Une explosion sociale en 2012 ? Les patrons la redoutent...

jeudi 24 novembre 2011
par  Charles Hoareau
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Venue des USA la mode des "thinks tank" (littéralement réservoirs d’idées) ces lieux où on réfléchit entre élites autoproclamées à l’avenir de la planète afin de peser sur les choix politiques s’est propagée dans le monde. La France n’échappe pas à cette réalité.

Entreprise & Personnel ce think tank qui regroupe les DRH de plus de 110 des grandes entreprises, organisations privées et publiques publie chaque année un rapport sur la situation sociale, rapport attendu dans les milieux qui s’autorisent à être autorisés comme aurait dit Coluche.

A l’automne 2010, Entreprise & Personnel espérait que 2011 serait une année de reprise progressive de l’activité un an plus tard l’optimisme prudent s’est transformé en pessimisme cru et cette année la note de conjoncture pointe les risques d’une explosion sociale liée à la rigueur qui devrait s’accroître en 2012 et à l’incompréhension grandissante entre les salariés et leurs employeurs.

Pour Jean-Pierre Basilien, auteur du rapport 2011, : "le cadre social des 18-24 mois s’imposera à toute majorité issue des urnes en mai 2012 et les marges de manœuvre dont elle bénéficiera seront nulles."

Selon Jean Pierre Basilien la France est rentrée dans “des zones grises”. Et l’expert de pointer la menace de “plans d’austérité qui devraient bien finir par arriver” et, puisque selon lui on ne peut pas changer de cadre économique, il met les politiques en garde contre “les faux espoirs” qu’ils pourraient susciter en proposant des mesures qu’ils n’auront pas les moyens de mettre en œuvre en expliquant que “La question de l’insécurité économique devrait être au cœur des prochaines campagnes électorales” Pour lui le risque d’un rejet massif suite à la présidentielle est d’autant plus fort que "Jamais l’inquiétude vis-à-vis de l’emploi n’a été aussi élevée"

Le social au coeur des enjeux ? Cela n’est pas pour nous surprendre.

Autre élément pointé par Sandra Enlart directrice d’Entreprise & Personnel, le risque pour les syndicats de se faire déborder par leur base...C’est sûr que lorsqu’on voit, face à tout ce que le gouvernement envoie contre les salarié-e-s, la déclaration syndicale unitaire du 18 novembre et son timide appel pour des rassemblements le 13 décembre, là où il faudrait sonner en grand l’appel à la révolte, le risque existe...

Morceaux choisis du rapport

« (...) L’atonie des marchés européens et américains risque en outre d’entraîner des délocalisations vers l’Asie et l’Amérique du Sud (...) ce contexte doit inciter les entreprises à redoubler d’efforts d’« explication » des stratégies auprès de salariés déboussolés (...) »

Autrement dit, avec des explications redoublées les ouvriers de Fralib n’en seraient pas venus à occuper stupidement leur entreprise et auraient compris la nécessité de délocaliser en Pologne.

« (...) Pour les grandes entreprises, ce rendez-vous risque d’être difficile (...) Elles vont annoncer de bons résultats, la distribution de bonus mais leurs politiques salariales vont tenir compte des réalités économiques et de l’inflation. Les négociations risquent d’être tendues (...) Et la prime dividende n’est pas venue simplifier les discussions. Elle a généré plus de déceptions que d’attente (...) elle aura un impact sur la renégociation des accords d’intéressement et sur les politiques de rémunération en 2012 »-

« Des entreprises qui (...) vont devoir expliquer à leurs troupes pourquoi, alors qu’elles vont enregistrer en 2011 des résultats records, elles vont revoir à la baisse les augmentations de salaires qu’elles prévoyaient encore au printemps dernier : leur hausse devrait ainsi être comprise entre 2 % et 2,5 % contre les 3 % précédemment annoncés »

Là encore une question d’explication ?

« Le chômage de longue durée tout comme le chômage des jeunes devraient repartir à la hausse (...) Les entreprises devraient continuer à maîtriser les coûts et à couper dans les effectifs afin de maintenir leur compétitivité (...) [La croissance prévue] permettrait de créer, au mieux, 70.000 emplois, quand la population active devrait croître de 150.000 personnes »

« (...) Personne ne peut dire aujourd’hui si, même en augmentant les prélèvements fiscaux, on pourra préserver notre modèle social ou s’il faudra le remettre en cause (...) les questions de son coût et de son financement, notamment via la TVA sociale, on ne les évitera pas (...) »

C’est sûr que si le salaire socialisé est mis en cause dans son existence même il viendra un moment où il ne restera du "modèle social" qu’un souvenir. Sauf si.
Sauf si le peuple s’en mêle, et justement cela semble le principal souci de nos experts.

"Comment réagira le corps social si les promesses ne sont pas tenues ? Jusqu’où acceptera-t-il les mesures d’austérité ? A quel moment bascule-t-on dans un rejet massif ?"

Et Entreprise & Personnel de conclure en disant : « Reste à se demander jusqu’où le corps social acceptera ces restrictions »

Evidemment la question mérite d’être posée. Pour le think tank qui reste accroché au modèle économique actuel la solution serait on l’a vu un meilleur dialogue social, plus d’explications. En gros tout relèverait de la pédagogie pour faire passer la pilule.

Quant à l’idée d’une possession des richesses par le peuple pour une autre répartition, ce n’est pas une piste qu’Entreprise & Personnel a creusée.

On ne peut pas être expert en tout...


Les morceaux du rapport ont été repris d’un article de du blog de J-C Slovar transmis par Linsay



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jeudi 24 novembre 2011 à 07h57 - par  chb

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