Règlements de comptes dans la Libye de BHL

jeudi 28 juin 2012
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Puisque Reporters sans Frontières, l’UMP et BHL n’ont rien à redire, puisqu’aucun média n’a fait sa Une sur des atteintes aux libertés, la Libye doit être devenue une démocratie au-dessus de tout soupçon dans laquelle la France fait ses emplettes pétrolières au nom des services rendus...

Reste le cas Mahmoudi, l’ex premier ministre de Kadhafi, dont le nouveau pouvoir voulait faire un cas exemplaire de démonstration de la justice retrouvée.

Exilé en Tunisie, Al-Baghdadi al-Mahmoudi avait fait l’objet d’une demande d’extradition pour laquelle il faut l’accord du président tunisien et contre laquelle il avait fait un recours auprès de la Cour africaine des droits de l’Homme (CADH).

Recours ? Autorisation ? Que du temps perdu ! C’est par un « véritable rapt », comme l’a dit son avocat français, Me Marcel Ceccaldi, que cette question a été tranchée. « Une extradition vers un Etat voyou de la part d’un gouvernement qui a des pratiques de voyous » a-t-il ajouté.

Il a aussi dénoncé l’attitude du gouvernement tunisien puisqu’en Tunisie, aux termes des textes applicables, c’est le président de la République qui doit signer le décret d’extradition, ce qui n’a pas été le cas. En fait le rapt s’est fait dans la précipitation au point de provoquer une crise dans le gouvernement avec d’un côté les dirigeants de Ennahdha et de l’autre le président de la République tunisienne Moncef Marzouki, furieux de ne pas avoir été consulté.

Mise au silence et règlements de compte

En fait, à voir la rapidité de l’intervention, on ne peut que faire le rapprochement avec certains faits récents qui se sont déroulés et renvoient à des éclaircissements sur le passé que la justice aura à faire.

Ennahdha au cœur de l’extradition de Mahmoudi

_ Le conseiller du ministre de la Justice Saïd Ferjani (d’Ennahdha) et Salim El Hassi, chef des services de renseignement libyen se sont rencontrés, en mai dernier, à l’hôtel parisien Georges V. Les comptes bancaires de Mouammar Kadhafi étaient au centre de la discussion.

Un rendez-vous a eu lieu entre le Libyen et le Tunisien avec l’avocat de Baghdadi Mahmoudi, Me Marcel Ceccaldi qui a invité les deux dirigeants islamistes au restaurant le Fouquet’s.

L’avocat, qui dit conserver encore la note des frais du restaurant ainsi que les cartes professionnelles de ses deux visiteurs, a notamment déclaré à plusieurs agences de presse que le sujet tournait autour des clefs des comptes de Mouammar Kadhafi en France dont seul l’ancien Premier ministre Baghdadi Mahmoudi, extradé dimanche de la Tunisie vers la Libye, a les secrets et les codes.

Selon l’avocat, de M. Mahmoudi était décidé à livrer des secrets à un juge français concernant le financement de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy et son enrichissement personnel.

A son retour à Tunis, Saïd Ferjani a rendu visite à Baghdadi Mahmoudi à la prison de la Mornaguia. Que se sont raconté les deux hommes ? On n’en sait rien. Et que vient faire M. Ferjani dans ce dossier franco-libyen ? Intervenait-il au nom d’Ennahdha ou du gouvernement ? Dans les deux cas, des éclaircissements sont nécessaires.

Quoi qu’il en soit, quelques jours après, l’avocat français a rencontré l’ancien Premier ministre de Kadhafi qui a souhaité livrer le plus tôt possible quelques secrets à un juge d’instruction français concernant le financement de la campagne de Sarkozy et de l’acharnement de ce dernier dans l’intervention de l’OTAN en Libye.

C’était le 16 juin. Huit jours après, M. Baghdadi a été extradé de la prison de la Mornaguia vers Tripoli.

Premier ministre jusqu’aux derniers jours du régime Kadhafi, M. Mahmoudi avait été arrêté en septembre en Tunisie alors qu’il cherchait à gagner l’Algérie.

Me Ceccaldi affirme que son client a été en catimini sorti de prison dimanche vers 05H00, puis emmené par hélicoptère vers un aéroport au sud de Carthage, d’où il aurait été transféré à Sfax, où l’attendait un avion libyen.

Ce faisant, la Tunisie s’est mise en marge des principes du droit international et des textes internationaux qu’elle a pourtant signés, a poursuivi l’avocat, qui estime que la Libye est actuellement un Etat inapte à juger son client.

Toujours selon l’avocat, M. Mahmoudi a été violenté par Abdelhakim Belhaj, chef militaire de Tripoli, en personne. Il a eu des côtes cassées, qui lui ont perforé un poumon et abîmé des intestins. Son état a nécessité son hospitalisation en urgence vers 18H00, alors qu’il était victime d’une hémorragie qui nécessite des soins intensifs.

Ces accusations ont été démenties lundi soir par les autorités libyennes. De leur côté, les ministres du gouvernement tunisien ont déclaré que M. Mahmoudi va bénéficier d’un jugement équitable dans son pays et qu’il ne risque pas la torture, selon le constat des membres d’un comité d’expert envoyé par le gouvernement Jebali en Libye.

Interrogé à propos d’un marché conclu entre la Tunisie et la Libye au sujet de cette extradition, le ministre de la Justice, Nourddine Bhiri, et Samir Dilou, ministre des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle et porte-parole du gouvernement, ont affirmé qu’aucun marché n’a été conclu entre Tunis et Tripoli autour de cette extradition.

Auparavant, leur collègue, le ministre des Finances, Houcine Dimassi avait déclaré qu’en politique il n’y a pas de morale et qu’il y a eu des accords entre les deux gouvernements.

A-t-on voulu faire taire un témoin gênant ? Mahmoudi a-t-il été torturé par de hauts représentants du pouvoir ? La Libye est elle en mesure de juger Mahmoudi en toute équité ?
Difficile depuis l’étranger de répondre à ces questions et aux autres que soulève cette affaire.

Pour en avoir le coeur net si on leur envoyait BHL ?

tRANSMIS PAR lINSAY



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