Déficit d’image, précarité, pénibilité, travail au noir...

Manque de main d’Å“uvre, ou main d’Å“uvre en manque
mercredi 19 juillet 2006
popularité : 4%

Un déficit d’image. Ainsi, le BTP justifie-t-il son manque de main d’Å“uvre dans un secteur en pleine expansion, mais qui ne parvient pas à embaucher le personnel nécessaire. D’autres y voient davantage le résultat de la précarité, de la surenchère au prix bas, de la libéralisation de la profession.

Un secteur florissant mais un manque de main d’Å“uvre qualifiée. Il y a quelques mois, l’argument n’avait pas été reçu par le Préfet lors du Comité Régional de l’Habitat, "dans un département à 15% de chômage". Aujourd’hui, la CGT repose la question, réfutant le manque de main d’Å“uvre pour pointer la précarité de la profession.

"Nous avons recruté 5.500 personnes l’an dernier, 1.500 en créations de postes. Nous avons revalorisé les salaires de 10 % en 2005 et de 5,5 % cette année" énumère René Nostriano, de la Fédération du BTP 13. "Notre métier a changé, il est à fort potentiel, même si nous sommes toujours confrontés à un déficit d’image." Ce déficit serait dû à la persistance d’une association des métiers du BTP à l’échec scolaire, mais aussi à la pénibilité du travail voire sa dangerosité, "Le secteur recense encore 180 accidents du travail mortels chaque année" rappelle Lionel de Coninck, de la CGT Construction.

"Sur les chantiers, on trouve de vraies compétences ayant permis des carrières plus qu’honorables", apprécie André Jollivet, Président de l’Ordre des Architectes. "Mais cela ne masque pas un manque de main d’Å“uvre compétente et un appauvrissement des métiers. On trouve ainsi davantage de personnes sachant assembler des objets manufacturés ou industrialisés que des ouvriers compétents à l’image des compagnons d’autrefois. Enfin, les entreprises ont supprimé les postes d’encadrement".

Pourtant la Fédération du BTP a fait des efforts notables en terme de formation. "2.700 jeunes ont été formés cette année dans les centres de formation et d’apprentissage d’Aix et Marseille, et nous allons ouvrir un nouveau centre de formation à Arles pour 300 apprentis dans un premier temps, puis 600 à terme", annonce ainsi René Nostriano.

Un tableau peu optimiste pour Annick Boët, Présidente du Groupe Communiste à la Mairie : "Il nous faut regarder davantage cette question, comprendre pourquoi nombre de jeunes s’évanouissent dans la nature après leur formation, et trouver les moyens de soutenir les entreprises qui jouent le jeu en proposant de vrais contrats à leurs employés..."

A l’instar de Lionel de Coninck, estimant que la puissance publique a une responsabilité dans les conditions de travail, André Jollivet s’insurge contre "le chantage effectué au nom du moins-disant. A vouloir les chantiers les moins chers et réalisés dans des délais absurdement courts, cela a des conséquences sur la main d’Å“uvre. Et les collectivités ne pourront pas longtemps faire semblant d’ignorer que leurs exigences provoquent notamment l’embauche de travailleurs au noir, flexibles et moins coûteux, même si toutes les entreprises ont évidemment signé toutes les chartes refusant ce travail illégal. "

Reste enfin la question de la structuration de ce secteur qui est, en lui-même, un obstacle aux embauches. "La sous-traitance effectuée par les gros groupes a eu pour conséquence de casser le réseau d’entreprises intermédiaires. L’essentiel de la profession est désormais constitué d’artisans, petits et fragiles" commente encore André Jollivet.

Effectivement, sur les 9.000 entreprises recensées dans le département, 4.500 sont des artisans travaillant seuls, et seules un millier affichent plus de 5 salariés. Pour René Nostriano, ce n’est cependant pas l’insécurité instaurée par le libéralisme qui empêche les petites entreprises d’embaucher, mais "la pression législative qui fait que passer à 6 salariés est un cap trop difficile".

Evidemment.

La Marseillaise 3 juillet 06



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur