Sévices en Irak : nouveau rapport accablant.

La torture des prisonniers en Irak était autorisée par l’armée américaine.
dimanche 13 août 2006
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Human Rights Watch estime que la torture était répandue, même après le scandale d’Abou Ghraib, et que Washington a décidé de ne pas appliquer les conventions de Genève.

- Les tortures et sévices commis par l’armée américaine dans les prisons en Irak étaient répandus et autorisés, y compris après le scandale d’Abou Ghraib, selon l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW), qui estime qu’« il est temps que les dirigeants américains rendent compte de leurs actes ».

- L’enquête de Human Rights Watch, intitulée « Pas de sang, pas de bavure. Récits de soldats sur les sévices infligés aux détenus en Irak » et publié dimanche 23 juillet, collecte non pas des témoignages d’anciens détenus, de victimes, mais des paroles de soldats rentrés d’Irak et des documents du Pentagone.

Elle porte sur une période de deux ans, de 2003 à 2005, donc y compris après le scandale d’Abou Ghraib et la publication de photographies de soldats torturant des prisonniers, en 2004.

Des trois prisons particulièrement soumises aux investigations de HRW, l’une, Camp Nama, située à l’aéroport de Bagdad, est au centre des accusations.

A camp Nama opérait une unité spécialisée dans l’interrogatoire de détenus et baptisée de quatre nom de code, « Task Force 20, 121, 6-26 ou 145 ».

- « Les sévices les plus graves étaient le fait de l’unité spéciale », écrit HRW, qui ajoute que « selon les témoignages des soldats, les détenus de Camp Nama n’étaient pas enregistrés auprès du Comité international de la Croix-Rouge, ce qui constitue une violation du droit international ».

Les tortures sont pour la plupart déjà connues et documentées : les prisonniers étaient soumis à de violents passages à tabac, forcés de demeurer dans des positions pénibles et douloureuses, privés de sommeil et exposés à des températures de froid ou de chaleur extrêmes.

Les interrogatoires avaient souvent lieu en présence de chiens, destinés à intimider les détenus.

Selon un interrogateur de Camp Nama qui a témoigné pour HRW, le recours aux méthodes violentes n’était en rien une exception, et était même codifié dans un formulaire que les soldats devaient remplir.

"Il y avait une autorisation type, que vous pouviez imprimer ou remplir directement sur l’ordinateur, explique-t-il. C’était une liste de techniques.

- Vous pouviez cocher les techniques que vous vouliez utiliser et, si vous envisagiez un interrogatoire musclé, il suffisait de demander une signature. Je n’ai jamais vu une feuille non signée."

Après le scandale d’Abou Ghraib, des enquêtes ont été menées par l’armée américaine. Le colonel Stuart Herrington notamment, retraité des services de renseignemens militaires, a été dépêché en Irak afin d’évaluer les méthodes de recueil d’informations auprès des prisonniers.

- Il a informé ses supérieurs des violations du droit commises par la « Task Force 121 ». « Il semble clair que la TF 121 doit être remise au pas en ce qui concerne son traitement des détenus », écrivait-il dans son rapport, qui n’eut aucun effet.

« METHODES VIOLENTES. »

"On a dit aux soldats que les conventions de Genève ne s’appliquaient pas et que les interrogateurs pouvaient recourir à des méthodes violentes pour faire parler les détenus, écrit John Sifton,responsable du département terrorisme et antiterrorisme à Human Rights Watch et auteur du rapport.

- Ces témoignages contredisent les affirmations du gouvernement américain selon lesquelles la torture et les sévices en Irak n’étaient pas autorisés et constituaient des exceptions.

- Ils montrent, au contraire, que ces techniques étaient admises et utilisées régulièrement".

- « Ils (les officiers) nous ont dit qu’il s’agissait de »combattants ennemis« et pas de »prisonniers de guerre« , et donc qu’on pouvait leur faire tous ces trucs, et le reste », confesse un interrogateur militaire à HRW.

Human Rights Watch, qui rappelle qu’aucun officier des services de renseignements militaires n’a été traduit devant une cour martiale pour des mauvais traitements infligés en Irak, appelle le Congrès américain à « nommer une commission indépendante et neutre chargée d’examiner la véritable ampleur des exactions commises en Irak, la complicité des responsables en haut lieu, ainsi que les failles systématiques qui entravent la dénonciation, par les soldats, des mauvais traitements dont ils ont été témoins ».

- L’organisation des droits de l’homme appelle également le président américain, George Bush, à « nommer un procureur indépendant en vue de poursuivre en justice les responsables militaires et civils qui ont autorisé les sévices ou fermé les yeux sur leur perpétration ».

Art de « Rémy Ourdan », dans « Le Monde ».
Transmis par Linsay.



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