Droits de l’homme : Le cynisme des états-unis

mardi 18 juillet 2006
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La première session du nouveau Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies s’est ouverte le 19 juin à Genève. Cette nouvelle instance a été créée pour remplacer la très controversée Commission des droits de l’homme. Les Etats-Unis, Israël, les îles Marshall et Palau sont les seuls pays à avoir voté contre la création de ce Conseil.

Est-ce un hasard si ce sont ces mêmes pays qui votent régulièrement contre la résolution des Nations-Unies condamnant le blocus de Cuba ?

Ce Conseil vise à définir ses procédures de fonctionnement pour évaluer le respect des droits de l’homme dans les 191 membres des Nations-Unies. Il est composé de 47 membres élus au vote secret par l’Assemblée générale. Ayant peur d’être battus par un vote, les Etats-Unis n’ont pas osé présenter leur candidature. Ils ne sont donc pas membres de ce Conseil. Par contre, Cuba a été élu au vote secret en obtenant 135 voix, plus des deux tiers des membres des Nations-Unies, en faisant échec aux manÅ“uvres conjointes des Etats-Unis et des pays de l’Union européenne pour empêcher cette élection.

Le jour de l’ouverture de la session du Conseil, le Ministre des affaires étrangères de Cuba, Felipe Perez Roque, a mis l’accent sur cette situation en comparant "au jour de l’élection" le rapport des deux pays aux droits de l’homme :

"Cuba pouvait faire état de presque 30.000 médecins en train de sauver des vies et de soulager la douleur dans soixante-dix pays ; les Etats-Unis pouvaient faire état, eux, de 150.000 soldats envahisseurs, envoyés pour tuer et mourir dans une guerre injuste et illicite.

Cuba pouvait faire état de plus de 300.000 patients de pays latino-américains et caribéens ayant retrouvé la vue grâce aux opérations réalisées gratuitement par des ophtalmologues cubains ; les Etats-Unis pouvaient faire état, eux, de plus de 100.000 civils assassinés et de 2500 jeunes étasuniens morts dans une guerre ourdie pour voler le pétrole d’un pays et faire cadeau de juteux contrats aux petits amis du président de la seule superpuissance de notre planète.

Cuba pouvait faire état de plus de 25.000 jeunes de 120 pays du tiers monde faisant des études gratuites dans ses universités ; les Etats-Unis pouvaient faire état, eux, d’un camp de concentration à Guantanamo où l’on torture les prisonniers et où les geôliers déclarent officiellement que le suicide de trois hommes "n’est pas un acte de désespoir, mais un acte de guerre et de propagande".

Cuba pouvait faire état d’avions transportant ses médecins et ses hôpitaux de campagne là où étaient survenues des catastrophes naturelles ou des épidémies ; les Etats-Unis pouvaient faire état, eux, d’avions transportant en secret d’une prison à une autre des prisonniers drogués et menottés".

N’ayant pas pu empêcher la mise en place du Conseil des droits de l’homme, les Etats-Unis ont commencé un travail de sape pour "faire souffler un vent nouveau sur le Conseil", c’est-à-dire essayer de le transformer en un tribunal exclusif contre les pays pauvres et ceux qui résistent à l’impérialisme. Les Etats-Unis, qui bafouent les droits de l’homme dans toutes les régions du monde, osent affirmer par les déclarations de ses responsables qu’ils s’engagent à respecter les droits de l’homme et le droit humanitaire international.

C’est ainsi que le président Bush n’a pas hésité à signer la déclaration commune du Sommet UE-Etats-Unis avec un engagement à ce que "les mesures prises pour combattre le terrorisme soient en totale adéquation avec nos obligations internationales". Mais la fermeture du camp de Guantanamo n’a toujours pas été décidée ! Comme l’a souligné avec raison "l’Humanité" du 22 juin : "Le cynisme des Etats-Unis sur le dossier se double de l’hypocrisie des Européens".

Le ministre cubain des affaires étrangères a émis l’espoir que la session du Conseil marque "le début d’une nouvelle étape dans la lutte pour créer un véritable système de promotion et de protection de tous les droits de l’homme étendus à tous les habitants de la planète et non aux seuls riches et privilégiés". Mais, pour atteindre cet objectif, il a souligné la nécessité "d’un changement radical, d’une vraie révolution des conceptions et des méthodes qui ont entravé l’ancienne Commission". Au vu des rapports de forces dans le monde et du rôle des Nations-Unies, on peut avoir des doutes sur ce "changement radical", d’autant plus que le Conseil des droits de l’homme compte des pays comme l’Arabie Saoudite, la Chine, le Maroc, la Russie, la Tunisie qui ne sont pas particulièrement respectueux des droits de l’homme ! Mais ce combat pour les droits de l’homme doit être poursuivi sur le terrain et au sein des instances internationales, sans oublier de le mener avec la lutte pour le développement et contre les impérialismes.



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