Question de confiance

jeudi 5 juillet 2012
par  Charles Hoareau
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Sur un certain nombre de questions nous savons bien (et en tous cas nous ne voulons pas être démentis par les faits) que ce gouvernement n’est pas le même que le précédent qui avait fait le choix de la caste des plus riches. Pour autant pouvons-nous faire confiance à la politique économique du gouvernement Ayrault ?

Confiance pour sortir le pays de la crise, faire reculer le chômage, augmenter les revenus du monde du travail et lui permettre d’avoir le pouvoir de décision que la monarchie patronale lui enlève, changer radicalement les conditions de logement des millions de mal logés, faire reculer le racisme et les discriminations, bref rompre avec le système actuel et les politiques à son service depuis trop longtemps.

C’est cette question qui était posée ce mardi aux députés. Celle-là et pas une autre.
Peut-on faire confiance sur le pouvoir d’achat à un gouvernement qui vient d’augmenter de 20€ le SMIC donnant ainsi des arguments au patrônat tout entier pour ne pas céder sur cette question ?
Peut-on faire confiance sur l’emploi quand on sait que justement la meilleure manière de le relancer c’est d’augmenter les salaires ?
Peut-on faire confiance quand rien n’est annoncé en matière d’extension des droits syndicaux, de reprise en main de l’économie par la nationalisation des grandes industries afin de les remettre au pouvoir des travailleurs ?
Peut-on faire confiance quand on travaille à PSA et que l’on vient d’entendre de la part d’un ministre des propos qui ont fait bondir à juste titre la CGT de l’entreprise ?
Peut-on faire confiance quand le ministre de l’Intérieur à peine nommé enfourche les choix politiques du précédent sur la question des sans-papiers ?
Peut-on faire confiance quand le dernier sommet des dirigeants de l’UE a vu le président de la France prendre une position que son prédécesseur n’aurait pas désavoué ?

Evidemment non !

Voir le Front de Gauche s’abstenir sur cette question (en nous ressortant au passage cette notion bizarre d’« abstention constructive » (sic !) que Robert Hue – une sacrée référence – avait employée en son temps [1] rappelle à nombre d’entre nous de mauvais souvenirs.

Il aurait fallu voter NON ! Franchement NON, évidemment NON.

Pas en fonction d’un quelconque procès d’intention mais des actes déjà posés, bien dans la lignée du programme du président.

S’abstenir sur cette question de la confiance est en complet décalage avec les accents radicaux des propos de campagne présidentielle. Ce n’est pas faire passer « l’humain d’abord » mais des calculs d’apothicaires qui contribuent à donner au monde du travail, en particulier les plus précaires, une image détestable des dirigeants politiques et de la politique en général.

Un parti qui se veut révolutionnaire, un Front qui a proclamé pendant près d’un an qu’il était pour la révolution citoyenne, ne pouvait pas, ne devait pas s’abstenir sur cette question mais dire au contraire : « Face aux calculs des antichambres, il est temps de faire « place au peuple », notre confiance nous la plaçons dans les luttes, nous mettons toutes nos forces au service de celles-ci et de leur impulsion. Nous n’avons aucune confiance dans un programme qui prévoit le gel des dépenses…etc ».

Ne pas s’affronter réellement au pouvoir dès la première occasion venue, c’est donner raison à celles et ceux qui ont refusé de voter parce qu’ils ne croyaient pas à la sincérité des propos révolutionnaires de meetings électoraux.

Ne pas avoir dit NON, c’est perdre la confiance de celles et ceux au nom de qui on prétend parler.


[1lors du référendum de Jospin sur la réforme de l’élection présidentielle



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