Clarifions bien sûr, clarifions vraiment

Bâtir un front populaire de notre temps
mardi 5 avril 2005
par  Charles Hoareau
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A M.G Buffet

Chère camarade

A Michel Noblecourt qui demandait au PCF de clarifier ses choix (Le Monde des 20 et 21 mars) entre enfermement « dans un isolement électoralement suicidaire, avec l’extrême gauche » ou la construction « avec le PS d’une alternative pour revenir en 2007 au gouvernement », tu as répondu, (Huma du 24 mars), par un article intitulé : « D’accord, clarifions »

La situation présente nous avait décidé à t’écrire, cet article nous conforte dans cette décision car nous faisons partie de ceux et celles qui pensent qu’il existe une chance historique à ne pas laisser passer.

Plus avance le débat sur la constitution, plus se marque une ligne de rupture entre les partisans du NON et ceux et celles du OUI, ligne de rupture qui va bien au delà du texte même de la constitution. Le NON qui s’affirme est un NON de rejet, de refus de cette société capitaliste (même s’il n’est pas toujours exprimé comme cela). C’est une volonté de résister à ce vers quoi le MEDEF et ses alliés veulent nous faire aller. Ce qui me paraît clair c’est que cette volonté de rupture là offre une réelle perspective politique.

Tu dis que le PS fait partie de la gauche. Oui bien sûr historiquement, mais aujourd’hui que veut dire se réclamer de gauche quand on a accepté toutes les exigences du MEDEF quand on était au pouvoir, des privatisations à la casse des emplois en passant par celle de la protection sociale et la mise en place du PARE ? Et pire que l’on ne renie rien de ce que l’on a fait...et défait. Tu dis aussi - et nous sommes bien d’accord - que se pose la question « d’une politique de gauche à l’heure du capitalisme mondialisé ». Mais il ne s’agit pas de poser la question, il faut y répondre !

Pourquoi ne pas dire que l’on ne peut pas faire une politique « de gauche » en France si on ne sort pas de Maastricht ? Pourquoi ne pas dire que l’on ne peut pas avoir une politique économique progressiste tant que nous ne sommes pas maîtres de notre monnaie ce qui n’est pas possible avec une Banque Centrale indépendante de tout pouvoir politique ? Comment faire une politique de « gauche » dans une alliance de pays capitalistes qui par nature ne s’unissent pas pour faire le bonheur des peuples ?

Vouloir faire une politique de « gauche » en France suppose de refuser l’impérialisme et le néo colonialisme de cette Union Européenne dont souffrent tant les pays du sud.

Dans la bataille pour le NON émerge et se rend visible un peuple de gauche, majoritairement inorganisé, qui s’approprie ce débat ce qui est porteur d’espérance. La bataille du référendum et ses lendemains nous donne l’occasion historique de travailler au rassemblement de ces forces sur des bases claires, proposant une véritable alternative et non pas seulement l’alternance.

Je ne crois pas que cette perspective soit suicidaire électoralement parlant et n’étant pas électoraliste cela me semble de toute façon second. Ce qui me semble premier c’est qu’une telle force peut peser efficacement dans le débat politique.

Refaire une nouvelle version de la gauche plurielle ? Pour quoi faire ? Un PCF affaibli parce que décrédibilisé, que pèsera-t-il face un PS hégémonique et gagné aux idées du capitalisme triomphant ? Ce n’est pas l’union qui pose problème mais son contenu. Après tout en 45 le CNR - union allant de la droite au PCF - a su mettre en œuvre des mesures anticapitalistes qui sont encore une référence mondiale aujourd’hui.

Quand je vois le travail que font des gens, des groupes innombrables, sans parler de membres des partis dits traditionnels du PS à l’extrême gauche, je me dis qu’il y a matière à bâtir une vraie union, de gauche parce qu’anticapitaliste. Il y a matière à bâtir un front populaire de notre temps, porteur de perspective de changement réel de la société.

A l’intérieur de ce front les communistes pourront alors se rassembler et débattre pour agir en tenant compte des erreurs passées.

Sur cette base là nous pensons que ces forces qui travaillent aujourd’hui pour le NON doivent se rencontrer, quelque soit le résultat du référendum, pour préparer l’avenir. En ce qui nous concerne nous sommes disponibles pour toute rencontre et rendons ouverte cette lettre ce qui nous semble la meilleure façon de mettre ces questions en débat et de hâter une telle initiative

Reçois, chère camarade, nos sincères salutations.

Pour Rouges Vifs 13

Charles Hoareau



Documents joints

D'accord clarifions
Tribune de M G Buffet Huma du 24 mars 05

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dimanche 10 avril 2005 à 12h54 - par  pam
mercredi 6 avril 2005 à 08h34