Le retour du système féodal.

jeudi 29 décembre 2011
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Une autre façon d’écrire que le capitalisme international se développe en cassant les nations et tous les étages du pouvoir populaire.

Mais au fond, dites-moi : cette mondialisation, vous ne lui trouvez pas un petit air de déjà vécu, dans l’Histoire de l’humanité ?

Nous sommes maintenant au seuil d’un nouveau système féodal : à l’heure actuelle, les dirigeants des grandes entreprises sont tout aussi puissants que l’étaient les ducs et les marquis de naguère, qui n’avaient que faire des décisions du Roi, dont ils finissaient par oublier l’existence. La féodalité était un système fondé non sur la citoyenneté nationale, mais sur des loyautés et des relations entre individus ; le pouvoir n’y appartenait pas à l’Etat, mais à ceux qui possédaient des biens et des terres, et toute allégeance va toujours à celui qui détient le pouvoir.

Les multinationales bâtissent des filiales en différents endroits de la planète ; ces filiales, ainsi que les entreprises qu’elles achètent, ou celles avec lesquelles elles fusionnent, ne sont inféodées ni à leurs pays, ni au pays où la multinationale a son siège, mais à la multinationale elle-même.

Cette multinationale récompense la loyauté et punit la félonie. Quand il le faut, elle peut protéger ses vassaux les plus importants contre les lois de l’Etat, tout comme, dans le temps, les barons protégeaient leurs grands feudataires contre les commandements de l’Eglise catholique. Les travailleurs sont attachés à la multinationale par la participation aux bénéfices, son système de retraites, et la mutuelle et l’assurance-santé qu’elle leur offre ; l’exemple japonais montre bien que la loyauté des salariés va en priorité à leur employeur plutôt qu’à leur citoyenneté ou à leur syndicat.

Les gouvernements nationaux ne disparaissent pas formellement, pas plus que les familles royales britannique, hollandaise ou suédoise n’ont disparu, mais ils deviennent des objets d’apparat de plus en plus insignifiants : on verra de plus en plus des acteurs jouer les rôles d’hommes politiques et de chefs d’Etat, alors que les vraies décisions seront prises ailleurs.

Les multinationales sont dans la situation du pilleur de banques du temps du Far-West : il lui suffisait de galoper tout droit et très vite pour être tranquille, parce que le shérif et sa troupe ne pouvaient pas franchir les frontières de sa zone de juridiction ; elles font la guerre, elles prélèvent les impôts sous forme d’intérêts, elles protègent leurs travailleurs-citoyens à l’intérieur de leurs zones de propriété, et elles distribuent le pouvoir comme bon leur semble.

Voici revenu le temps de la féodalité.

Par Elie Arié blogueur associé de Marianne 2 le 26/12/ 2011

Transmis par Linsay



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