Quand Pôle Emploi désinscrit un chômeur sur deux.

lundi 12 décembre 2011
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L’an dernier, quelque 5,6 millions de personnes sont sorties des listes de Pôle emploi (catégories A, B, C) en France métropolitaine. Moins de 5% d’entre elles avaient repris un emploi.

La DARES vient de publier une intéressante étude sur l’évolution des sorties d’inscriptions à Pôle Emploi entre 2007 et 2010. Comme elle le précise, les inscrits à Pôle Emploi ne sont qu’une part des demandeurs d’emploi.

En 2010, chaque mois, 10% des inscrits ont quitté les listes de Pôle Emploi, contre 12,5% en 2007.

Désinscrits avec emploi...

Contrairement aux fables sarkozystes, la DARES confirme que la crise de l’emploi avait commencé AVANT la crise boursière puis financière de septembre 2008. Dès mars 2008 une nouvelle aggravation du chômage était observable « La baisse a été plus particulièrement marquée entre mars 2008 et mars 2009, en lien avec la dégradation de la conjoncture économique ».

La DARES confirme également que la reprise de l’emploi n’a jamais eu lieu : le taux de sortie pour reprise d’emploi n’a jamais progressé depuis l’élection de Sarkozy. Au contraire, moins de la moitié des sorties mensuelles le sont pour reprise d’emploi (4,6% en 2010), contre 6,5% en 2007. En décembre 2010, ce taux de sortie pour reprise d’emploi était même de 4,2%, l’un « des taux les plus bas observés depuis le début de la disponibilité des données, en juin 2002 ».

Un peu moins d’un tiers de ces sorties concernaient des CDI. L’intérim s’est effondré dès mars. Et les contrats aidés, s’ils ont augmenté, représentent une part marginale de ces reprises d’emploi : après un pic à 12% de ces sorties en 2009, ils sont retombés à 9% l’année suivante. C’est l’effet direct de la baisse des crédits consacrés à l’emploi.

Pôle Emploi n’a assuré que 14% des recrutements des sortants en 2010, contre 29% pour ... les relations professionnelles et personnelles et 23% via des petites annonces hors Pôle Emploi.

Enfin, un tiers des désinscrits ayant retrouvé un emploi ... cherchent encore un emploi. Et pourquoi ? A cause « d’une insatisfaction relative au contrat de travail (23 %), à la durée de contrat (23 %), au salaire (12 %) ou au temps de travail (10 %) ».

... ou sans travail

Plus d’un chômeur sur deux est sorti des listes de Pôle Emploi sans avoir recouvré un travail.

Ces désinscrits sans emploi se décomposent comme suit.

47% ont été sortis « involontairement » des listes de Pôle Emploi. La DARES précise les cas :
- 31% pour défaut d’actualisation suivi d’une réinscription
- 12% suite au « non renouvellement accidentel » de leur demande (problème de carte de séjour, de téléactualisation...)
- 4% suite à une radiation administrative

38% de ces sans-emplois sont sortis « volontairement » des listes de Pôle Emploi :
- 19% sont partis en formation
- 15% ont interrompu leur inscription pour cause de maladie, de vacances, ou de congés maternité ou parentaux.
- 3% sont partis à la retraite, ou en en dispense de recherche d’emploi.

Enfin, la DARES précise que 6% supplémentaires « n’ont simplement pas souhaité renouveler leur inscription sur les listes de Pôle emploi, (par exemple parce qu’ils n’étaient plus indemnisés) » et que 9% se sont désinscrits pour un « autre motif » tels un déménagement ou un emprisonnement (sic !).

La France précaire

Cette étude fournit également quelques éléments d’analyse sur la France précaire.

Les plus de 50 ans : leur taux de sortie pour reprise d’emploi, déjà très faible avant la crise (3,5%), s’est affaissé à 2,4% en 4 ans. Cette évolution est à rapprocher des grands discours sur l’inévitable amélioration de l’emploi des séniors.

Les régions industrielles : Limousin, Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Haute-Normandie affichent les taux mensuels de sortie pour reprise d’emploi les plus faibles, inférieurs à 4,0 % en moyenne.

Les professions non qualifiées : le taux de sortie pour reprise d’emploi a été dégradés de 30% en 4 ans, pour tomber à 3,9% (manoeuvres) ou 4,7% (ouvriers) ; quand celui des cadres restait au-dessus des 5%. «  La baisse des taux de sortie conjuguée à l’afflux de nouveaux inscrits sur les listes de Pôle emploi explique la forte hausse du nombre de demandeurs d’emploi ouvriers : +24,9 % entre 2007 et 2010 contre +5,9 % sur la même période pour les cadres. »

Rédigé par Juan Sarkofrance blogueur associé de Marianne 2 le 10/12/2011

Transmis par Linsay

Chiffres du chômage de novembre 2011 : déclaration de la CGT

Confirmation d’un bilan négatif

Encore une fois, la preuve est faite de l’inefficacité du gouvernement en matière de lutte contre le chômage. En effet, pour novembre 2011 et pour le deuxième mois d’affilée, les chiffres du chômage ont flambé.
Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A a augmenté de 29.900 en novembre pour atteindre 2.844.800, son plus haut niveau depuis douze ans, soit depuis 1999. Un chiffre en hausse de 1,1% sur un mois et de 5,2% sur un an. Le chômage aura progressé deux fois plus vite en 2011 qu’en 2010, et le seuil des 3 millions de chômeurs se rapproche à grands pas.

Comme d’habitude, les jeunes, les seniors et les précaires sont les plus affectés : les moins de 25 ans sont particulièrement touchés avec une hausse de +2,2% sur un mois (+2,3% sur un mois), les seniors subissent de plein fouet l’envolée du chômage avec une augmentation de 1,5% sur un mois soit une progression de 15,4% sur un an et les précaires continuent d’alimenter fortement les chiffres sur un mois, +6,6% pour les fin de CDD et +9,5% pour les fin de mission d’intérim. Autre motif supplémentaire d’inquiétude, le nombre d’entrées à Pôle emploi après un licenciement économique est reparti à la hausse (soit +11% sur un mois).

Il ne suffit pas que Xavier Bertrand prenne acte de cette progression, due d’après lui « au ralentissement de l’activité économique » et qu’il mette le cap sur le « sommet pour l’emploi » qui réunira les partenaires sociaux le 18 janvier autour de Nicolas Sarkozy, pour nous faire croire que le gouvernement a enfin pris au sérieux le problème de l’emploi. Pour la CGT, encore une fois, ce sommet risque de se réduire à un énième nouveau plan de communication d’un président en fin de règne.
Cela étant, la CGT se rendra au sommet avec des propositions : suppression des heures supplémentaires défiscalisées, contrôle soutenu des aides accordées aux entreprises avec un engagement ferme sur l’emploi et mise en place d’un seul dispositif alternatif aux licenciements qui regrouperait les mesures de chômage partiel.
Par ailleurs, face à cette situation, la CGT confirme, pour la rentrée 2012, son appel à une mobilisation de grande ampleur, le 18 janvier, des salariés du public et du privé, afin d’améliorer l’emploi, le pouvoir d’achat de tous et de lutter tous ensemble contre la politique d’austérité du gouvernement.

Montreuil, le 27 décembre 2011


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