Micca nati per esse dumati

On n’est pas nés pour être matés
lundi 28 novembre 2011
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En Corse, Air France, sous prétexte de faire des économies, a décidé d’ignorer le droit du travail et de passer en force face à une décision de justice, quitte à ce que cette attitude provoque pour la compagnie au final un coût considérable et pour 45 jeunes une plus grande plongée dans la précarité.

En Corse, comme dans toute région touristique de France, le trafic aérien est soumis aux variations saisonnières, l’insularité renforçant encore le phénomène. Pour une partie des salarié-e-s, en particulier les jeunes, cela se traduisait par des emplois saisonniers pas forcément reconduits. Pour faire reculer la précarité, un accord conclu avec les syndicats visait à la création de CDI en « temps partiel intermittent », garantissant sept mois de travail à plein-temps (lorsque le trafic aérien est en augmentation) et un salaire « lissé » sur toute l’année prenant en compte cinq mois chômés. Cela devait assurer à chacun, en contrat précaire depuis 2005 pour la plupart, un revenu moyen mensuel de l’ordre de 800 à 900 euros et une garantie de continuité de leur contrat. Au bout de 3 ans, les jeunes ainsi recrutés passaient en CDI « normal ».

Cet accord aurait du s’appliquer dès 2009. Cette année là la direction d’Air France fit valoir des difficultés dues à la crise et recula la mise en œuvre d’un an. En 2010 nouveau recul. Et en 2011 elle comptait faire pareil. Pour les salarié-e-s et les syndicats, au premier rang desquels la CGT C’en était trop ! Comme le dit Charly Levenard, délégué CGT d’Air France en Corse « on s’est sentis floués dans notre bonne foi ». Dans un premier temps le conseil de prud’hommes a été saisi.

Le 27 septembre, le tribunal d’Ajaccio a condamné la Compagnie à requalifier 28CDD en CDI d’agents de « service commercial » et « service avion ». Deux jours plus tard, le tribunal de Bastia faisait de même pour les 17 autres. Bien que cette décision ait été exécutoire immédiatement sous peine de 6 000euros d’astreinte par jour et par salarié, Air France a préféré faire appel et repousser ainsi, du moins l’espère-t-elle, toute décision la condamnant, à février 2012…au mieux. Depuis, sa condamnation, elle prive les jeunes précaires du droit de travailler en refusant de leur fournir contrat de travail, grilles horaires et sommes dues. Quitte à dépenser 102 000euros d’astreinte chaque jour pour les 17 concernés de Bastia  !

Face à cet employeur qui se croit au dessus des lois les 45 CDD qui ont entre 20 et 30 ans, ne se sont pas laissé faire. Dans un premier temps tracts et pétitions ont été distribués et depuis 3 semaines ils occupent les aéroports de Bastia et d’Ajaccio.

Comme ils le disent eux-mêmes, on n’est pas condamnés à être des précaires toute notre vie. On est indignés pas parce que c’est la mode, mais parce qu’Air France nous a menti et quand la compagnie est condamnée elle refuse d’appliquer le jugement. Comme le dit Charly « Ils veulent une vie normale, fonder une famille ».

A la direction d’Air France qui oppose des impératifs économiques, on peut sans peine opposer quelques chiffres. Ainsi le rapport fait pour l’Assemblée générale des actionnaires [1] nous apprend que "Le Conseil d’administration a décidé, lors de sa réunion du 18 mai 2011, de fixer la part variable de rémunération du Directeur Général au titre de l’exercice 2010/2011 à 562500 euros." Soit pour P.H. Gourgeon 412 500 euros et 45.83% d’augmentation. Plus de 400 000 euros ? La somme qui faudrait pour embaucher les 45 CDD

Qu’attend l’État, actionnaire d’Air France à hauteur de 17%, pour exiger de l’entreprise l’application du jugement  ? interrogent les intéressés.

Avec un enthousiasme dont se réjouit Charly et ses camarades de la CGT, les jeunes vont au devant des passagers et des habitants pour faire signer leur pétition qui a déjà recueilli sur l’île près de 20 000 signatures…ce qui est évidemment énorme. L’Assemblée territoriale de Corse a adopté une motion de soutien déposée par le groupe communiste et citoyen, pour lequel cette affaire témoigne aussi du désengagement du gouvernement et des grandes entreprises vis-à-vis de la Corse.

Dans le hall de l’aérogare, bien plus que les horaires des avions, ce sont le courage, le dynamisme et la dignité qui tous les jours s’affichent. Ce jeudi le personnel titulaire est appelé à la grève par la CGT qui l’affirme haut et fort « on restera jusqu’au bout au côté des jeunes. On ne lâchera pas ».

Sur le site de la CGT d’Air France on peut voir le reportage que Frequenza mora a fait sur ce conflit et bien sûr signer la pétition en ligne.

Alors sans attendre marquez votre soutien au 45 CDD,cliquez ici pour signer


[1sur airfranceklm-finance.com En p.23 chapitre rémunération de M.Gourgeon



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