvée unie dans un appel aux personnes et aux institutions de conscience à travers le monde, et spécialement aux organisations syndicales, pour qu’ils adoptent le BDS contre Israël et le mettent en œuvre par divers moyens.

A la lumière de tout ce qui précède, nous, mouvement syndical palestinien, comprenant la quasi-totalité des blocs qui composent le PGFTU (Fédération générale des syndicats de Palestine), réitérons l’appel du BNC (Comité national palestinien du BDS) de 2009 à couper tout lien avec la Histadrut, en tant que notre meilleur espoir pour que cessent les graves violations israéliennes contre nos travailleurs et notre peuple, et ce jusqu’à ce que nous disposions de nos droits inaliénables définis par les Nations-Unies, en particulier notre droit à l’autodétermination.

Déclaration signée par les membres suivants de la PGFTU, représentant la quasi-totalité de son exécutif :

Central Office for the Workers Movement (Fatah) (Bureau central pour le mouvement des travailleurs)
Workers Unity block (Bloc pour l’unité des travailleurs)
Progressive Labor Union Front (Front progressiste syndical)
Workers Struggle Block (Bloc de la lutte des travailleurs)
Workers Liberation Front (Front de libération des travailleurs)
Progressive Workers Block (Bloc des travailleurs progressistes)
Workers Solidarity Organization (Organisation de solidarité des travailleurs)

Ainsi que par les organisations et syndicats suivants :

General Union of Palestinian Workers (Syndicat général des travailleurs palestiniens)
Federation of Independent Trade Unions (IFU) (Fédération des syndicats indépendants)
Palestinian Federation of Unions of University (Fédération des syndicats des universités palestiniennes)
Professors and Employees (PFUUPE) (Fédération des syndicats de professeurs et employés des universités palestiniennes)
General Union of Palestinian Peasants and Co-op Groups (Syndicat général des paysans et des groupements de coopératives palestiniens)
Union of Palestinian Farmers (Syndicat des agriculteurs palestiniens)
The Union of Public Employees in Palestine - Civil Sector (Syndicat des employés du secteur public - civil - en Palestine)
The Union of UNRWA Employees in Palestine (Syndicat des employés de l’UNRWA en Palestine)
General Union of Palestinian Writers (Syndicat général des auteurs palestiniens)
General Union of Palestinian Teachers (Syndicat général des enseignants palestiniens)
Palestinian Professionals Association (Association des professionnels palestiniens), comprenant les syndicats nationaux d’ingénieurs, ingénieurs agronomes, médecins, dentistes, pharmaciens, avocats et vétérinaires.




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